(2023 030) Loutre d'Europe - Régime alimentaire - Érevisses - Catiche - Traces - Épreintes - Catiche - Carnivore

 

Est-ce que la loutre consomme des  écrevisses ?

 


Que mange la Loutre d'Europe ?

 

Régime alimentaire 

 
La Loutre d’Europe Lutra lutra consomme principalement des poissons, mais son régime alimentaire comprend également des amphibiens des invertébrés aquatiques, des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des invertébrés terrestres. Son régime alimentaire varie suivant les saisons et les régions géographiques. En résumé, nous pouvons dire que la loutre s’adapte aux ressources disponibles. La Loutre d'Europe consomme environ 1 kilogramme  de nourriture par jour, soit 15% de son poids.

Les traces et les indices de présence.


Trace de Loutre d'Europe
 
Épreinte de Loutre d'Europe

Une loutre mesure en moyenne 100 à 130 cm, pèse de 6 à 11 kilogrammes, et reste malgré cela un animal très discret, sa présence peut passer totalement inaperçue aux yeux du néophyte. Elle occupe tous les milieux humides, lacs, étangs, mares, marais, tourbières, etc .
Les loutres sont des carnivores individualistes, elles vivent en solitaire, sauf au moment du rut, leur domaine vital s'étend sur 30 ou 40 km le long des cours d'eau. Le naturaliste a donc peu de chances de la rencontrer. Ajouter à cela que les Loutres, en raison des dérangements et des persécutions dont elles sont victimes ont adopté un mode de vie nocturne ou crépusculaire (bien qu'elles ne disposent pas d'adaptation particulière à ce mode de vie nocturne). Dans les régions où elle est peu dérangée la Loutre est observée en plein jour, c'est le cas dans les Îles britanniques et en Irlande.
Le naturaliste aura donc plus de chance d'observer des traces et des indices que l'animal lui-même !
Là où vit la Loutre d'Europe les indices de présence ne manque pas : traces de pattes, crottes appelées épreintes, et pour mémoire catiches (lieu où femelles et mâles se reposent et où les femelles mettent bas).


 Lien vers l'album Traces de la Loutre d'Europe 02 


Reportage.

 
Dernièrement, lors d'un voyage naturaliste en Corrèze, j'ai eu le plaisir d'observer de très nombreux indices de présence de la Loutre d'Europe Luta lutra sur une petite rivière aux eaux cristallines.
Tous les indices, principalement des épreintes ont été détectées sur une zone de pêche particulièrement favorable à la présence d'Écrevisses à pattes rouges Astacus astacus Linnaeus, 1758 . Une écrevisse devenue très rare en France. 
Les écrevisses capturées par la loutre ont toutes été décortiquées et consommées sur des rochers distants de 2 à 15 mètres de la rivière, parfois à une hauteur de 1,50 m, les pattes avant et la tête des différentes proies n'ont pas été consommées.
Les épreintes (nom donné aux crottes de Loutre) observées, une centaine au total, ont toutes été déposées sur des rochers émergeant de l'eau en bord de rivière à une distances des berges comprise entre 0,50 m et 3 mètres. Le secteur de pêche aux eaux très calmes d'une longueur approximative de 700 mètres est compris entre deux passages où la rivière est particulièrement tumultueuse. La centaine d'épreintes présentes sur le secteur comprend des dépôts datant de quelques jours à une dizaine de jours voire plus. (estimation empirique). Un rapide examen visuel montre que toutes les épreintes contiennent des restes de crustacés.
Un peu plus haut, en amont de la rivière, je découvre fortuitement ce qui semble être une catiche avec de nombreuses traces y conduisant. Mes observations sont volontairement réduites afin de ne pas provoquer d'inutiles dérangement.
Bien que je n'ai pas réussi à observer l'animal, la découverte de ses traces et de ses épreintes m'a procuré une immense joie, difficile à partager.

 Les photographies du reportage sont visibles en allant sur le lien ci-dessous 


Écrevisses vous avez dit écrevisses ?

 

Écrevisse à pattes rouges : 

 

 
Source Guide poissons eaux douces Delachaux Niestlé 1981

 
Les écrevisses chassées (Écrevisses à pattes rouges Astacus astacus) par la Loutre d'Europe sur cette portion de rivière sont devenues rares sur le territoire national et parfois ont totalement disparues de certaines régions où elles abondaient autrefois. Les Écrevisses à pattes rouges figurent d'ailleurs sur La Liste rouge des espèces menacées en France.
Les causes sont multiples : pollution, modification des berges, recalibrage des rivières, pollution des eaux, surpêche, introduction de populations invasives comme les Écrevisses américaines Faxonius limosus .
Cette petite rivière de Corrèze présente donc à plus d'un titre un caractère de conservation exceptionnelle, avec la présence (entre autres) de la Loutre d'Europe Lutra lutra, d'Écrevisses à pattes rouges Astacus astacus   et du Cincle plongeur Cinclus cinclus.
 

