Arachnides - Araignées - Prédation - Adaptation - Camouflage - homochromie - coloration cryptique- Araignées crabes

B-2021-024 - En apprendre un peu plus sur les araignées crabes.

 

Thomise variable Misumena vatia


Les araignées sont des arthropodes prédateurs.



Les Arthropodes du grec arthron « articulation » et podos « pied », aussi appelés « articulés » — sont un embranchement d'animaux protostomiens dont le plan d'organisation est caractérisé par un corps segmenté. Ils sont formés de métamères hétéronomes munis chacun d'une paire d'appendices articulés et recouvert d'une cuticule ou d'une carapace rigide, qui constitue leur exosquelette, dans la plupart des cas constitué de chitine. Leur mue permet, en changeant périodiquement leur squelette externe, de grandir en taille (mue de croissance) ou d'acquérir de nouveaux organes, voire de changer de forme (mue de métamorphose). Ils seraient apparus il y a 543 millions d'années. L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal et des eucaryotes (80 % des espèces connues), tels les myriapodes, crustacés, arachnides, insectes, etc. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes qui présentent des modes de vie  les plus variés possibles grâce notamment à leur tagmatisation. Les membres de ce taxon sont aussi extrêmement nombreux : ils sont principalement représentés par les insectes dont 1019 (10 milliards de milliards) d'individus seraient vivants en même temps à un instant donné selon des estimations. Les arthropodes forment un groupe cosmopolite qui s'est adapté dans des environnements naturels (déserts, forêts, abysses, montagnes, etc.) ou d’origine anthropique (habitations, puits de pétrole, etc.) et sont parmi les premiers animaux à avoir colonisé la terre ferme. Source wikipedia

 

Les morsures d'araignées.



Les moustiques, les guêpes, les abeilles piquent et provoquent chaque jour des choc anaphylactiques entraînant de graves conséquences et causant parfois la mort sans qu'un seul journaliste en parle. Des chiens, des chats griffent et mordent, la presse là aussi reste muette. Mais qu'une araignée, bien souvent inoffensive, morde quelqu'un, tout s'emballe, le battage médiatique devient si important qu'il occupe plusieurs jours des dizaines de journalistes et passionne les foules ignorantes et crédules. Dans nos régions, les araignées mordent rarement l'Homme.
Toutes les araignées mordent et injectent du venin, mais la plupart sont bien incapables de percer la peau humaine. Notons toutefois que l'argyronète araignée aquatique peut occasionner une morsure douloureuse sans commune mesure toutefois avec celle d'une guêpe ou d'une abeille !
Les araignées dangereuses pour l'Homme vivent dans les contrées chaudes du globe, c'est le cas des latrodectes ou veuves noires dont la morsure est mortelle.
En France excepté sur le littoral méditerranéen où est présente latrodectus tredecimguttatus vous avez donc très peu de chance d'être envoyé ad patres par une araignée !
 

Qui sont les araignées crabe ?

 

Thomise napoléon Synema globosum (lien)

Les araignées crabes forment une famille comprenant plus de 2000 espèces. Elles fabriquent de la soie comme toutes les autres araignées mais ne construisent pas de toile, le fil élaboré par leur glande séricigène leur sert principalement dans leurs déplacements ou pour confectionner leur cocon. Il est également suggéré qu'un fil de soie laissé par les femelles  misumena vatia attire les mâles vers elles pour s'accoupler. Les araignées crabes ont l'étonnante possibilité de changer de couleur afin d'adopter celle du support sur lequel elle se poste à l'affût, feuilles, plantes diverses et corolles des fleurs utilisées entre autres par misumena vatia et thomisus.
Ce surprenant phénomène appelé homochromie adaptative ou homochromie cryptique permet à l'araignée crabe de passer inaperçue. Ce camouflage,  d'après de récentes études (lien) n'augmenterait pas les chances de capture.
Peut-être participe-t-il  à d'autres fonctions, inconnues à l'heure actuelle.
Leur aspect est différent des autres arachnides notamment  par la longueur de leurs deux paires de pattes antérieures et par leur capacité à changer de couleur, les déplacements effectués de manière latérale comme les crabes ne sont pas étrangers à leur dénomination.

Camouflage de l'araignée crabe.

 

Changement de coloration de l'araignée.


