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Où et comment photographier le Cerf élaphe.
J'avoue que le titre de cet article qui s'adresse avant tout aux amateurs est un peu racoleur.
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© crédit Jean-Paul Lahache Forêt ouverte domaniale Affût. |
La chasse photographique, notamment durant la période de brame, éveille des réflexions éthiques sur notre rapport à la faune. En s’armant d’un objectif plutôt que d’une arme à feu, le photographe se positionne en observateur respectueux, mais cette activité demeure empreinte de contradictions. Le cerf, qu’il soit immortalisé dans un cadre ou abattu à la chasse, représente un trophée. Pour le photographe, il s'agit avant tout d'une conquête symbolique.
Cette quête d'images, doit être examinée à travers le prisme de la nature sauvage. Chaque clic de l’obturateur fige un moment éphémère, capturant non seulement l'essence de l'animal, mais aussi l'héritage d'un écosystème fragile. La photographie animalière, tout en offrant une fenêtre sur la grandeur de la faune, soulève des interrogations sur l’impact de l’intervention humaine et le respect de la vie. Ainsi, appréhender le cerf en tant qu’objet d’art ou sujet de contemplation doit s’accompagner d’une conscience aigüe des enjeux de conservation et de respect de son habitat naturel.
Cette quête d'images, doit être examinée à travers le prisme de la nature sauvage. Chaque clic de l’obturateur fige un moment éphémère, capturant non seulement l'essence de l'animal, mais aussi l'héritage d'un écosystème fragile. La photographie animalière, tout en offrant une fenêtre sur la grandeur de la faune, soulève des interrogations sur l’impact de l’intervention humaine et le respect de la vie. Ainsi, appréhender le cerf en tant qu’objet d’art ou sujet de contemplation doit s’accompagner d’une conscience aigüe des enjeux de conservation et de respect de son habitat naturel.
Le brame du cerf élaphe Cervus elaphus constitue un événement majeur dans le cycle reproducteur de cette espèce majestueuse. Ce phénomène, qui s'étale sur une période d'environ trente jours, suscite un vif intérêt chez les naturalistes, mammalogistes et photographes de la faune. Durant cette saison, les cerfs, habituellement craintifs et discrets, s'aventurent en dehors de leur habitat forestier traditionnel, ce qui offre aux nombreux observateurs et photographes des opportunités uniques de capturer cet animal emblématique.
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© crédit Jean-Paul Lahache Cerf velours forêt domaniale ouverte. Affût. |
La popularité du brame se manifeste clairement à travers la multitude de photographies partagées sur les plateformes dédiées à la nature et sur les réseaux sociaux. En effet, il semble relativement aisé de photographier un cerf en rut durant cette période, tant ces animaux se montrent parfois audacieux. En contraste, les clichés de cerfs élaphes en dehors de cette phase de reproduction demeurent rares et souvent fortuitement réalisés. Cela souligne l'importance d'une connaissance approfondie de leur comportement et de leurs habitudes pour les observer dans leur environnement naturel hors période de brame. Le brame apparaît non seulement comme un moment crucial pour l'espèce, mais également comme une période privilégiée pour l'observation d'animaux que les gestionnaires forestiers et autres instances cynégétiques veulent bien (nous) laisser en vie.
Comment sont obtenues les photographies du brame ?
Pour un néophyte, prendre une photo de cerf en train de bramer (c'est le cri qu'il pousse durant la période des amours.) relève de l'exploit, or, il n'en est rien, ou du moins c'est plus facile que l'on pourrait le supposer, à condition toutefois de perdre bien souvent toute mesure !
Il existe plusieurs méthodes pour immortaliser cet animal mythique en cette période de brame, je vais essayer de les passer en revue :
La chasse photographique.
L'affût.