Reconnaître l'Écrevisse à pattes rouges 


Pour consulter la fiche d'identification de l'Écrevisse à pattes rouges rédigée par Mickael Béjean Hydrobiologiste, responsable des programmes de conservations de la faune aquatique au Muséum d’histoire naturelle de Besançon  suivez ce lien

 

 

Les envahisseurs.

 
L'Écrevisse "américaine" Une des causes probables de la disparition des écrevisses indigènes de nos rivières ...

Ecrevisse-Louisiane_Procambarus clarkii
 
 

Invasions biologiques

En Europe et France, une espèce invasive, l'écrevisse américaine introduite au XIXe siècle, tend à remplacer les espèces autochtones plus petites, moins agressives, moins fertiles, vivant moins longtemps et vulnérables à des maladies importées par l'écrevisse américaine, affectant négativement et fortement la biodiversité des cours d'eau européens.
Toutefois, dès 1876, il était fait état en France d'épidémies provoquant une mortalité qualifiée d'effrayante, et d'épidémies analogues en Russie en 1850 et 1863. Les parasites, dont la peste de l'écrevisse, sont alors désignés comme les principaux responsables de la fonte des effectifs, derrière la pollution, la destruction des habitats et la surpêche. Les épizooties, qui anéantissent en apparence la totalité de la population, sont suivies de périodes de régression de la maladie, avec la reconstitution partielle de stocks à partir des spécimens les plus jeunes, qui semblent échapper à la peste. Les tentatives de repeuplement par l'écrevisse américaine, que l'on pensait en 1890, en Allemagne, immunisées contre la peste, ont montré leurs limites.
On trouve aujourd'hui en France des écrevisses de Louisiane, de Californie, américaines. Les spécialistes de Craynet, dont Catherine Souty-Grosset, invitent à cesser toute introduction et tout déplacement d'espèces invasives ; des réintroductions d'espèces pourraient être envisagées, mais en tenant compte de la diversité génétique, des habitats et des espèces invasives dans une gestion restauratoire des populations autochtones, ce qui demande d'améliorer la connaissance des problèmes.
En France, plusieurs organismes commencent à coordonner leurs efforts pour mesurer l'étendue des invasions et les moyens d'y remédier.( qui sont de toute façon inefficaces NDLR)
Source wikipedias L

 


Les Écrevisses de France (texte de 1935)

