(2022 016) Forêts et cervidés - Menaces sur nos forêts - Les herbivores détruisent les forêts -


 Les Grands Herbivores en Forêt un équilibre difficile.

 
J'ai regroupé et modifié ci-dessous plusieurs articles parus à des dates différentes traitant d'un même sujet : Présence des herbivores sauvages en forêt, un difficile équilibre.


Une forêt hébergeant de grands herbivores se reconnaît aisément.


 

 

 
Faute de ressources fourragères suffisantes, les herbivores ont une fâcheuse tendance à brouter les feuilles tendres et les bourgeons à peine formés des arbres et arbustes de nos forêts.
Si la densité d'herbivores (faute de prédateurs) reste supportable pour le milieu, tout se passe bien, dans le cas contraire, les forestiers peuvent réagir en clôturant les parcelles en régénération ou plus violemment en supprimant les animaux.
La solution choisie, parfois les deux simultanément, consiste à éliminer les herbivores des forêts en les abattant ou en les affamant.


Les gestionnaires des forêts domaniales admettent quelques grands animaux dont ils tirent des bénéfices non négligeables mais privilégient toujours la filière bois au détriment de nos grands herbivores.
Il existe des forêts où le sous-bois et le couvert forestier peuvent supporter sans problème une population importante d'herbivores. Les forêts jardinées proches d'un état naturel font partie de ces milieux propices.


Ce n'est pas le cas des forêts de France (la plus grande partie) gérées de façon industrielle où le sous-bois est pratiquement absent, les arbres sont d'âges identiques, il n'y a pratiquement rien à se mettre sous la dent, sauf dans les parcelles en régénération ! La forêt de Fontainebleau que j'ai fréquentée durant de longues décennies  fait partie de ces  forêts où les grands herbivores sont peu à peu éliminés. Le dérèglement climatique  ne va certainement pas arranger la situation des herbivores dans des forêts dépérissantes.

Exemple d'une gestion mal adaptée aux nouvelles conditions climatiques

Les forêts péri-urbaines abritent des populations d'animaux stressés ayant un comportement différent de ceux pouvant être observés auprès d'animaux vivant dans de grandes forêts calmes, non clôturées, où la nourriture est abondante. Les observations effectuées par un naturaliste dans ces massifs forestiers ne peuvent donc pas être transposées à d'autres lieux. 
Certains secteurs forestiers sont pauvres en cervidés tandis que d'autres présentent des densités intéressantes pour le photographe. Il n'est pas nécessaire de voir les animaux, des reconnaissances effectuées à intervalles réguliers, et des relevés de traces, suffisent pour se faire une idée assez juste sur le nombre d'animaux présents dans ces lieux.

Un cas intéressant d'abroutissement sur des Houx (Ilex aquifolium)

Tout le monde connaît le houx utilisé durant les fêtes de fin d'année, chacun s'accorde à reconnaître que ses feuilles sont coriaces, piquantes et riches en produits toxiques.
Comment avec de telles caractéristiques peuvent-elles être consommées par les cervidés ?
Les houx sont pourtant bien abroutis  par les herbivores, sinon comment expliquer ces topiaires rencontrés en forêt ?




 

Quel est donc leur secret ?

Les cerfs, les biches, les chevreuils ont-ils un secret leur permettant de consommer ces feuilles coriaces armées de piquants et réputées toxiques ?
Testons si vous le voulez bien la résistance des épines des feuilles du houx ...


Effectivement, à part des chèvres ou des dromadaires aux lèvres charnues (?) je ne vois pas quel animal pourrait ingurgiter ces végétaux particulièrement épineux.
Il y a obligatoirement une astuce !
Recommençons notre test mais cette fois avec de jeunes pousses.


Les jeunes feuilles sont tendres, les épines sont absolument inoffensives.
Même avec des mains à la peau très fragile, aucun risque d'être blessé.


Le mystère des feuilles de houx est pratiquement résolu !

Les feuilles coriaces portent pourtant des traces de dents !

