Prisons - Graffitis - Moret-sur-Loing - CRDMA - Cage de prisonnier

2024 013

 Graffitis tour de Bourgogne

Moret-sur-Loing (77250)



Moret-sur-Loing, petit cité de caractère, possède quelques vestiges intéressants. C'est le cas de la tour dite de Bourgogne dans laquelle nous pouvons, encore de nos jours observer une cage ayant servi de cachot et d'intéressants graffitis.
 
© jean-paul-lahache-Moret-sur-Loing
©-jean-paul-lahache. Moret-sur-Loing sous la neige



Je voudrais tout d'abord remercier un ami de longue date, Claude Clément Perrot président du C.R.D.M.A, qui a bien voulu mettre à ma disposition une partie de sa riche documentation pour réaliser cet article. Bien qu'habitant aujourd'hui en Maine-et-Loire mon attachement pour Fontainebleau et ses environs est indéfectible.

Les fortifications de Moret-sur-Loing.


plan moret sur loing fortifications
Les fortifications et point rouge la tour ou porte de Bourgogne.

La ville médiévale de Moret comportait trois portes, quelques poternes de service, vingt tours, 1356 mètres de remparts et un donjon. Si une grande partie des courtines et des tours a disparue, il subsiste encore le donjon, quelques vestiges de remparts et deux tours portes. Celle dites de Bourgogne simplement parce qu’elle se trouvait tournée et qu’elle menait vers ce duché de Bourgogne, alors tout proche.


© jean-paul-lahache porte bourgogne Moret-sur-Loing
©-jean-paul-lahache. La Porte de Bourgogne Moret-sur-Loing.
 

La tour de Bourgogne.

 

Comme le souligne Claude-Clément Perrot dans sa brochure 👉 📃, cette porte est orientée vers l'est en direction de l'ancien duché de Bourgogne.

 

Cette tour est flanquée de deux contreforts à ressauts reliés entre eux par une arcade en tiers-points. L’espace libre ente la façade et cette arcade servait d’assommoir. Les contreforts et des corbeaux supportent la partie inférieure de tourelles demi-circulaires dérasées. Ces contreforts sont construits en moyen appareil régulier. Les parties restantes des tourelles et la façade sont pour leur part, en petit appareil irrégulier. Une arcade en tiers-point suivie d’une autre plus basse également en tiers-point introduit le passage du rez-de-chaussée. Pratiquée dans les piles entre ces deux arcades, une coulisse large de 0,17 m, permettait la descente de la herse, certainement constituée d’une grille en bois de chêne dont les poutrelles étaient armées de sabots de fer effilés. Des ventaux en bois, équipés de ferrures, arrachés de leurs gonds et vendus en 1808 ou 1809, assuraient la protection de celle-ci. Au premier étage, la façade est percée de deux meurtrières, au second étage,elle est dotée d’une fenêtre géminée à fonction d’éclairage dont le meneau central est constitué d’une fine colonnette surmontée d’un chapiteau à crochets portant un linteau sculpté de deux arcatures. Des barreaux de fer ont été ajoutés à cette baie au XVIe siècle lorsque la porte servira de prison du baillage. Cinq trous de boulins, restes des travaux de construction, se voient de part et d’autre sur la façade. Source : Claude-Clément Perrot


La cage de fer, en bois !


© jean-paul-lahache Cage en fer de Moret-sur-Loing

Voyons, si le voulez bien, la description, de cette cage de fer (en bois), faites en 1928 par A Pougeois curé de Moret-sur-Loing


"non loin des ruines dont nous venons de parler est la porte du pont, de forme carrée et dont la principale ouverture est ogivale. Du côté de la ville, elle est percée de trois baies ou espèces de fenêtres, dont deux au-dessus de l'ogive, et une plus haute, tout à fait au milieu. Cette dernière est défendue à l'extérieur par des barreaux de fer, dont l'un a été, dit-on, tordu et allongé par la foudre. Au côté gauche de l'édifice, à l'intérieur de la ville, est une porte qui donne accès dans le monument. On y monte au moyen d'un vieil escalier en pierres. L'intérieur se compose d'abord d'une salle qui servait, selon toute vraisemblance, de corps de garde, et dans laquelle se trouve un second escalier en pierres qui conduit à l'étage supérieur. Celui-ci se compose d'une autre salle habitée aujourd'hui par les chauves-souris et les rats (des animaux qui ne font pas bon ménage avec la religion NDLR) et dans laquelle se voit toujours la fameuse cage de fer en bois, dont la tradition fort douteuse fait remonter l'invention au cardinal La Balue, sous Louis XI.
Cette cage est le meuble intéressant du lieu. On dit que plusieurs personnages célèbres qu'on ne nomme pas u furent enfermés. Si La Balue fut l'inventeur d'une telle cellule, il méritait d'en être le premier habitant, et ce jeu du sort eût ete digne et du maître et du favori. Cette cage, dite de Fer, n'est pas en fer ; c'est un assemblage à claire-voie de solides madriers en chêne, reliés par des barres de fer, et formant une chambre carrée, placée dans l'angle de l'appartement ; le mur tient lieu des deux côtés. Elle est d'une dimension strictement calculée pour que le prisonnier pût s'y tenir debout ou couché horizontalement. On remarque sur la muraille, tant au-dehors qu'au-dedans de cette étroite prison, des inscriptions et des signes, tels que sentences de l'Écriture, figures diverses de la croix. On ne peut s’empêcher d'attribuer ces marques de résignation ou d'ennui, de confiance ou de désespoir, aux infortunés qui ont habité ce lieu de captivité. Ils recevaient l'air et la lumière soit par les interstices des barreaux, soit par une étroite ouverture pratiquée dans le mur donnant sur le pont. Des dégâts que l'on remarque à la base de plusieurs pièces de bois, font croire à quelques tentatives d'évasion."
Source L'antique et royale cité de Moret-sur-Loing A POUGEOIS 1928 Gallica.bnf.fr

