2020 Article 075
Où et comment faire des photographies de Cerf élaphe 2020 075 -
© crédit Jean-Paul Lahache Forêt ouverte domaniale Affût. |
Il chasse pour capturer des images, des sons, des silences, des héritages, des fantômes, ou des animaux pour les mettre à mort.
Je laisse de côté les domaines que je ne maîtrise pas ou que j'abhorre !
Je parlerai donc d'une discipline que je pense connaître, celui de la photographie animalière et plus précisément de la chasse photographique en période de brame.
Il me semble, avant de poursuivre mon propos, que le cerf, mort ou vivant, reste de toute façon, un trophée à exhiber.
Le brame est un moment important pour la reproduction de l'espèce Cervus elaphus. C'est une période attendue par les naturalistes, les mammalogistes et les photographes passionnés de nature.
Pendant une trentaine de jours (approximativement) cet animal d'ordinaire si craintif prend des risques inconsidérés quittant fréquemment le couvert forestier où il vit habituellement (sauf rares exceptions comme par exemple en Écosse).
Il suffit de parcourir les sites dédiés à la photographie, ou les réseaux dits "sociaux" pendant cette période de brame pour constater une profusion de photographies de notre animal. Il semblerait donc qu'il soit relativement facile de "faire" une photo de cerf en rut.
Par contre les photographies de Cerf élaphe en période "normale" relèvent du hasard ou d'une grande connaissance de ses habitudes ; de toute façon, elles sont plus rares.
Comment sont obtenues ces photographies.
Pour un néophyte, prendre une photo de cerf en train de bramer (c'est le cri qu'il pousse durant la période des amours.) relève de l'exploit, or il n'en est rien, à condition toutefois de perdre toute mesure !
Il existe plusieurs méthodes pour immortaliser cet animal mythique en cette période de brame, je vais essayer de les passer en revue :
La chasse photographique.
La chasse photographique et ses deux techniques, l'affût et la billebaude.
L'affût.
Le chasseur photographe va passer des heures dans une cachette en attendant que l'animal veuille bien se présenter devant l'objectif. Inutile de vous expliquer que peu de personnes osent cette technique, dévoreuse de temps. La pratique de l'affût demande avant tout, de très bonnes connaissances naturalistes et de la persévérance. Elle est réservée aux puristes.
La billebaude.
Le photographe pratiquant la billebaude parcourt au petit bonheur, disons le, chemins et halliers en essayant de multiplier les rencontres.
La billebaude mitigée d'affût.
Cette technique repose sur les deux techniques précédentes à savoir :
- parcourir, en tenant compte du vent LIEN, un itinéraire reconnu d'avance ;
- faire des arrêts plus ou moins longs sur différentes places d'affût reconnues elles aussi à l'avance.
Cette technique consiste à repérer, débusquer, suivre, poursuivre, traquer le cerf en train de bramer.
L'arrivée du numérique et des appareils utilisant cette technique rend possible ce genre de comportement. Les réseaux dits sociaux contribuent à ces dérives. Les photographies postées ne sont plus au service de la faune et du beau, mais deviennent des trophées offerts à nos "regards ébahis" !
Cette année encore, je dois me montrer pédagogue face à des individus armés de bridge parcourant la forêt en tous sens dans l'espoir de photographier le cerf qu'ils viennent d'entendre bramer.
Ces personnes font peu de cas des naturalistes installés bien avant le lever du soleil dans leur minuscule abri, attendant que l'animal se montre. Peu leur importe, également, de pénétrer dans les zones de remise (là où les animaux passent leur journée au calme) la forêt est à tout le monde (du moins, le pensent-ils). Cette recherche absolue du cliché est t-elle le signe d'une crise d'autolâtrie !
Mais me direz-vous : « Cette
technique, peu respectueuse des règles, est tout de même moins dangereuse pour
l'animal qu'une balle expédiée par un tireur embusqué sur une place de
brame ! »
Je ne sais pas quoi vous répondre.
Où photographier des cerfs.
