(2023 038) Pinsons des arbres en migration sur la route des hêtres - Meymac - Corrèze

 Pinsons des arbres en migration

Qui est le Pinson des arbres ?

 

S'il existe un oiseau très commun dans notre pays, c'est à coup sûr le Pinson des arbres. Cet oiseau fréquente tous les milieux, en hiver, c'est un hôte assidu des mangeoires.

Lors de mon séjour en Corrèze, j'ai eu l'occasion de circuler sur la Route des hêtres voir mon article [ICI] et c'est là que j'ai observé de très nombreux Pinsons des arbres en migration.

Mœurs et régime alimentaire du Pinson des arbres

 

Paul Géroudet nous en dit plus :

 

C'est à terre qu'il recueille une partie importante de sa nourriture, avançant avec une curieuse démarche, mi-sautillée, mi-trottinée, et avec de légers mouvements de tête, souvent en soulevant un peu les plumes du crâne. Le Pinson préfère se déplacer sur un sol mou dans une herbe courte  et ne pénètre guère sous le couvert d'une végétation touffue, pas plus qu'il n'aime évoluer dans les enchevêtrements de plantes. Dans les arbres, il se perche volontiers sur les hautes branches et sur les rameaux, sans hâte, mais adroitement, étranger aux acrobaties. Peu farouche de naturel, il se promène sans gène aucune près de l'Homme et des maisons, mais il est plus méfiant dans les lieux écartés ou quand il vagabonde en troupes. [...]

En-dehors de la période de nidification, il vit d'habitude en société de ses semblables, se mêle aux aussi aux Pinsons du nord , aux Bruants jaunes, et à d'autres fringilles. On le rencontre alors en bandes pouvant compter des dizaines ou des centaines d'individus, qui explorent les éteules, les champs labourés ou ensemencés, les vignes, les cultures maraîchères les lisières de bois, les abords des chemins et des routes. [...] Les substances végétales forment environ les trois-quarts de l'alimentation du Pinson des arbres . La plupart des graines sont picorées à terre, que ce soient celles des herbes folles, (crucifères, renouées, etc.) des céréales ou des légumes, ou encore le semences tombées de conifères et des aulnes, prises en grandes quantités. L'oiseau recueille aussi les pépins , ouvre le faînes des hêtres et les samares des érables, montre une nette prédilection pour les graines oléagineuses ou encore molles. En outre, il s'attaque à diverses baies et à la pulpe de certains fruits, aux bourgeons et aux fleurs. À la belle saison, c'est dans le feuillage des arbres qu'une partie appréciable de la nourriture est cherchée de préférence, consistant alors en invertébrés, coléoptères, dermaptères, papillons, diptères sont volontiers happés en l'air par une courte voltige. Des vers de terre seraient pris à l'occasion. Paul Géroudet Les Passereaux tome III.

Les grands rassemblements de Pinsons des arbres sur cette route.

 

 

La Route des hêtres la bien nommée est une véritable forêt développée le long de l'ancienne route Nationale 679 [LIEN]  les pinsons trouvent ici les conditions idéales pour s'alimenter avant de reprendre leur route migratoire.

 

Hêtre commun Fagus sylvatica

 

À la question pourquoi vous rassemblez-vous ici ?

 

Les pinsons interrogés nous ont tous fait la même réponse :

- Notre période de migration tombe pile en même temps que la fructification des faînes (les fruits du hêtre) ;

- les grands arbres et les fourrés des bords de route nous offrent un refuge providentiel ;

- les véhicules, sur cette route, sont rares, ils nous dérangent moins fréquemment, nos dépenses énergétiques, sont moins importantes ;

- et cerise sur le gâteau les faînes sont présentes par milliers totalement décortiquées !

Inutile de passer du temps à ouvrir les fruits à coups de bec, les roues des véhicules effectuent la besogne à notre place.

 

Les faînes, fruits du Hêtre commun. Flèche rouge la cupule Flèche jaune La faîne

 

Les faînes sont écrasées lors du passage des véhicules.