Les Ecrevisses d'Europe sont au nombre de quatre :
1° Astacus astacus Linné (fluviatilis Fabricius, nobilis Huxlet. Ecrevisse noble ou à pieds rouges). Vit dans les eaux calmes, presque stagnantes, ou à courant lent avec fond vaseux, et se tient habituellement dans les trous des berges où des racines d'arbres lui offrent des abris. C'est la forme la plus répandue dans l'Europe centrale ; elle s'étend vers l'Ouest jusqu'en France.
2° Astacus pallipes Lereboullet (saxatilis Heller, fontinalis Carbonniei-). Ecrevisse des égouts ou à pieds blancs. Vit dans les eaux limpides et fraîches à courant rapide avec fond de graviers. Unique espèce en Angleterre, très abondante dans le sud de l'Europe en Espagne, en Italie, en Grèce ; elle est la forme prépondérante en France.
3° Astacus torrentium Schrank (saocatilis C.-L. Koch, longicornis Lere boullet). Ecrevisse des pierres ou des torrents. Habite surtout les eaux froides et torrentueuses à très fort courant, avec fond caillouteux, dans les ruisseaux et les lacs des montagnes. Elle se trouve dans les hautes régions de l'Europe centrale : Allemagne, Suisse, Alpes autrichiennes, Transylvanie, Tchécoslovaquie. En France elle n'existe guère qu'en Alsace.
4° Astacus leptodactylus Eschscliollz. Ecreviss russe ou des marais ou à pieds grêles. Est abondante en Russie, en Calicie, dans tous les pays du bassin du Bas-Danube ; elle a pour habitat d'origine les eaux saumâtres des estuaires du bassin Ponto-Caspien.
Causes de la disparition des Ecrevisses. Parmi les diverses causes qui ont contribué à diminuer l'étendue des territoires occupés en Europe par les Ecrevisses, il faut citer, sans aucun doute, le nettoyage des étangs et des canaux, l'établissement de dispositions ayant pour but de régulariser le cours des rivières et la construction de nombreuses usines avec leur déversement d'eaux industrielles polluées. Cependant la disparition des Écrevisses a été surtout la conséquence d'une épidémie qui les a détruites par milliers. On a incriminé tour à tour les parasites les plus divers : Hirudinées, Trématodes, Oomycètes, Sporozoaires, etc., mais la vraie cause en a été une bactérie,
 le
Bacillus pestis astaci, découvert en 1898 par B. Hofer et que l'on a retrouvé depuis à plusieurs reprises (L. Mercier et R. de Drouin de Bouville,1910).
C'est dans le but de repeupler les eaux dévastées par la peste des Écrevisses que l'on a importé, vers 1890, en Allemagne, une forme américaine du genre Cambarus , le C. affinis Say ( limosus Rafînesque), que l'on supposait douée d'immunité vis-à-vis de cette maladie. Cette espèce s'est également répandue en France ; on a constaté sa présence dans la Marne, dans le Cher et tout récemment dans les environs immédiats de Paris (M. André, 1934).
Les Écrevisses habitent principalement les cours d'eaux coulant sur un fond calcaire, où elles peuvent se procurer la substance nécessaire à la formation de leur carapace. Elles affectionnent plus particulièrement les eaux dont le courant va de l'Est à l'Ouest ou inversement ; en effet elles fuient tous les endroits susceptibles d'être frappés par les rayons solaires, et recherchent les lieux sombres bien abrités. Leur existence est surtout nocturne ; elles commencent à s'agiter à la tombée du jour et se promènent la nuit pour aller à la recherche de leur nourriture. Très vorace, elles mangent indistinctement des matières animales ou végétales ; mais elles sont plutôt carnivores : vers, larves d'insectes, petits crustacés, petits poissons de fond, têtards et grenouilles, sont leur alimentation préférée ; tous les débris de viande et cadavres d'animaux charriés par les courants sont recherchés par elles.
Les accouplements s'effectuent pendant un mois, de la mi-octobre à la mi-novembre. Vingt à vingt-cinq jours après, vers la fin novembre, a lieu la ponte, dont la durée est de trois à quatre jours. L'incubation des œufs, qui sont collés en grappe aux pattes natatoires sous l'abdomen, dure plus de six mois ; ce n'est que vers le 15 mai que commencent les éclosions. A la naissance, l'Écrevisse mesure de 10 à 15 millimètres de longueur. Dix jours plus tard, après avoir subi une mue, elle a de 20 à 22 millimètres. A un mois, après une nouvelle mue, elle atteint de 25 à 28 millimètres. Elles ne font ensuite qu'une mue par an dans la deuxième quinzaine de juin. Elles deviennent adultes, c'est-à-dire aptes à la reproduction, à partir de 4 ans et mesurent alors 10 à 12 centimètres. où survient la période des accouplements. Il y a plus de soixante ans, les Écrevisses abondaient dans la plupart des ruisseaux de notre pays ; c'est vers 1890 qu'elles se sont raréfiées presque partout, mais aujourd'hui elles font leur réapparition en beaucoup de points. En 1868, il se vendait au Halles à Paris environ 5 millions et demi d'écrevisses, dont la valeur pouvait se monter à 400.000 francs, les prix de vente variant entre 6 et 8 francs le cent. En 1902 la consommation avait diminué, et le nombre de sujets vendus aux Halles de Paris, provenant presque tous de l'étranger (Silésie, Russie, etc.), n'était que de 4.615.000, tandis que le prix (893.000 francs) avait plus que doublé. En 1933, les arrivages aux Halles ont été environ de 80.600 kilogrammes le prix du cent d'écrevisses a varié, selon l'abondance et la taille, de 10 franc à 250 francs.
Bonnamour Stéphane.
Les Écrevisses de France, par Marc André et Edouard Lamy, 1935. In: Bulletin mensuel de la
Société linnéenne de Lyon, 4ᵉ année, n°7, septembre 1935. pp. 115-116;
https://www.persee.fr/doc/linly_0366-1326_1935_num_4_7_9071

 
 
👍 Vous pouvez lire également un article  consacré aux traces de Loutre d'Europe relevées sur un affluent de la Loire    LIEN  
 
 
👍 Rencontre avec Stéphane Raimond, ancien pisciculteur à Bugeat, qui observe, étudie, et réhabilite la loutre, qui peut être une alliée pour lutter contre l’invasion des écrevisses américaines.    LIEN     Ce lien est proposé sans qu'il soit question d'apporter une quelconque caution  aux affûts payants loutres.
 
👍 En apprendre plus sur la Loutre d'Europe     LIEN  
 
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2 commentaires:

  1. Coucou JP, à la loutre de Corrèze, je m'en souviendrais de ces vacances, pas vu de loutre car c'était une année sèche, mais beaucoup d'indices de nombreux indices que du bonheur. Toujours aussi très pédagogique tes articles. Au plaisir de te relire ...

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  2. Bonjour Ludovic, très heureux de te lire. Tu as tout a fait raison de préciser que la découverte de traces ou d'indices procurent à elle seule une aussi grand joie que l'observation de l'animal. à bientôt avec toute mon amitié. Jean-Paul

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