Le chasseur photographe va passer des heures dans une cachette, qu'il a aménagée ou non, en attendant que l'animal veuille bien se présenter devant l'objectif. Inutile de vous expliquer que peu de personnes osent cette technique, dévoreuse de temps. La pratique de l'affût demande avant tout, de très bonnes connaissances naturalistes de nombreux repérages et de la persévérance (1). Elle est réservée aux puristes.
1 👴 Bon à savoir :
on me dit souvent, vous devez être très patient pour faire telles ou
telles photos. En fait, il faudrait plutôt parler de persévérance.
La patience
en chasse photographique pourrait consister à attendre deux, trois, voire
quatre heures pour apercevoir, enfin, le sujet convoité. Mais que le temps soit bref
ou long il arrivera devant votre affût.
La persévérance
en chasse photographique consiste à attendre deux, trois, quatre ou dix
heures dans l'espoir de voir votre sujet. Vous avez attendu des heures
et des heures et vous n'avez rien vu !
La billebaude.
Le photographe pratiquant la billebaude parcourt au petit bonheur, disons le, chemins et halliers en essayant de multiplier les rencontres, mais toujours en tenant compte du sens du vent :
La billebaude mitigée d'affût.
Cette technique repose sur les deux techniques précédentes à savoir :
- parcourir, en tenant compte du vent un itinéraire reconnu d'avance ;
- faire des arrêts plus ou moins longs sur différentes places d'affût reconnues elles aussi à l'avance.
👴Bon à savoir : J'ai rédigé un très intéressant article au sujet du vent et de la transmission des odeurs en chasse photographique
La pratique de la photographie animalière, particulièrement lors de la période du brame du cerf, soulève des questions éthiques et environnementales importantes. Cette technique, qui consiste à traquer (courir derrière pour le dire plus simplement) ces majestueux animaux dans leur habitat naturel, a été facilitée par l’avènement du numérique et encouragée par l’essor des réseaux sociaux. Ces plateformes, en offrant une vitrine pour les clichés plus ou moins spectaculaires, encouragent parfois des comportements débridés, où la quête du "trophée" photographique prime sur le respect de la faune et de son habitat.
Chaque année, les photographes passionnés se trouvent confrontés à des amateurs armés de leurs appareils photo, parcourant, en tous sens, la forêt avec l'espoir de capturer l'image parfaite du cerf en pleine vocalisation. Ces personnes ignorent souvent que des naturalistes sont en poste depuis plusieurs heures et attendent patiemment qu'un cerf veuille bien se présenter devant leur affût ou leur position.
Ces photographes avides de like 👍 s'aventurent, sans le savoir, dans des zones sensibles, perturbant l’équilibre fragile des écosystèmes. Leur intrusion dans les espaces de brame ou de repos des cervidés met en lumière un manque de considération pour le bien-être de la faune.
Bien que l'on puisse arguer (c'est vrai) que cette approche soit moins nuisible qu'une chasse réelle, il convient de se poser la question de la légitimité de ces pratiques. Sommes-nous témoins d’une crise d’autolâtrie moderne, où la satisfaction personnelle se substitue à la préservation de la nature ? La réponse à cette interrogation n'est pas évidente, mais elle mérite une réflexion profonde sur notre rapport aux animaux et à leur environnement.
Où photographier des cerfs ?
Ce paragraphe s'adresse plus particulièrement à ces personnes désireuses de rencontrer d'observer ou/et de photographier les cerfs au moment du brame.

© crédit Jean-Paul Lahache Cerf en liberté forêt ouverte. Affût

© crédit Jean-Paul Lahache Cerf en liberté forêt ouverte. Affût
Le nombre de photographies de cerfs en période de brame est en rapport avec les possibilités offertes par les milieux décrits ci-dessous.
Plusieurs options s'offrent donc aux photographes amateurs ou aux photographes occasionnels pour photographier des cerfs en période de brame.
