(2023 039) Pelote réjection - Guêpiers Europe - insectes - Régime alimentaire du guêpier - Traces indices oiseaux

   

Les pelotes de réjection du Guêpier d'Europe.

Avant d'aborder notre sujet voyons, si vous le voulez bien, comment fonctionne le système digestif des oiseaux.

 

Le système digestif des oiseaux.

Librement adapté d'un dessin paru sur wikipedia

L'ensemble des organes composant le système digestif présente beaucoup de similitudes avec celui des autres animaux. Les particularités propres aux oiseaux sont essentiellement dues à leur régime alimentaire différent, comprenant entre autres, des insectes, des graines,  des poissons, des reptiles, du nectar, des animaux vertébrés,  des oiseaux , des vers, etc.

L'appareil digestif comprend :

 

1 la cavité buccale, langue et glandes salivaires ;
 

1.1 La langue.
Suivant le régime alimentaire de l'oiseau, la langue peut prendre des formes différentes : elle peut être très longue et divisée, terminée par des poils,  pour les oiseaux se nourrissant de sève par exemple, ou longue et recouverte de soies cornées pour les pics.
 

1.2 les glandes salivaires.
Chez certaines espèces comme les martinets, la salive durcissant à l'air libre est utilisée pour la construction du nid !
 

2 l'œsophage, est une sorte de tube mou pouvant se dilater plus ou moins
 

3 le jabot ou poche ventrale, renflement plus ou moins prononcé situé dans l’œsophage, la nourriture y est ramollie après un temps plus ou moins long avant de passer dans l'estomac. Le jabot sert aux Colombidés et aux Galliformes pour y stocker la nourriture, les rapaces sont dotés quant à eux d'un faux jabot fusiforme où ils "stockent" eux aussi la nourriture.  

 

4 l'estomac ;
 

4.1 le proventricule ou estomac glandulaire ;
C'est un organe extensible jouant un rôle important chez certaines espèces, il permet le stockage de proies vivantes comme chez le héron, le goéland, le cormoran ; le proventricule joue également un rôle majeur chez les oiseaux nécrophages qui doivent digérer des os. C'est dans cette poche glandulaire que se prépare la digestion avant de passer dans le gésier.

4.2 le gésier ou estomac musculaire ;
L'épaisseur du gésier est déterminée par le régime alimentaire de l'oiseau. Les oiseaux granivores par exemple, possède un gésier aux parois épaisses et musclées, capables de résister à la pression exercée durant le broyage des graines. Rappelons-nous que ces oiseaux doivent avaler de nombreux petits cailloux appelés gastrolithes (pierres d'estomac) afin de faciliter le broyage des graines. Celui qui achète ses volailles non vidées sait qu'il doit nettoyer le gésier de tous ces petits cailloux.
► Formation des pelotes de réjection.

Sous l'action de contractions répétées, il semble que la nourriture soit contrainte d'effectuer des allers et retours entre les deux estomacs. C'est dans cette partie de l'appareil digestif que se forme un agglomérat de parties indigestes, plumes, os, peau, poils, arêtes, écailles, ongles, etc. Ces éléments inassimilables, rassemblés et souvent compactés forment les pelotes de réjection. J'ai écrit de nombreux articles sur ce sujet, vous pouvez les retrouver en consultant ce lien ICI

 

5 l'intestin grêle ne présente pas de grosses différences avec celui des mammifères, on y retrouve d'ailleurs les mêmes parties, iléon, duodénum, et jéjunum
 

6 le ou les cæcum ;
La taille dépend étroitement du régime alimentaire de l'oiseau. Chez certaines espèces le ou les cæcum produisent une flore bactérienne importante. La Chouette effraie la Chouette hulotte ont des cæcum de 6, 9, voire 10 cm, chez la colombe celui-ci ne mesure qu'un millimètre (Jean Maumus thèse 1902) par contre chez les rapaces diurnes, ils sont petits voire absents. Un lien concernant le cæcum  [LIEN]
 

7 le cloaque ;
Le cloaque communique vers l'extérieur du corps par l'anus, c'est dans le cloaque que débouchent les systèmes, digestif, urinaire et reproductif.

 

8 et enfin l'anus

 

Voyons maintenant quel est le régime alimentaire des Guêpiers d'Europe.

 

Régime alimentaire des Guêpiers d'Europe.