Vous allez alors, certainement me demander de vous expliquer pourquoi ces feuilles coriaces portent des traces de dents.  (voir ci-dessous) 

Marque verte : feuille coriace portant trace des dents du cervidé. Jaune : jeune pousse. Bleue Piquant

C'est assez simple. Coupée alors qu'elle est tendre, la feuille continue malgré tout de pousser. Avec le temps les épines restantes durcissent, la cuticule devient cireuse, la coupure ancienne se cicatrise et offre l'aspect d'une feuille broutée . Une observation trop rapide nous conduit à conclure qu'elle est broutée au stade piquant, alors qu'il n'en est rien !
Je viens d'observer , ces jours derniers,  depuis mon affût un cerf en train de brouter un houx. Il met en pratique ce que les cueilleurs de thé appellent la cueillette impériale. Seules les premières feuilles et les bourgeons tendres sont broutés !
 


Mon affût terminé, je trouve les traces de la taille faite quelques heures auparavant



 Il est possible de trouver des coupes plus anciennes sur ces petits houx fréquemment abroutis.
 
 



Si les cerfs et les chevreuils apprécient les jeunes feuilles de houx . . .


Il en est de même pour notre petit cervidé, le Chevreuil.


 

Le houx selon wikipedia

Le houx commun est un arbuste à croissance très lente, à port buissonneux, dont la taille adulte est généralement de quatre à six mètres. Certains pieds peuvent former de véritables arbres. Il existe en forêt de L'Isle-Adam (Val-d'Oise) un houx colonnaire de 18 m de haut. Le houx peut vivre jusqu'à 300 ans et au-delà. Son écorce est gris pâle et lisse.

Ses feuilles alternes, simples, ont un pétiole court et un limbe de 5 à 7 cm de long, coriace, de forme générale ovale, au bord ondulé et épineux, parfois lisse sur les individus âgés. D'un vert brillant foncé (luisant) à leur face supérieure, plus pâles sur leur face inférieure, elles sont munies d'épines acérées. Certaines variétés ont le feuillage panaché de blanc. Ces feuilles persistent généralement trois ans.

C'est une espèce dioïque (avec des individus mâles et femelles séparés), on peut néanmoins trouver des individus monoïques. Les fleurs blanches, de petite taille (6 mm de diamètre environ), tétramères (4 pétales, 4 sépales, 4 étamines et ovaire à 4 stigmates) sont groupées en petites cymes apparaissant à l'aisselle des feuilles vers mai-juin. Les pétales sont soudés à la base (fleurs gamopétales). Les étamines alternent avec les pétales et sont soudées à la base de la corolle. Les fleurs femelles portent des staminodes, sortes d'étamines stériles, l'ovaire supère est formé par la réunion de 4 carpelles soudés et porte une stigmate sessile à 4 lobes. Les fleurs mâles portent seulement des étamines. Les pieds femelles ont besoin d'au moins un pied mâle dans les environs pour fructifier.




Bon à savoir :

Un secteur fortement abrouti de la forêt ne signifie  pas pour autant une concentration extraordinaire d'animaux, non ! Il faut savoir qu'une biche adulte englouti environ 10 à 13 kilogrammes de végétaux par jour. Si, par exemple, la plus petite cellule familiale comprenant une biche, son faon de l'année et celui de l'année passée stationnent dans le même secteur pendant une semaine, ces braves bêtes consomment  en huit jours environ 200/250 kilogrammes de végétaux. Il n'est donc pas difficile d'imaginer l'état de la végétation de ce lieu de gagnage.


Le régime alimentaire des herbivores forestiers.

La liste des aliments consommés par les herbivores forestiers principalement représentés par les Cerfs et les Chevreuils (la présence du Daim en forêt reste anecdotique)  est relativement importante.


le Chevreuil.


Les vergers abandonnés (un non sens ) sont assidûment fréquentés par les chevreuils.

Le chevreuil broute l'herbe en toute saison, abroutit bourgeons, jeunes feuilles et jeunes branches d'arbres. D’après bon nombre d'observateurs il serait un "gourmet" capable de choisir sa nourriture, c'est d'ailleurs l'impression qu'il donne lorsqu'on l'observe au gagnage, il va de-ci-de-là en glanant sa pitance.
A l'origine le chevreuil est un animal forestier qui ne montre pas une grande appétence pour les foins ou les diverses graminées sèches que l'on peut rencontrer en milieu ouverts.
Cependant, depuis plusieurs décennies, il est fréquent d'observer des chevreuils dit de plaine vivant en milieu ouvert. C'est le cas notamment des grandes plaines céréalières de Beauce ou de Brie. Ils semblent s’accommoder de l'absence de couvert forestier et de la nourriture disponibles dans ces milieux.
Comme je l'écris plus haut le chevreuil consomme au printemps et en été les feuilles et bourgeons de nombreux arbres, en automne il fréquente les vergers et les vignes, l'hiver il se rabat sur les ronces, la callune, le lierre et quelques fois les champignons. Il ne dédaigne pas les faînes et les glands. Il pratique bien entendu l'abroutissement des jeunes arbres sans commune mesure avec le Cerf élaphe.
 