Inutile de jouer du bec pour les pinsons le travail est fait, il n'y a plus qu'à consommer !

La route des hêtres doit être une halte migratoire trois étoiles, inscrite depuis des générations chez nos amis !

Sachant que certaines années il n'y a rien à picorer (voir ci-dessous la fructification)

Les faînes, fruits du Hêtre commun.

 

Le Hêtre commun atteint sa maturité sexuelle * à l'âge à 40 ans et parfois à 60 ou 80 ans suivant le peuplement où il évolue (milieu ouvert, ou peuplement dense).

 * C'est à dire qu'il produit fleurs et fruits à cet âge là !
Le Hêtre commun fructifie (CAD qu'il porte des faînes) sur des périodes s'échelonnant de deux à huit ans ! Les faînes ressemblent, selon certains auteurs, à de minuscules châtaignes (?), elles sont protégées par une cupule hérissée  d'épines molles et recourbées, qui ne piquent pas.

Les fruits du hêtre du type akène mûrissent au cours de l'été se détachent des cupules en septembre ou tombent avec elles en octobre novembre. En période de stress, l'arbre se "débarrasse" de ses fruits plus tôt dans la saison, ce phénomène de survie s'observe de plus en plus fréquemment en raison des épisodes de sécheresse récurrents. La fructification dépend étroitement des conditions climatiques des années précédentes, et des conditions météorologiques durant la période de floraison. Il peut donc s'écouler de nombreuses années sans qu'il y ait de fructification. 

 

Fruits secs riches en lipides contenant 40 % de matières grasses dont 75 % d'acides non saturés, les faînes contiennent également des glucides.
Comestibles, les tanins rendent cependant les faînes astringentes pour l'homme, voire légèrement toxiques (présence de fagine) si elles sont consommées en grande quantité. Les faînes de par leur richesse en matières grasses constituent une source importante de nourriture pour les mammifères et les oiseaux entre autres.

Par le passé, les animaux domestiques étaient conduits en forêt pour consommer faînes et glands.

Le ramassage de faînes est réglementé.

 

Avec la Révolution apparaissent de nouveau droits d'usage dans les forêts appartenant à la nation.

Projet de décret
 

La Convention nationale, après avoir entendu le rapport qui lui en a été fait sur la possibilité d'extraire du fruit des hêtres du territoire français une huile très propre aux aliments, et dans une proportion supérieure aux besoins de la République, décrète :
- Article premier.
Les propriétaires et possesseurs de hêtres ne pourront en abandonner le fruit aux animaux, ni laisser le laisser périr sous les arbres. Ils le feront ou le laisseront ramasser pour être converti en huile.
- Article deux.
Tous les citoyens sont invités à ramasser la faîne, le gland et les autres fruits des forêts et des bois appartenant à la nation.
- Article trois.
Les autorités constituées ne pourront faire aucune adjudication de glandée dans les forêts nationales. Celles qui auraient pu être faites avant la promulgation du présent décret, sont nulles et non avenues.
- Article 5.
L'entrée, tant des forêts et bois nationaux que des bois communaux et usagers, et interdite aux porcs pendant les mois vendémiaires et brumaires. Les contrevenants seront punis par la confiscation de leurs porcs.
Article 6.
Ceux qui ne pourront pas ou ne voudront pas convertir eux-mêmes ni faire convertir par d'autres leurs faines en huile, la porteront au chef-lieu de leur district où elle leur sera payée à raison de 20 sous le boisseau comble, mesure de Paris. La faîne ne sera mesurée qu'après avoir été épurée par l'eau.
Suivent 9 autres articles consultables sur ce LIEN 

Les faînes une richesse méconnue.

 

Les faînes, aujourd'hui ne sont plus ramassées ni consommées que de façon très anecdotique, par le passé elles pouvaient être grillées réduites en farine ou écrasées pour en extraire de l'huile qui dit-on se conservait longtemps en se bonifiant.

Ce LIEN nous explique la méthode pour obtenir de l'huile de faîne, ce texte date de 1794

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Jean-Paul Lahache