Les cerfs peuvent être vus et photographiés :
- en forêts privées ouvertes ; 👍
- en forêts domaniales ouvertes ; 👍
- en forêts privées clôturées ; 👍👍👍👍
- en parc de vision ; 👍👍👍👍👍
- en enclos de chasse ; 👍👍👍👍👍
- en enclos d'élevage ; 👍👍👍👍👍
- en parc péri-urbain ; 👍👍👍
- en zoo ; 👍👍👍👍👍
- en parc à thème (consacré uniquement aux cerfs) 👍👍👍👍👍
Les chances d'observation et de prises de vues sont indiquées par une ou plusieurs 👍
Où il est question d'éthique.
L'absence de labellisation des photographies de cerfs publiées sur Internet soulève des questions quant à l'authenticité et à la pertinence de ces images. En effet, la diversité des milieux dans lesquels ces clichés sont réalisés peut considérablement influencer non seulement les conditions de prise de vue, mais également la représentation même des espèces concernées. Par exemple, un photographe en affût dans une propriété close, où les cerfs sont souvent en surnombre, bénéficie d'un environnement contrôlé qui favorise l'obtention de clichés spectaculaires. Dans ce contexte, les animaux, habitués à la présence humaine, présentent moins de craintes et se prêtent plus facilement à l’objectif.
À l'opposé, un photographe évoluant en forêt domaniale ouverte fait face à des défis bien plus importants. Les cerfs, souvent méfiants, sont moins enclins à se montrer, ce qui complique la tâche du photographe. De plus, ces animaux y vivent dans un habitat qui ne favorise pas leur observation aisée, car ils s'adaptent aux pressions de leur environnement naturel.
Les parcs à thème constituent un autre exemple révélateur. Dans ces milieux, les cerfs, bien plus nombreux et habitués aux interactions humaines, offrent des opportunités photographiques incomparables par rapport à leurs congénères vivant dans la nature sauvage. Dès lors, il est essentiel d'être critique face aux images de cerfs circulant en ligne, car sans indication sur le contexte de prise de vue, ces photographies peuvent induire en erreur et déformer la perception que l'on peut avoir de ces majestueux animaux dans leur habitat naturel.
À l'opposé, un photographe évoluant en forêt domaniale ouverte fait face à des défis bien plus importants. Les cerfs, souvent méfiants, sont moins enclins à se montrer, ce qui complique la tâche du photographe. De plus, ces animaux y vivent dans un habitat qui ne favorise pas leur observation aisée, car ils s'adaptent aux pressions de leur environnement naturel.
Les parcs à thème constituent un autre exemple révélateur. Dans ces milieux, les cerfs, bien plus nombreux et habitués aux interactions humaines, offrent des opportunités photographiques incomparables par rapport à leurs congénères vivant dans la nature sauvage. Dès lors, il est essentiel d'être critique face aux images de cerfs circulant en ligne, car sans indication sur le contexte de prise de vue, ces photographies peuvent induire en erreur et déformer la perception que l'on peut avoir de ces majestueux animaux dans leur habitat naturel.
L'éthique du photographe animalier.
Le métier de photographe animalier est souvent perçu comme un art, une quête de l'instant parfait où l'homme et la nature se rencontrent. Mais qu'en est-il de l'éthique derrière ces clichés ? Le photographe, doit-il faire preuve de pédagogie et révéler les lieux de ses prises de vue, au risque de perdre une part de son mystère ? C'est la question que soulève un débat qui agite régulièrement la communauté des amoureux de la nature.
L'attrait pour certaines espèces, comme le cerf, est tel que certains n'hésitent pas à franchir les lignes de la déontologie. Récemment, l'histoire d'un ouvrage sur la faune d'une célèbre forêt francilienne a fait couler beaucoup d'encre. Censé être une ode à la vie sauvage de ce lieu, le livre contenait en réalité de multiples clichés de (gros) cerfs photographiés à Boutissaint, un parc animalier connu pour son élevage. Pire encore, l'auteur avait scrupuleusement retouché ses photos pour effacer les étiquettes d'identification agrafées aux oreilles des animaux, une preuve de leur captivité.