Le Cerf élaphe.

Le cerf élaphe est un herbivore  ruminant très sélectif dans son alimentation il peut se "spécialiser" sur un type de nourriture au sein des massifs forestiers de montagne où il choisit alors de préférence le Sapin pectiné (Abis alba) pour son alimentation. Cette spécialisation le conduit à consommer les jeunes pousses et les bourgeons de cette essence en toute saison. Il est alors aisément compréhensible qu'une population de cervidés, trop importante dans une forêt où la nourriture disponible est rare dans les sous-étages, met en péril l'avenir de ces monocultures de sapins.
Dans les forêts de plaine où le sous-bois n'offre pas de nourriture suffisante son comportement alimentaire  le conduit également à se "spécialiser"  sur des essences feuillues qu'il va abroutir plus que de raison. J'ai connu des cerfs qui durant les longs mois que durent les refaits ne consommaient pratiquement que de jeunes pousses de Robinier faux-acacia et un autre encore qui lui s'était "spécialisé dans les
phytolaques
Le Cerf élaphe consomme de l'herbe, des bourgeons, des jeunes feuilles, des graminées, des ronces, des genêts, et diverses plantes herbacées, il fréquente les zones de cultures en lisière de forêt pour consommer maïs, blé, betteraves, colza,  pommes et raisin. En hiver il consomme faînes, glands, châtaignes et feuilles mortes. La consommation d'écorce est tout à fait anecdotique notamment en cas de stress.
 
Le cerf est-il un brouteur de Sapin et uniquement.
Il est vrai que le cerf a une appétence naturelle pour le sapin mais pas que ! Voici l'ordre préférentiel des résineux qu'il consomme  : sapins, douglas, épicéas, pins, mélèzes. Il est à noter qu'en présence de plusieurs espèces de résineux son choix respectera cet ordre, mais si le peuplement rencontré ne comporte par exemple que des épicéas ce sont eux qui seront fortement abroutis.

Ce Cerf a passé toute la période des refaits dans cette parcelle de Robinier faux-acacia

Celui-ci avait choisi une parcelle envahie de Phytolaque pour ses refaits

Biche consommant de jeunes pousses de Hêtres


Biche en lisère consommant de jeunes pousses de Hêtres.

Les cervidés modifient-ils l'environnement forestier.


Faut-il parler de "dégâts" forestiers ?

Je ne suis pas de ceux qui, comme les forestiers ne voient dans une forêt qu'un futur tas de planches ou de pellets, je n'aborde donc pas, volontairement, l'aspect spéculatif de la forêt .
Je n'utiliserai pas, dans cet article, le terme de dégâts forestiers pour décrire les actions d'abroutissement ou de frottis exercés par les cervidés sur les arbres et la végétation en général.


Quels sont les animaux qui "abroutissent" les végétaux ?

Le Cerf élaphe Cervus elaphus et le Chevreuil Capreolus capreolus appartiennent à la classe des mammifères et au sous ordre des ruminants, ils sont herbivores et consomment des végétaux.
Ce sont eux les principaux acteurs de l'abroutissement des végétaux.


Quels végétaux consomment les herbivores sauvages ?

Les résineux peuvent devenir très attractifs en période hivernale, les ronces sont activement recherchées par les deux espèces en toutes périodes, toutes les graminées sont au menu avec peut-être une exception pour les plus coriaces, les jeunes écorces, les fruits divers, les jeunes fougères, toutes les essences feuillues sont abrouties si elles sont à portée de dents. Il est évident que Le Cerf élaphe et le Chevreuil fréquentent assidûment les champs cultivés et les vergers lorsque ceux-ci ne sont pas efficacement clôturés !