 

 Retrouvez l'intégralité du texte de l'Antique et royale cité de Moret-sur-Loing du curé A Pougeois en cliquant sur le lien ci-dessous.


 

© jean-paul-lahache Cage en fer de Moret-sur-Loing
© jean-paul-lahache Cage prison de Moret-sur-Loing


© jean-paul-lahache Cage prison de Moret-sur-Loing
© jean-paul-lahache Cage prison de Moret-sur-Loing


© jean-paul-lahache Cage prison de Moret-sur-Loing
© jean-paul-lahache Cage prison de Moret-sur-Loing


Les graffitis de la Porte de Bourgogne.

 
Les graffitis, textes et de dessins, déjà décrits par A Pougeois sont relativement nombreux dans l'édifice. Certains sont bien conservés d'autres en revanche demeurent illisibles et en très mauvais état de conservation. 


C'est quoi un graffiti ?

 
"Le graffiti est un objet difficile à définir. Il désigne un fait pluriséculaire qui, de l’art
Pariétal au Street Art, consiste à laisser une trace. Si cette activité oscille encore
entre reconnaissance artistique et accusation de vandalisme, elle reste dans tous les cas une forme d’expression. Le graffiti comme invariant anthropologique ouvre alors le dialogue entre les pratiques passées et présentes en révélant leurs variations et continuités."
Source : La patrimonialisation des graffitis : de l’archéologie de la trace aux humanités numériques Aymeric Gaubert

Graffitis de la Porte de Bourgogne de Moret-sur-Loing.



Dois-je rappeler une nouvelle fois que les photos les textes que je propose sur ce site et les sites où elles sont hébergées NE SONT PAS LIBRE DE DROIT 
La propriété intellectuelle c'est quoi ?
 

Une prison idéale ?

 
Pour terminer, je vous propose ce texte aimablement mis à ma disposition par Claude-Clément Perrot. Le lecteur pourra juger des conditions de détention des détenus, si toutefois nous accordons comme véritables les faits retranscrits ici par un auteur inconnu.
 
Moments pittoresque d'un prisonnier dans la porte de Bourgogne au 18° siècle

 
Beau parleur, joyeux luron, Savinien Cousin s’était mis dans les bonnes grâces du geôlier Louis Corhinon et de sa femme Anne-Françoise Grégoire. Il leur inspirait une entière confiance.
Le 15 juillet 1776, la femme Corhinon accompagnée de sa fille Marie-Françoise vint porter le pain aux prisonniers et, à l’habitude, ouvrit les portes des salles du premier et du deuxième étage, Cousin, toujours jovial et empressé débita ses coutumières facéties, et, au moment ou la geôlière, ouvrant la porte donnant sur l’escalier se préparait à sortir, il lui saisit le bras, la repoussa vivement, se précipita dans l’escalier et disparut... Un second prisonnier, Maurice Pouvel, se disposait à le suivre, mais trop tard. Il fut, en effet coincé dans la porte que referma sur lui la gardienne, pendant que la fille Marie-Françoise, alertée par les cris verrouillait la porte d’entrée.
Dans le procès-verbal dressé en suite de cette évasion, nous trouvons de savoureux détails sur l’existence des prisonniers. Un de ceux-ci, entendu comme témoin : Jean-Baptiste Lebègue, laboureur à Villecerf, dépose que le 10 juillet, Cousin reçut la visite d’un de ses beaux-frères porteur d’une bouteille de vin qui fût joyeusement vidée en compagnie du geôlier. Le dimanche suivant un frère du même Cousin vint à son tour le voir et lui fit  don d’une « fricassée de veau et d’un gâteau » dont tous se régalèrent. Cousin mis sans doute de fort bonne humeur par ce repas improvisé « pris sur ses genoux la femme Corhinon et la fit sauter en présence de son mari », je cite textuellement.
Après le départ des gardiens, Cousin qui décidément ne perdait pas la carte, et prenait toutes ses précautions en vue de la fugue projetée, interpella trois jeunes filles de Villecerf qui passaient sous la porte et leur demanda si elles voulaient bien emporter son habit et le remettre au sieur Jessé à Fossard. Sur leur réponse affirmative, il fit aussitôt un paquet de ses vêtements et leur jeta par la fenêtre du côté du pont. Auteur inconnu.
  

 

©-jean-paul-lahache-moret-sur-loing
©-jean-paul-lahache Moret-sur-Loing le pont aux moulins et la tour de Bourgogne.

 

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