Ces révélations parues sur un forum belge spécialisé dans la photographie, ont été corroborées par l'auteur lui-même. Ces faits qu'il n'est pas possible de qualifier d'anodins, ravivent les interrogations sur la nécessité d'une plus grande transparence. Si le photographe ne révèle pas ses sources, il peut, certes, préserver une aura de mystère et d'exclusivité. Mais en dissimulant la vérité, il prend le risque de trahir la confiance de son public et de dénaturer la réalité de son travail. La question est donc de savoir où se situe la frontière entre l'art et l'honnêteté, et si le désir de gloire ne l'emporte pas parfois sur l'amour de la faune.
L'attrait pour certaines espèces, comme le cerf, est tel que certains n'hésitent pas à franchir les lignes de la déontologie. Récemment, l'histoire d'un ouvrage sur la faune d'une célèbre forêt francilienne a fait couler beaucoup d'encre. Censé être une ode à la vie sauvage de ce lieu, le livre contenait en réalité de multiples clichés de (gros) cerfs photographiés à Boutissaint, un parc animalier connu pour son élevage. Pire encore, l'auteur avait scrupuleusement retouché ses photos pour effacer les étiquettes d'identification agrafées aux oreilles des animaux, une preuve de leur captivité.
Ces révélations parues sur un forum belge spécialisé dans la photographie, ont été corroborées par l'auteur lui-même. Ces faits qu'il n'est pas possible de qualifier d'anodins, ravivent les interrogations sur la nécessité d'une plus grande transparence. Si le photographe ne révèle pas ses sources, il peut, certes, préserver une aura de mystère et d'exclusivité. Mais en dissimulant la vérité, il prend le risque de trahir la confiance de son public et de dénaturer la réalité de son travail. La question est donc de savoir où se situe la frontière entre l'art et l'honnêteté, et si le désir de gloire ne l'emporte pas parfois sur l'amour de la faune.
Existe-t-il une charte du photographe naturaliste ?

© jean-paul Lahache Cerf en forêt domaniale ouverte

Un code d'honneur pourrait ressembler à cela :
Ce code d'honneur pourrait s'adresser à toutes les personnes qui, par leur passion pour la photographie, souhaitent documenter et témoigner de la beauté de la nature tout en la respectant. Il est fondé sur l'humilité, la discrétion et le respect de l'environnement, des animaux et de la législation en vigueur.
Intégrité et respect du milieu : le photographe naturaliste respecte l'intégrité de la nature et s'efforce de connaître le biotope dans lequel il opère. Il minimise l'impact de sa présence et de celle de ses accompagnateurs.
Limitation des artifices : le photographe est un témoin de la nature. Il limite l'utilisation de méthodes et d'artifices susceptibles de perturber les animaux ou leur environnement. Il adapte sa technique à la nature et non l'inverse.
Limitation des artifices : le photographe est un témoin de la nature. Il limite l'utilisation de méthodes et d'artifices susceptibles de perturber les animaux ou leur environnement. Il adapte sa technique à la nature et non l'inverse.
Protection des espèces et des écosystèmes : Le photographe s'engage à respecter les écosystèmes, en particulier ceux qui sont protégés.
Transmission du savoir : le photographe naturaliste transmet les règles de bonne conduite dans la nature. Il informe les personnes ayant des comportements inappropriés et les sensibilise aux conséquences de leurs actions.
Législation et éthique : le photographe respecte les lois et réglementations civiles liées à son activité.
Transmission du savoir : le photographe naturaliste transmet les règles de bonne conduite dans la nature. Il informe les personnes ayant des comportements inappropriés et les sensibilise aux conséquences de leurs actions.
Législation et éthique : le photographe respecte les lois et réglementations civiles liées à son activité.
Partage des connaissances : le photographe renseigne sur les conditions dans lesquelles ses prises de vues ont été réalisées afin de favoriser une pratique transparente et responsable.