Quels rapports entretiennent les Hommes avec les herbivores sauvages ?


Avant l'arrivée de l'Homme.

Bien avant l'arrivée de l'Homme, les animaux et les plantes croissent de façon équilibrée. Tous les écosystèmes sont étroitement liés et interdépendants, le fonctionnement se fait un peu au hasard jusqu'au point d'équilibre. Il suffit d'une modification, même mineure, pour perturber cette relative harmonie. Dans un milieu naturel hors présence de l'Homme ces étroites relations ne sont rompues qu'en cas de catastrophes naturelles ou d'événements climatiques exceptionnels. Plantes et animaux trouvent de nouvelles stratégies pour s'adapter à ces contraintes inhabituelles et parviennent ainsi à un nouvel équilibre avec le milieu transformé.


L'Homme transforme les milieux.

Au fil des temps l'Homme modifie de fragiles équilibres, son action répétitive sur les milieux naturels est identique à ces grands événements capables de bouleverser durablement les cycles de la nature.
Les grands animaux souffrent de la gestion des milieux naturels,  de l'absence de prédateurs et de la chasse.
L'action de l'Homme sur les écosystèmes est celle d'un prédateur incontrôlé capable de mettre tous les milieux et les êtres vivants en péril.
Bien souvent, le poids qu'il fait peser sur certaines espèces provoque leur disparition pure et simple. Les cerfs que nous observons avec admiration aujourd'hui ont fait l'objet de réintroduction dans de nombreux massifs forestiers. Ces animaux aujourd'hui, dans nos forêts françaises, ne sont que le pâle reflet de ceux que nos lointains ancêtres ont chassés.
La pression exercée sur ces grands herbivores, de tout temps et plus que jamais aujourd'hui, modifie leurs comportements et contribue à leur dégénérescence.
Les cervidés ont besoin d'espace pour subvenir à leurs besoins fondamentaux, ils se nourrissent en marchant. Plus la pression anthropique devient prégnante moins ils se déplacent. Il suffit de  se rendre dans un parc de vision où les animaux sont parqués pour constater le poids qu'ils font peser sur les végétaux. Le cloisonnement des milieux favorise également le stress chez les herbivores. Routes, autoroutes, voies ferrées, barrières en tout genre, clôtures infranchissables, concourent au cantonnement  des grands herbivores sur de petits espaces où ils consomment plus que ne peuvent produire les végétaux. 

L'abroutissement des végétaux, tel qu'il peut être observé dans certains endroits, ne serait-il, en fait, qu'une des multiples causes affectant le comportement naturel de "brouteur nomade" de nos grands herbivores ?



L'abroutissement menace-t-il nos forêts ?


Les cervidés façonnent la forêt.

Les grands cervidés comme le cerf et la biche laissent une forte empreinte sur les milieux boisés qu'ils fréquentent.
A force de coups de dents par-ci  par-là, les cervidés façonnent, bien involontairement, les lieux à leur convenance.



Les animaux ne recherchent pas la difficulté, ils commencent par brouter ce qui est à la portée des dents, puis ils passent aux étages supérieurs, allant parfois jusqu'à réaliser de véritables numéros d'équilibristes.





Mes remerciements à François Ribeaudeau pour le prêt de ces trois photographies. 


Le Chevreuil, le plus petit de nos cervidés, pratique également l'abroutissement des végétaux.



Plus sélectif dans le choix de sa nourriture, il glane ici ou là un bourgeon, une feuille, et ne s'attarde pas, comme peut le faire le Cerf élaphe, dans un secteur précis lors de ses refaits (par exemple).


Cerf dans la parcelle où il a effectué ses refaits (de nouveaux bois)

Dans certains villages vosgiens, les animaux jouent au jardinier ! Témoins ces rosiers abroutis par un chevreuil.





Dans un village du même département, les cerfs viennent la nuit abroutir les pélargoniums placés sur les fenêtres.
Je suis allé passer quelques jours dans ce village et j'ai pu observer la présence nocturne des cervidés dans les rues du village et aux abords des jardins
Le propriétaire du gîte a même filmé un cerf majestueux prenant son repas dans son bac à compost ! Ces agissements seraient-ils la preuve irréfutable que nos grands herbivores vivent dans des forêts où il n'y a rien à se mettre sous la dent ?
 