Quels sont les stimuli environnementaux qui déclenchent le changement de pigmentation de l’araignée ? Dès 1941, Weigel, un biologiste allemand avait remarqué que les araignées-crabes dont les yeux étaient recouverts de peinture noire n’étaient plus capables de changer de couleur. De même, il a été montré que la lumière réfléchie par l’environnement immédiat de la fleur influençait la couleur de l’animal (THERY et al 2007). Enfin, dans une étude récente (2011) DEFRIZE et ses collaborateurs de l’université de Tours ont étudié les propriétés de la rétine des quatre paires d’yeux de Misumena vatia. Grâce à des enregistrements électrophysiologiques des cellules photoréceptrices, ils ont pu montrer que l’araignée disposait de l’équipement rétinien nécessaire à la vision dichromatique (dans le vert et l’ultraviolet). Il manque désormais les preuves de l’utilisation de stimuli visuels in natura par l’araignée-crabe mais, à la lumière de l’ensemble de ces résultats, elle est hautement probable. L'article de Jean-Pierre Moussus, septembre 2012 est visible [ICI]

Le cas de Misumena vatia.

 
Une des particularités des M. vatia est qu’elles ne tissent pas de toiles pour se nourrir, elles sont ce qu’on peut appeler des chasseuses à l’affût; elles se confondent avec leur environnement, attendant qu’une proie s’approche et seulement lorsqu’elle est suffisamment près, l’araignée tente de s’en emparer en se servant de ses deux paires de pattes les plus grandes5,8. Elles sont particulièrement efficaces dans ce type de chasse, car M. vatia a la capacité de changer la pigmentation de son corps pour mieux se camoufler; elles peuvent passer du jaune au blanc (ou du blanc au jaune) en l’espace de quelques jours, dépendamment de la plante sur laquelle elles se trouvent5. Cette technique, appelée l’homochromie est utilisée autant défensivement qu’offensivement par les araignées crabe; c’est-à-dire qu’elles l’utilisent pour éviter les prédateurs et pour être en mesure de mieux surprendre leurs proies5. Les femelles utilisent des patrons de coloration différents selon le spectre lumineux dans lequel les autres organismes qu’elles côtoient voient. Par exemple, les bandes rouges sur l’opisthosome de la femelle sont des signaux aposématique indiquant un danger pour les prédateurs, ces bandes font en sorte qu’elle est plus visible, mais elles avertissent les prédateurs d’un danger s’ils essaient de la prédater. Par contre, ces bandes ne sont visibles que dans le spectre de la lumière visible et elles sont invisibles dans le spectre UV. Les prédateurs de M. vatia, tels que les oiseaux, voient dans le spectre de la lumière visible alors que la plupart de ses proies voient dans le spectre ultraviolet. Lien vers l'article complet de Christophe Benjamin et Catherine Pouchet [LIEN]

Observation d'une Tomise enflée Tomistus onustus.


Les mâles de cette espèce mesurent de 2 à 3,6 mm et les femelles de 7 à 10 mm3.
il existe un dimorphisme sexuel important à la fois en taille et en coloration, même en comparaison avec d'autres araignées crabes. Les coins arrière proéminents de son opisthosome sont une des caractéristique de cette espèce. Chez les mâles, la couleur de base du prosoma varie du jaune au brun foncé, l'opisthosome peut être jaune et vert ou brun. Les femelles sont de couleur très variables, le plus souvent blanc, jaune ou rose en fonction de la plante sur laquelle elles chassent. Il est à noter que les mâles n'ont pas la possibilité de changer de couleur. Ces araignées-crabes pratiquent la chasse à l’affût. Elles se camouflent en adaptant en quelques jours la couleur de leur corps à la couleur des fleurs sur lesquelles elles sont en attente de proies, un comportement qui leur permet de surprendre leurs proies (les pollinisateurs) et les protège des oiseaux prédateurs. Source wikipedia

Technique de chasse.

 

Il faut un œil averti pour détecter notre Tomise enflée

D'après les quelques observations menées sur les géraniums sanguins sp* de mon jardin  les individus se mettent en place une fois le jour levé, lorsque la rosée a totalement disparu du poste d'affût, un vif soleil matinal semble hâter leur mise en place. Elles sont absentes de leur poste lorsqu'il pleut où que le ciel est très couvert, à mettre en relation avec le peu d'insectes observés ces jours-là. Le positionnement prend du temps, l'animal semble avoir une certaine idée de son camouflage puisqu'il se place là où la couleur est le plus en harmonie avec les pièces florales ! ( cette hypothèse de travail fruit de courtes observations devraient bien entendu faire l'objet d'une démarche expérimentale pour être validée)
Durant une dizaine de jours j'ai noté que les fleurs servant de poste d'affût sont situées sur une surface restreinte du massif floral, tout au plus 500 cm². Une fois en place, il faudra attendre et attendre encore qu'un visiteur daigne se présenter sur la fleur. Quelques imperceptibles mouvements sont observables chez l'araignée juste avant que l'insecte se pose. Si d'aventure, il décide de visiter la fleur où est tendue l'embuscade, il sera immédiatement saisi par les deux paires de pattes antérieures les plus longues puis se verra injecter une dose de venin paralysant puis des sucs digestifs destinés à dissoudre les chairs. L'araignée procède ensuite à une "vidange" totale des organes liquéfiés avant d'abandonner son corps  une fois le repas terminé. 
Au fils des observations, il parait évident que les chances de capture sont vraiment insignifiante.