Le photographe naturaliste, par son regard et son émotion, s'engage à être le témoin de l'histoire naturelle. Il utilise ses compétences pour partager la beauté de la vie et sensibiliser le public aux merveilles de notre planète.
Le photographe naturaliste, par son regard et son émotion, s'engage à être le témoin de l'histoire naturelle. Il utilise ses compétences pour partager la beauté de la vie et sensibiliser le public aux merveilles de notre planète.
Et il prend du plaisir à côtoyer la nature et ses habitants.
Qu'en est-il du photographe professionnel de nature ?
Le Paradoxe de l'Objectif : éthique et Profit dans la Photo de Nature
Dans un monde où les scandales liés au pouvoir, à l’argent et à la célébrité semblent omniprésents, la photographie professionnelle de nature ne fait pas exception à cette règle. À première vue, les photographes naturalistes sont souvent perçus comme des fervents défenseurs de la biodiversité, des amoureux de la faune et de la flore. Ils sont les yeux qui nous montrent la beauté fragile de notre planète. Pourtant, derrière l'objectif, se cache parfois une réalité moins romantique. L'idéal de conservation peut s'entrechoquer avec les impératifs du marché, créant de profonds dilemmes.
La Tentation de l'Image Parfaite
De nombreux professionnels se retrouvent pris dans un dilemme éthique fondamental : comment concilier passion et profit ? La nécessité de générer des revenus pour continuer à exercer cette profession exige des images non seulement belles, mais aussi percutantes et uniques. Les concours de photographie prestigieux, prisés pour la visibilité internationale qu'ils offrent, peuvent malheureusement encourager des pratiques discutables. On parle notamment de la manipulation excessive de l'environnement naturel – déplacer des éléments, stresser la faune, ou utiliser des appâts non-éthiques – dans la quête obsessionnelle de "l'image parfaite".
De plus, l'ère des réseaux sociaux a exacerbé cette course à la sensation. Le besoin d'attirer l'attention et de générer du contenu viral renforce cette tendance, où le sensationnalisme prime souvent sur la vérité écologique. Une photo dramatique, quitte à altérer la réalité ou l'habitat, récolte plus de clics qu'un cliché honnête mais moins spectaculaire.
Célébrité, Intégrité et accommodements.
Au-delà de l'aspect commercial pur, la célébrité peut également engendrer des dérives inattendues. Certains photographes, devenus des figures médiatiques et des influenceurs reconnus, peuvent être tentés d’adopter des positions controversées pour maintenir leur *buzz*, ou pire, de soutenir des entreprises aux pratiques environnementales douteuses. Accepter un partenariat avec une industrie polluante, par exemple, met gravement en péril leur intégrité artistique et la cause même qu'ils prétendent défendre. Le message de conservation perd toute crédibilité quand il est monnayé de manière cynique.
Un Appel à l'Authenticité
Il devient donc crucial de questionner l’authenticité et l’éthique de ces acteurs de la photographie de nature. Le public et les institutions se doivent d'être plus vigilants. Comment garantir que leur travail contribue réellement à la protection de notre planète plutôt qu’à leur propre enrichissement personnel ? Face à ces enjeux, une prise de conscience collective s'impose. En valorisant et en récompensant une photographie honnête, respectueuse et éthique, nous pouvons aider à redonner du sens à cette discipline si essentielle à la préservation de notre biodiversité. C'est à la communauté photo de rappeler que la plus belle des images est celle qui est prise sans nuire.
Dans un monde où les scandales liés au pouvoir, à l’argent et à la célébrité semblent omniprésents, la photographie professionnelle de nature ne fait pas exception à cette règle. À première vue, les photographes naturalistes sont souvent perçus comme des fervents défenseurs de la biodiversité, des amoureux de la faune et de la flore. Ils sont les yeux qui nous montrent la beauté fragile de notre planète. Pourtant, derrière l'objectif, se cache parfois une réalité moins romantique. L'idéal de conservation peut s'entrechoquer avec les impératifs du marché, créant de profonds dilemmes.