Imposante clôture autour du jardin potager pour le protéger des cervidés.

Abroutissements surprenants.

Il est possible d'observer des abroutissements étranges comme ici sur ces lierres. Je sais que les cervidés consomment régulièrement des feuilles de lierre en hiver, mais impossible de trouver des preuves tangibles dans le secteur. S'agit-il d'un phénomène naturel. Le lierre se débarrasse t-il de ses feuilles basses et pour quelle raison ?
Une enquête à mener prochainement.





Les animaux domestiques abroutissent les végétaux.

Inutile de parcourir la forêt dans son entièreté pour comprendre ce que veut dire  abroutissement,  il suffit de se promener le long d'un parc à bestiaux. Les arbres situés en bordure  sont tous taillés à la même hauteur par les herbivores domestiques.
Malgré ces tailles répétitives, les arbres continuent de pousser, si un arbre est isolé, au milieu du parc, par exemple, il prend alors une jolie forme de topiaire.



Les cervidés mettent-ils la forêt en péril ?

La réponse est d'une simplicité déconcertante, les forêts telles qu'elles sont gérées actuellement ne laissent que peu de place aux herbivores.
- forêts sans sous-étage : Sans arbrisseaux, sans arbustes, sans plantes herbacées.
- peuplements équiens : Arbres de même taille de même âge, triste à mourir ;
- forêts monospécifiques : Forêts de rapport uniformes composées d'une seule essence,  généralement des résineux.
Ces forêts sont devenues des cultures d'arbres destinées à la production de bois. où les grands herbivores n'ont plus leur place, ils sont devenus indésirables.


Une autre sylviculture est possible c'est le cas des  forêts jardinées comme ci-dessous (dans le Haut-Jura) !



Voici un petit texte extrait de : la forêt de Couvet en Suisse

La forêt jardinée qui résulte de ce traitement présente une physionomie caractéristique, c'est une forêt :
- conviviale, mélangée d'essences locales,
- famille où se côtoient des arbres de toutes dimensions et de tous âges,
- où la régénération est naturelle et permanente,
- qui produit de façon durable et ininterrompue un volume optimal de bois de qualité,  l'investissement en soins y est très restreint.




On imagine aisément des cervidés ici sans qu'il soit possible de détecter leur présence par leurs abroutissements, il y tellement de nourriture disponible !


La gestion forestière doit être remise en cause.

Une parcelle en régénération est bien souvent la suite logique d'une coupe à blanc-étoc. Située dans une forêt où le sous-bois n'offre aucune nourriture, les cervidés auront tôt fait de découvrir ce providentiel garde-manger. 
Le forestier n'aura pas d'autre choix, s'il veut produire de beau arbres, que de supprimer l'action de ces mangeurs de feuilles et de bourgeons en conduisant une action violente envers eux ou en clôturant la parcelle.
La pose de clôtures entraîne ipso-facto une accentuation de la pression sur les parcelles non clôturées. De nouvelles clôtures sont posées, la chasse s'accentue, la boucle est bouclée.
 
La clôture, le nec plus ultra de la gestion forestière.
 
Mailles fines en bas et grande hauteur une barrière infranchissable pour tous les mammifères

Le royaume du grillage La Sologne où là on emprisonne les mammifères !

Une autre vision de la forêt et de la nature !

Il existe quelques autres solutions pour protéger les arbres de la dent des cervidés, ce n'est pas du meilleur effet,  la forêt est moche mais reste accessible.
 

 Tout aussi photogénique, celui-ci protège le bourgeon terminal. Dans une parcelle en régénération des centaines de protection orange sont du plus bel effet !
 

Pour protéger les arbres de l'abroutissement il existe toute une panoplie de produits chimiques plus ou moins toxiques destinés à les éloigner. Rien de visible mais des polluants dispersés sur la végétation,  dans l'air, dans les eaux de surface et les eaux souterraines.
 
Et pour protéger encore plus efficacement les arbres la solution ultime, l’éradication pure et simple des brouteurs.
 

L'écorçage n'est pas l'abroutissement.

Un phénomène beaucoup plus rare que l'abroutissement se rencontre parfois, l'écorçage.


