Pourquoi les escargots montent-ils sur différents supports. Escargot - Gastéropode - Arbres - Comportement - Éthologie

2020 083 Pourquoi les escargots grimpent-ils aux arbres ? 

 

 
Ces regroupements d'escargots que vous pouvez observer tout au long de l'année lorsque les températures sont supérieures à 13 ou 14 °C sont tout à fait surprenants.Une fois la mauvaise saison installée, nos limaçons se montrent moins puisqu'ils entrent en léthargie, leur métabolisme passe en mode ralenti jusqu'au printemps.
Les escargots appelés quelquefois limaçons ou colimaçons appartiennent à la classe des gastéropodes.  Ils font partie de l'embranchement des mollusques reconnaissables à leur corps composé d'une tête, d'une masse viscérale recouverte d'un manteau (la coquille) et d'un pied.
Les escargots ont un épiderme constamment humide, ils utilisent pour se déplacer un mucus. Ces deux traits de caractères font qu'ils ont un besoin essentiel d'eau pour vivre. Ils craignent par-dessus tout la dessication dont ils doivent absolument se protéger. Leur unique défense face à la sécheresse consiste à s'immobiliser, et à se rétracter dans leur coquille qu'ils obturent d'une paroi de mucus (l'épiphragme) en attendant des jours meilleurs. Leur mode de vie les rend tributaires des conditions climatiques. Pour échapper à la dessication, ils s'activent principalement la nuit, ou par temps pluvieux.
Bon à savoir : La sélection naturelle favorise les escargots à coquille claire ou blanche colonisant les milieux très chauds.

 

Pourquoi montent-ils aux arbres, sur la végétation ou sur d'autres supports.

 

© crédit photo Jean-Paul Lahache

Beaucoup d'auteurs suggèrent qu'en prenant de la hauteur, ils échapperaient aux températures élevées du sol.
Il est également possible qu'ils grimpent sur différents supports pour :
- bénéficier de la liquéfaction de la vapeur d'eau de l'air (la rosée) déposée sur  la végétation ;
- consommer des microalgues ou des lichens.
Voilà sans doute les raisons qui poussent les escargots à escalader les herbes, les  arbres, les piquets de parcs et autres supports et à s'y rassembler.
Anecdote : il y a quelques années (en Seine-et-Marne)  je constate une prolifération de petits escargots aux environs de ma place de stationnement, juste devant chez moi, sans trouver d'explication rationnelle à cette "invasion". Ce n'est que quelques jours plus tard en lavant mon véhicule que je découvre la vérité. De nombreux escargots minuscules ont trouvé refuge dans des recoins du véhicule. J'avais effectué un séjour prolongé sur l'Île de La Dive où ces charmants gastéropodes pullulaient ! Ils avaient ainsi parcouru plus de 400 km sans en baver !

© crédit photo Jean-Paul Lahache

 

 
 
L'Encyclopédie éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Denis Diderot et, partiellement, de Jean Le Rond d'Alembert, trace le portrait de l'escargot. []
 
LIMAÇON, s. m. (Hist. nat.​​ Zoolog.​​) cochlea, animal testacée : il y en a un très-grand nombre d’espèces, tant terrestres qu’aquatiques ; on leur donne aussi le nom de limas. Voyez Coquillages & Coquilles. Pour donner une idée des coquillages de ce genre, nous rapporterons seulement ici une courte description du limaçon commun des jardins, appelé vulgairement l’escargot. Cet animal est oblong ; il n’a ni piés ni os : on y distingue seulement la tête, le cou, le dos, le ventre, & une sorte de queue ; il est logé dans une coquille d’une seule pièce, d’où il sort en grande partie, & où il rentre à son gré. La peau est lisse & luisante sous le ventre, ferme, sillonnée, & grainée sur le dos, plissée & étendue de chaque côté en forme de fraises, au moyen desquelles l’animal rampe comme un ver. La tête a une bouche & des lèvres, & quatre cornes, deux grandes placées plus haut que les deux autres, qui ont moins de longueur. Les grandes sont pyramidales & terminées par un petit bouton rempli d’une humeur jaunâtre, au milieu duquel on aperçoit un point noirâtre assez ressemblant à une prunelle ; les petites cornes ne diffèrent des grandes, qu’en ce​​qu’elles n’ont que le tiers de leur grosseur & de leur grandeur, & que l’on ne voit pas à leur extrémité un point noirâtre. On a prétendu que le bouton des grandes cornes étoit un œil ; mais l’opinion la plus accréditée est que ces quatre cornes ne sont que des antennes que l’animal emploie pour sentir les obstacles qui se rencontrent dans son chemin ; la bouche est grande & garnie de dents. Les limaçons ont chacun les deux sexes ; ils sont hermaphrodites ; il y a au côté droit du cou un trou fort apparent, qui est en même tems le conduit de la respiration, la vulve & l’anus, & qui même a différentes cavités, & en particulier a des intestins tortueux qui flottent dans le ventre. Au tems de l’accouplement ces intestins se gonflent & se renversent, de façon qu’ils se présentent à l’ouverture de l’anus alors fort dilatée, sous la figure d’une partie masculine & d’une partie féminine. Il sort par la même ouverture du cou un aiguillon fait en forme de lance à quatre aîles terminée en pointe très-aiguë & assez dure, quoique friable. Lorsque deux limaçons se cherchent pour s’accoupler, ils tournent l’un vers l’autre la fente de leur cou, & dès qu’ils se touchent par cet endroit, l’aiguillon de l’un pique l’autre ; cette sorte de flèche ou de petit dard se sépare du corps de l’animal auquel il étoit, tombe par terre, ou est emporté par le limaçon qui en a été piqué : celui-ci se retire ; mais peu de temps après il revient & pique l’autre à son tour. Après ce préliminaire, l’accouplement ne manque jamais de se faire. Les limaçons s’accouplent jusqu’à trois fois de quinze jours en quinze jours, & à chaque fois on voit un nouvel aiguillon. M. du Verney a comparé cette régénération à celle du bois du cerf. L’accouplement dure dix ou douze heures, pendant lesquelles ces animaux sont comme engourdis : la fécondation n’a lieu qu’après le troisième accouplement. Au bout d’environ dix-huit jours, les limaçons pondent par l’ouverture de leur cou des œufs qu’ils cachent en terre ; ces œufs sont en grand nombre, sphériques, blancs, revêtus d’une coque molle & membraneuse, collés ensemble en manière de grappe, & gros comme de petits pois ou des grains de vesce. Aux approches de l’hiver, le limaçon s’enfonce dans la terre, ou se retire dans quelque trou ; il forme à l’ouverture de sa coquille avec sa bave un petit couvercle blanchâtre & circulaire de matière un peu dure & solide lorsqu’elle est condensée, néanmoins poreuse & mince pour laisser entrer & sortir l’air. L’animal reste ainsi pendant six ou sept mois sans mouvement & sans prendre de nourriture ; au printemps il ouvre sa coquille. Les limaçons mangent les feuilles, les fruits, les grains, plusieurs plantes ; ils font de grands dégâts dans les jardins, pendant la nuit sur-tout lorsqu’il pleut : les tortues détruisent beaucoup de ces animaux. Hist. nat. des anim. par MM. de Nobleville & Salerne, tome I.