La Tentation de l'Image Parfaite
De nombreux professionnels se retrouvent pris dans un dilemme éthique fondamental : comment concilier passion et profit ? La nécessité de générer des revenus pour continuer à exercer cette profession exige des images non seulement belles, mais aussi percutantes et uniques. Les concours de photographie prestigieux, prisés pour la visibilité internationale qu'ils offrent, peuvent malheureusement encourager des pratiques discutables. On parle notamment de la manipulation excessive de l'environnement naturel – déplacer des éléments, stresser la faune, ou utiliser des appâts non-éthiques – dans la quête obsessionnelle de "l'image parfaite".
De plus, l'ère des réseaux sociaux a exacerbé cette course à la sensation. Le besoin d'attirer l'attention et de générer du contenu viral renforce cette tendance, où le sensationnalisme prime souvent sur la vérité écologique. Une photo dramatique, quitte à altérer la réalité ou l'habitat, récolte plus de clics qu'un cliché honnête mais moins spectaculaire.
Célébrité, Intégrité et accommodements.
Au-delà de l'aspect commercial pur, la célébrité peut également engendrer des dérives inattendues. Certains photographes, devenus des figures médiatiques et des influenceurs reconnus, peuvent être tentés d’adopter des positions controversées pour maintenir leur *buzz*, ou pire, de soutenir des entreprises aux pratiques environnementales douteuses. Accepter un partenariat avec une industrie polluante, par exemple, met gravement en péril leur intégrité artistique et la cause même qu'ils prétendent défendre. Le message de conservation perd toute crédibilité quand il est monnayé de manière cynique.
Un Appel à l'Authenticité
Il devient donc crucial de questionner l’authenticité et l’éthique de ces acteurs de la photographie de nature. Le public et les institutions se doivent d'être plus vigilants. Comment garantir que leur travail contribue réellement à la protection de notre planète plutôt qu’à leur propre enrichissement personnel ? Face à ces enjeux, une prise de conscience collective s'impose. En valorisant et en récompensant une photographie honnête, respectueuse et éthique, nous pouvons aider à redonner du sens à cette discipline si essentielle à la préservation de notre biodiversité. C'est à la communauté photo de rappeler que la plus belle des images est celle qui est prise sans nuire.
Au fil de mes cinquante années passées à arpenter les forêts et les champs, l'appareil photo à la main, j'ai vu notre relation à la nature se transformer de façon radicale. J'ai commencé à une époque où la photographie naturaliste était une discipline exigeante, réservée à un cercle de passionnés. Chaque cliché était le fruit d'une longue patience et d'un savoir-faire technique, les contraintes de l'argentique nous obligeant à être minutieux et à ne pas gaspiller la pellicule.
Aujourd'hui, l'ère du numérique a tout changé. La photographie s'est démocratisée, et l'accès à du matériel performant est à la portée de presque tout le monde. Les réseaux sociaux ont pris le relais des galeries traditionnelles, nous permettant d'exposer nos clichés à un public immense et instantané. C'est une chance extraordinaire de pouvoir partager la beauté du monde sauvage avec tant de personnes, de sensibiliser un large public à sa richesse. Mais c'est aussi un paradoxe.
En même temps que la photographie s'est ouvert au plus grand nombre, la nature, elle, est devenue plus rare et plus précieuse. Face à la dégradation des milieux naturels, les photographes amateurs, se trouvent contraints de chercher des lieux où l'observation des animaux est garantie. Il n'est plus rare de devoir payer pour accéder à des sites (ce que je me refuse à faire), une pratique que beaucoup de professionnels ont déjà adoptée depuis des décennies.
Ces photographies, si parfaites et si magnifiques, témoignent finalement d'un monde qui n'existe pratiquement plus. Un monde sauvage, libre, que l'on immortalise souvent dans des cadres plus proches d'un décor de théâtre que de son habitat naturel. C'est le reflet d'une nature idéalisée, celle que nous aimerions voir, mais qui s'éloigne chaque jour un peu plus.
la situation paradoxale du Cerf élaphe dans nos forêts.