Houx communs écorcés


Houx communs écorcés, les traces de dents sont bien visibles



L'écorçage a des causes diverses :

Animaux stressés ;
Le stress des animaux sauvages provient généralement du dérangement humain les empêchant de rejoindre leurs gagnages, ils  patientent à couvert et rongent les écorces des arbres sur pied pour tromper leur ennui (?).
Milieu pauvre 
Nourriture disponible rare voire insuffisante.
Surpopulation.
C'est le cas des parcs animaliers parcs de vision, zoos, etc,
Les photographes fréquentant ces endroits connaissent bien ces phénomènes d'écorçages, qui dénaturent ou signent les photos réalisées dans ces enclos.
Automédication (les preuves formelles manquent actuellement).
 

Écorçage chez l'animal domestique.

Ces chevaux disposent, apparemment, d'une nourriture abondante dans le parc où ils sont enfermés, pourtant ils écorcent avec beaucoup d'entrain ces arbres abattus par un fort coup de vent.
 
 
Les écorçages appelés également rongements pourraient être la réponse, chez les animaux domestiques, au sevrage, à l'ennui, au manque de travail physique ou d'occupation, à une carence en sels minéraux ou en fibres (ex : foin). Des infestations parasitaires pourraient également conduire l'animal à consommer certaines écorces (lesquelles ?) Un animal peut également éprouver un attrait pour la sève ou l'écorce de telle ou telle essence. S'il s'agit du troupeau entier s'adonnant à ces rongements  le propriétaire doit s'inquiéter de la santé mentale de ses animaux.  Les hypothèses concernant ces comportements inhabituels ne manquent pas mais peu d'études sérieuses sont parues sur le sujet.
Ces comportements peuvent-ils être transposés aux animaux sauvages ?

Autres types d'écorçages.

Nous distinguons chez les cervidés, principalement les mâles, des comportements entraînant des écorçages appelés frottis.
Il s'agit d'écorçages réalisés à la fin de la période des refaits et au moment du rut.
 
Période de fin des refaits.
Les bois des cervidés tombent et repoussent chaque année, durant la repousse, et ...  mais lisez plutôt cet excellent article que j'ai écrit sur le sujet.
 

Période du rut.
Les écorçages les plus spectaculaires sont réalisés par les mâles lorsqu'ils marquent leur territoire et trompent leur excitation. Ils s'en prennent généralement, à de petits arbres (mais pas toujours voyez ci-dessous) qu'ils écorcent fougueusement. Ces frottis de rut sont facilement identifiables et reconnaissables.
 
Frottis du Chevreuil. 


 


Frottis du cerf élaphe.
 
Dans des endroits jugés stratégiques pour le Cerf élaphe

 
Si d'ordinaire ce sont des baliveaux parfois la taille de l'arbre est plus conséquente !

 
Les blessures infligées aux arbres sont parfois importantes


Un petit album des abroutissements et frottis est à votre disposition en allant sur ce lien :


 
Cet article se termine sur une note pessimiste. Comme tous les naturalistes et photographes de la faune je constate au fil des années une raréfaction des grands herbivores dans nos massifs forestiers. Leur disparition est le résultat d'une volonté exacerbée de privilégier la filière bois au détriment des herbivores sauvages. Nous devons nous rendre compte que les prochaines décennies se présentent très mal pour nos forêts, particulièrement en France. Tous les indicateurs sont au rouge ! Sommes-nous si proche de la mort inexorable de nos forêts et des êtres qui les peuplent ?
 
 
 
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4 commentaires:

  1. Grâce a toi , je sais qui mange mes boutons de de rosier au printemps merci Jean-Paul !
    Eric

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  2. Merci Éric tu n'a plus qu'à mettre des protections en grillage Cordialement à vous deux Jean-Paul

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  3. Merci Jean-Paul. Très intéressant et d'actualité puisqu'ici, à Longueuil (Québec), cela fait 2 ou 3 ans que l'on parle de supprimer quelques cerfs de Virginie dans un parc municipal Michel-Chartrand localisé au coeur de la ville, en raison de la menace écologique qu'ils font peser sur la végétation du parc et sur la circulation nocturne des véhicules.

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  4. Bonjour Jean-François merci pour tes compliments et pour cette information concernant ces Cerfs de Virginie

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