Des proies toujours capturées en vol

 

Avant toute chose, je dois préciser que les Guêpiers que nous observons ici en France, sont des oiseaux migrateurs. À la différence de certains oiseaux, les Guêpiers ne modifient pas leur régime alimentaire en cours d'année, ils consomment donc les mêmes proies sur leurs lieux d'hivernage.

Les proies varient selon les ressources du milieu en insectes volants : guêpes, abeilles, bourdons, frelons, coléoptères, diptères, papillons, fourmis (volantes),  "souvent piqués, ils sont insensibles au venin des hyménoptères, leurs victimes préférées" (Paul Géroudet 1961) 

Concernant le régime alimentaire de ces oiseaux, vous pouvez consulter cette très intéressante étude.

Le régime alimentaire du guêpier d'Europe dans le parc national de l'Ichkeul (Tunisie) F Marniche, J-F Voisin, S Doumandji , B Baziz

 

 

Nous venons de voir que les guêpiers se nourrissent essentiellement d'insectes, qu'ils rejettent régulièrement des pelotes, que ces pelotes prennent naissance dans le gésier, mais que contiennent exactement ces pelotes ?

Les pelotes de réjection du Guêpiers d'Europe.

Pelotes rassemblées pour le besoin de la photographie.

 

Expulsion de la pelote de réjection.

Les insectes n'ont pas de squelette, mais un exosquelette, autrement dit un squelette externe, composé de chitine. La chitine (prononcer Kitine) est un matériau à la fois souple et résistant qui n'est ni broyé ni décomposé par le système digestif des oiseaux. Ce point fait d'ailleurs débat lorsque nous parlons de consommation humaine d'insectes, mais c'est une autre histoire. La chitine, autrement dit les exosquelettes des insectes sont rejetés hors du corps de l'oiseau sous forme de pelotes de réjection !

👉  Bon à savoir : ce qui n'est pas décomposé ou/et broyé ne peut être exonéré par l'anus ! Seule solution sortir par où c'est rentré. Le phénomène d'expulsion de la pelote ne peut en aucun cas être comparé à un vomissement, c'est un phénomène totalement différent.

 

 

Description de la pelote de réjection du guêpier.

La pelote de réjection du guêpier présente une certaine cohésion au regard des matériaux qui la compose, sa taille parait importante comparée à la taille de l'oiseau ; les jeunes produisent des pelotes plus petites que les adultes. Leurs dimensions variaient de 10 à 38 mm (moyenne : 23,4 ± 4,3 mm) en longueur et de 6 à 14 mm (moyenne = 11,6 ± 1,5 mm) pour le plus grand diamètre.  Source LIEN

 

 

Localisation des rejets.

Site de nidification.

 

 Les pelotes rejetées au hasard peuvent être collectées aux endroits suivants :

- au pied des perchoirs d'affût de chasse ;

- au pied des perchoirs où se rassemblent les oiseaux, cohésion (les guêpiers sont des oiseaux grégaires) ;

- au pied des perchoirs utilisés avant l'arrivée au terrier (nid) ;

- sous les arbres utilisés comme dortoir ;

et en grande nombre au pied des falaises ou des talus où sont creusés les nids.

Contenu des pelotes rejetées par les guêpiers.

Les pelotes se désagrègent très facilement à la différence des pelotes de rapaces diurnes ou nocturnes par exemple, dont la cohésion est assurée par les poils des micro-mammifères ingérés.

Après la collecte des pelotes, passons à la dissection. Une légère pression suffit pour désolidariser les différents éléments.

 

 

Les pelotes contiennent une très grande quantité de morceaux de différentes tailles d'exosquelettes aisément identifiables, c'est le cas des élytres et des pattes restées bien souvent en connexion.

Le contenu des pelotes donne une idée assez juste du régime alimentaire du guêpier. Les guêpiers sont des opportunistes, leurs proies varient suivant l'implantation de la colonie, présence d'une zone humide avec sa cohorte d'insectes, de prairies fleuries avec leurs cortèges de butineurs,  signalons également que les restes d'abeilles Apis mellifera sont toujours omniprésentes dans les pelotes. Les ruchers ne doivent pas être implantés aux abords des sites de nidification des Guêpiers d'Europe !

👉 Bon à savoir : Le guêpier ne se nourrit pas au sol, sauf peut-être lorsqu'il est posé près de son terrier, dans ce cas, il ne dédaigne pas consommer ce qui passe à portée de bec ! Ce qui explique la présence, rarissime précisons-le, de restes d'arachnides.

 

 

L’entomologiste saura apprécier la diversité des proies, il suffit d'un peu de patience !

 

 

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Jean-Paul Lahache