La situation du cerf élaphe dans les forêts françaises est paradoxale. D'un côté, il est une figure emblématique de la faune sauvage, admiré et recherché par les photographes et les amoureux de la nature. De l'autre, sa présence et sa population sont étroitement contrôlées, voire limitées, par les gestionnaires forestiers et les instances cynégétiques.
Cette gestion, souvent axée sur la régulation de la population pour des raisons sylvicoles et agricoles, crée une tension. Les photographes, qui cherchent à capturer la splendeur de l'animal dans son habitat naturel, se retrouvent souvent face à une faune dont le nombre et le comportement sont artificiellement influencés. Il y a une réelle frustration chez les photographes devant se contenter de ce que l'on "veut bien leur laisser en vie".
Le cerf, symbole de liberté et de majesté, se trouve ainsi paradoxalement relégué au statut de ressource à gérer, son sort dépendant des intérêts économiques et environnementaux de l'homme plutôt que du libre cours de la nature.
Photographier des cerfs en parc.
Vous pouvez :
- fréquenter des parcs animaliers ;
- contacter des propriétaires qui élèvent des cerfs pour les chasser ;
- vous rendre dans un zoo ;
- Réserver votre séjour auprès des structures comme le parc de Chambord, Rambouillet, Boutissaint, Sainte-croix, etc.
Photographier des cerfs en liberté.
Si vous voulez observer des cerfs durant le brame, dans des forêts en libre accès.
et satisfaire peut-être un ego surdimensionné je vous conseille tout d'abord de réfléchir aux points suivants :
- vous n'êtes pas le (la) seul à vouloir vivre des moments inoubliables ;
- vous ne serez pas le (la) seul à poster des photos de cerf sur la toile ;
- des photographes passionnés et respectueux de leurs sujets seront en forêt pour observer les cerfs ;
- des photographes seront en affût bien avant que vous ne sautiez de votre lit ;
- des photographes seront toujours en affût lorsque, rentré chez vous, vous allumerez votre poste de télé pour suivre la marche du monde ;
- vous pouvez tout à fait suivre le brame et faire de belles photos en restant sur les chemins.
En guise de conclusion.
Qui ne saurait être une leçon de morale !
Il est essentiel de rappeler que la nature appartient à tous. Chacun a le droit de profiter des merveilles qu'elle offre, que ce soit en se promenant en forêt, en cueillant des champignons, ou en pratiquant des activités comme le VTT ou le jogging. Toutefois, ce plaisir doit s'exercer le plus possible dans le respect des réglementations en place et des droits de propriété (jugés parfois injuste à juste titre) .
👴Je reste un fervent défenseur du "droit d’itinérance" ou "droit d’accès du public" appelé Allemannsretten en Norvège LIEN
Si vous avez pris le temps de lire cet article, c'est probablement parce que vous êtes passionné par l'observation des cerfs. Je souhaite que ces quelques lignes vous aient permis d'en apprendre davantage sur cette expérience fascinante, tout en vous sensibilisant à l'importance de partager ces espaces naturels avec d'autres amoureux de la nature.
Il est primordial de veiller à ce que notre curiosité n'empiète pas sur le bonheur des autres usagers. Soyons attentifs aux règles imposées par la nature, particulièrement durant cette période du brame, et faisons preuve de respect envers les écosystèmes dans lesquels nous évoluons. En agissant ainsi, nous pouvons essayer modestement de contribuer à préserver la beauté des espaces naturels pour les générations futures. Profitons donc de nos explorations en pleine nature, tout en gardant à l'esprit ces valeurs fondamentales.
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| Chassé, découpé, engrillagé, persécuté, empêché, encensé, adoré, détesté |
Pour résumer la situation actuelle du cerf en France.