© crédit photo Jean-Paul Lahache


© crédit photo Jean-Paul Lahache


S'adapter aux conditions extrêmes.

Ce sont des escargots parfaitement adaptés pour résister à la sécheresse et à l’ensoleillement direct dans les formations végétales très ouvertes. Autre caractéristique remarquable de ces blancs limaçons, leur démographie pléthorique et leur comportement en période d’estivation. En Provence, l’été, des prés peuvent sembler couverts de fleurs blanches. Pour les Provençaux, cela fait partie du paysage. Le phénomène surprend les autres. Il arrive que des touristes cueillent ces escargots-plantes très décoratifs et s’étonnent de les voir ensuite s’animer et s’animaliser à la première augmentation de l’humidité relative. On assiste à des regroupements de limaçons qui atteignent un maximum en septembre, peu avant la période de reproduction (Figure 6). Lorsque la végétation est rase, ces regroupements se font au sol, et des taches blanches se constituent peu à peu. Il est généralement admis qu’en se regroupant, les limaçons forment des masses blanches qui réfléchissent le rayonnement lumineux et diminuent l’échauffement. Un comportement un peu comparable à celui des brebis qui « s’amoulonnent » au gros de la chaleur… Lorsque des supports sont disponibles, les regroupements prennent la forme de grappes constituées sur la végétation, les piquets, les clôtures… Autre point commun à ces limaçons (mais c’est là affaire de spécialistes) la plasticité de leur cycle de vie – annuel ou bisannuel – qu’ils adaptent à la variabilité de l’habitat et du climat, et une plasticité de forme qui est l’expression même de leur adaptabilité. Et il faudrait ajouter à tout cela une formidable capacité de dispersion active et passive. F. Magnin

Se déplacer

Lorsqu’une X. derbentina est détachée de son support au milieu de la journée, elle n’attend pas que les conditions climatiques s’améliorent pour devenir active. Elle détruit immédiatement le ou les épiphragmes qui obturent sa coquille et se perche sur le premier objet disponible (Figures 7a et 7b). Un promeneur, un animal, des marchandises, un véhicule arrêté quelques minutes, sont autant de supports potentiels qui permettent ensuite un transport à courte, moyenne ou longue distance. Ainsi, l’été, en Provence, plus d’une voiture sur cent transporte au minimum une Hélicelle des Balkans vivante. Les animaux domestiques, les troupeaux de brebis en particulier, semblent aussi très efficaces. C’est pourquoi la distribution des populations de X. derbentina dans le paysage n’est pas aléatoire, mais dépend étroitement des voies de communication : parcours des troupeaux, sentiers, aires de stationnement, routes… Il y a donc un flux d’escargots qui va bien au-delà de la région. Si l’implantation est très facile en région méditerranéenne, il en est autrement en altitude ou à d’autres latitudes où de petites populations peuvent s’installer de manière très fugace.G. Lebaudy

Source : Frédéric Magnin et Sophie Martin, « Escargots synanthropiques et domestication de la nature », Techniques & Culture [En ligne], 59 | 2012, mis en ligne le 15 décembre 2015, consulté le 06 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/tc/6701 ; DOI : https://doi.org/10.4000/tc.6701 [⏩]



Ressources :

 

dessin s Léon Jammes (1867-1937 Professeur de zoologie appliquée à la Faculté des sciences de Toulouse.


L'art au ras du sol ou les tribulations d'un escargot.

La feuille de chou Ami ennemi Le Limaçon pose question 

La ballade de l'escargot 

Un article paru sur mon blog en 2013

Un mini guide des escargots 

 
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