Jean-Henri FABRE la chasse de l'araignée crabe.


A la façon du Crabe, le Thomise marche de côté ; il a de même les pattes antérieures plus puissantes que celles d'arrière. Pour compléter la ressemblance, il ne manque à la paire d'avant que des gantelets de pierre, en posture de boxe. L'Araignée à tournure de Cancre ne connaît pas l'industrie des rets où se prend le gibier. Sans lacs, sans réseau, elle attend dans une embuscade, au milieu des fleurs, l'arrivée d'une proie qu'elle jugule savamment d'un coup à la nuque. En particulier, le Thomise, objet de ce chapitre, s'adonne avec passion à la chasse de l'Abeille domestique. J'ai décrit ailleurs les démêlés du patient et de son bourreau. L'Abeille survient, toute pacifique et désireuse de butiner. De sa langue, elle sonde les fleurs ; elle choisit un point d'exploitation fructueuse. La voici bientôt absorbée dans sa récolte. Tandis qu'elle s'emplit les corbeilles et se gonfle le jabot, le Thomise, bandit à l'affût sous le couvert des fleurs, émerge de sa cachette, contourne l'affairée, sournoisement s'en approche et d'un brusque élan la happe derrière la tête, à la naissance au cou. En vain l'Abeille proteste et darde au hasard son aiguillon, l'assaillant ne lâche prise. Du reste, la morsure à la nuque est foudroyante, à cause des ganglions cervicaux atteints. En un rien de temps, la pauvrette étire les pattes, et c'est fini. A son aise, maintenant, l'assassin hume le sang de sa victime ; puis, dédaigneux, il rejette le cadavre tari. De nouveau il s'embusque, prêt à saigner une autre récolteuse si l'occasion s'en présente. l'intégralité du texte est [ICI]

 
Étienne RABAUD, professeur à la Sorbonne auteur de : recherches expérimentales sur le comportement de diverses araignées, dénonce le côté puérile et incomplet des observations de Jean-Henri Fabre notamment la façon "sournoise" dont l'araignée fait preuve pour capturer sa proie et son étonnante faculté à ne capturer "que" des abeilles ! Bien entendu, vous pouvez approfondir le sujet en lisant le document complet d'Étienne RABAUD [ICI]

Mise en place de la Tomise enflée sur son poste d'affût.

 

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Des captures dues au hasard.


La Tomise enflée ne semble pas spécialisée dans un type particulier d'insectes, elle capture rapidement ce qui se présente aux abords immédiats de son poste d'affût. Les insectes qui se posent au hasard de leur pérégrination sur le massif floral, sont-ils capables de détecter ou pas la présence de la tomise malgré son camouflage ? Les insectes comme beaucoup d'autres animaux vivent dans un monde qui nous échappe. Sommes nous capables de détecter les infrarouges, les  ultrasons, les ultraviolets, la lumière polarisée, etc ?

Les hasards de l'affût.

 
Discrétion absolue !

Perdu !

 
Encore perdu !

 
Gagné !


Gagné ! Source document photographique : wikipédia


Un album photographique est consultable sur ce lien.

 

En guise de conclusion je citerai Albert SCHWEITZER.

Quiconque supporte sans broncher que son enfant martyrise ne fût-ce qu’un cafard ne devra pas se plaindre plus tard [...] s’il cause peine et soucis à ses parents [...]
l’être humain n’a pas le droit de torturer les bêtes par méchanceté, par insouciance ou par ignorance [...] dans certaines circonstances, l’homme a le droit de les (il parle des animaux NDLR) tuer, mais la souffrance inutile, causée par négligence ou insouciance, est intolérable.
 
Je pose la question : est-ce donc bien utile de tuer des araignées au jardin ou dans la maison ?

Les liens :

 
*sp : abréviation de species au singulier utilisée pour indiquer que l'espèce (animal ou plante), dont on donne le nom de genre n'a pas été identifiée avec plus de précision.





2 commentaires:

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