Le cerf, emblème de la faune sylvestre, évolue en liberté dans les forêts et leurs abords, jouant un rôle essentiel dans l'écosystème forestier. Cependant, sa coexistence avec l'homme engendre des tensions significatives, liées à des intérêts souvent divergents. D’une part, le cerf est perçu comme un patrimoine naturel à protéger, représentant une biodiversité précieuse. D’autre part, il est parfois considéré comme un nuisible par les agriculteurs, qui voient dans sa présence une menace pour leurs cultures, ainsi que par les forestiers, dont les pratiques de gestion des forêts peuvent être perturbées par des populations de cerfs en augmentation.
Les enjeux spatiaux liés à la présence du cerf se manifestent donc à plusieurs niveaux. À l’échelle locale, la gestion des populations de cerfs doit tenir compte des dynamiques écologiques tout en conciliant les attentes des acteurs humains. La surpopulation peut entraîner des dégradations des écosystèmes, notamment par un abroutissement excessif, tandis qu'une régulation trop sévère peut nuire à la préservation de l’espèce.
Par ailleurs, la question de la privatisation de la nature se pose. L’accès des promeneurs à certaines zones forestières peut être restreint pour protéger les habitats du cerf, soulevant des dilemmes éthiques et sociaux. Ainsi, le cerf apparaît non seulement comme un acteur clé de la biodiversité, mais aussi comme un révélateur des tensions entre conservation et exploitation des ressources naturelles, nécessitant une approche intégrative et durable dans la gestion des territoires forestiers.
👴 Bon à savoir : dans cet article, je passe sous silence et ne tiens aucun compte des conseils avisés, concernant les précautions à prendre durant la période du brame, donnés par ceux qui précipitent sa disparition ou sa dénaturation : gestionnaires forestiers, aménageurs en tout genre, syndicats d'initiatives, et autres !










Bonjour Jean-Paul, Merci pour cet article intéressant mais un peu culpabilisant pour une amoureuse de la nature et de la faune comme moi.Je suis novice en photographie et n’ai pas de compétence en matière de biodiversité. Toutefois, chaque jour, je parcours des chemins parfois en bordure de forêt autour de chez moi(après avoir demandé l’autorisation à tous les agriculteurs voisins). Je n’ai jamais vu de cerf (sauf de loin en voiture)
RépondreSupprimeret s’il est vrai que j’aimerais voir et photographier cet animal si impressionnant, j’aimerais que ce soit par hasard et hors période de rut. Tu as raison, je ne suis pas prête et ni capable de rester dix heures en affût ; c’est pourquoi je me contente de croiser des chevreuils à côté de chez moi en m’efforçant toujours de ne pas leur faire peur.
Je pense qu’il est bon de rappeler que la nature ne nous appartient pas et que nous devons la respecter
Bien cordialement,
Anne
Un grand merci pour votre retour si aimable et sincère concernant mon article. Votre message est très pertinent.
SupprimerJe suis navré si mes mots ont pu générer une quelconque culpabilité ; ce n'était absolument pas mon intention. Au contraire, votre démarche est l'exemple parfait d'une approche respectueuse que je souhaitais encourager. Votre passion pour la nature et votre souci de la faune, même en tant que novice, sont admirables. Le fait de vous contenter d'observer les chevreuils autour de chez vous, en veillant à ne jamais les effrayer, est une belle preuve de votre respect pour la nature. Le hasard est souvent le meilleur des guides pour la photo animalière, et votre souhait de croiser un cerf hors période est la preuve de votre implication dans la préservation de la faune sauvage .Votre rappel selon lequel "la nature ne nous appartient pas et que nous devons la respecter" est essentiel et mérite d'être souligné. C'est l'idée maîtresse que j'aurais dû mettre davantage en lumière.
Continuez vos belles promenades, Anne. Le respect que vous témoignez est plus précieux que n'importe quelle photographie.
Bien cordialement,
Jean-Paul