© crédit Jean-Paul Lahache Cerf en liberté Forêt communale ouverte affût
© crédit Jean-Paul Lahache Cerf en liberté Forêt communale ouverte affût
Le nombre de photographies de cerfs en période de brame est en rapport avec les possibilités offertes par les milieux décrits ci-dessous.
Plusieurs options s'offrent donc aux naturalistes, aux photographes amateurs, aux professionnels ou aux photographes occasionnels pour photographier des cerfs en période de brame.
Les cerfs peuvent être vus et photographiés :
- en forêts privées ouvertes ; 👍
- en forêts domaniales ouvertes; 👍
- en forêts privées ; 👍👍
- en parc de vision ; 👍👍👍👍
- en enclos de chasse ; 👍👍👍👍👍
- en enclos d'élevage ; 👍👍👍👍👍
- en parc péri-urbain ; 👍👍👍
- en zoo ; 👍👍👍👍👍
- en parc à thème (consacré uniquement aux cerfs) 👍👍👍👍👍
Les chances d'observation et de prises de vues sont indiquées par une ou plusieurs 👍
Il n'existe pas de label apposé à chaque photographie de cerf publié. Sur la toile se côtoient donc des photographies prises dans des milieux bien différents. Un photographe en affût dans une propriété close où les animaux, généralement en surnombre (comparé aux forêts domaniales ouvertes), attendant d'être chassés, aura beaucoup plus de chance qu'un photographe affûtant en forêt domaniale ouverte où les mangeurs de bourgeons ne sont pas bien vus. Les parcs à thème où les cerfs sont beaucoup plus nombreux et moins craintifs, sont eux aussi beaucoup plus facile à mettre en boîte que des cerfs survivants dans des forêts domaniales ouvertes.
Se pose donc la question suivante.
Le photographe, doit-il faire œuvre de pédagogie en indiquant le lieu où ont été réalisées les prises de vue ?
Le risque est grand, me direz-vous, s'il le fait, de perdre une certaine aura auprès de ses thuriféraires !
Pour illustrer l'attrait qu'exerce cet animal sur chacun de nous (photographes) il me suffit de vous relater les faits suivants :
il y a quelques années, paraît un ouvrage consacré aux cerfs d'une célèbre forêt d'Île de France. Ce livre censé donner un aperçu de la faune de cette forêt contient de très trop nombreuses photographies de cerf réalisées à Boutissaint . La photo de couverture fait partie du lot ! L'auteur reconnaît, un peu plus tard, les faits sur un forum de photographie. Il avait pris soin d'effacer les étiquettes d'identification, agrafée aux oreilles des animaux, avec un logiciel de retouche !
Existe-t-il une charte du photographe naturaliste ?
© crédit Jean-Paul Lahache Cerf en liberté. Forêt domaniale ouverte affût.
© crédit Jean-Paul Lahache Cerf en liberté. Forêt domaniale ouverte affût.
Certaines entités ont élaboré avec, et pour leurs membres, des règles concernant la photographies des animaux sauvages. Elles n'ont rien de coercitif, bien entendu.
Voici à titre d'exemple une chartes provenant de la SPHN.
Société de Photographie d'Histoire Naturelle
Notre charte
Rencontre du photographe naturaliste et du naturaliste photographe, le photographe d’histoire naturelle de la SPHN observe la nature et témoigne par l’image. Il adopte la déontologie suivante :
Il respecte le droit de la nature
Il respecte l’intégrité de la nature
Il rapporte avec discernement ses observations aux autorités et associations compétentes
Il respecte le droit civil lié à son activité
Le photographe de la SPHN adopte l’attitude du naturaliste respectueux du milieu :
Il apprend à connaître et respecte le biotope où il opère
Humble et discret, il limite autant que possible l’impact de sa présence et de ses accompagnateurs
Témoin, il limite le recours à l’artifice et en mesure les conséquences
Il adapte sa technique à la nature et non pas la nature à sa technique.
Le photographe naturaliste de la SPHN use de ses compétences pour :
Transmettre les règles du comportement dans la nature
Informer les auteurs de conduites maladroites
Respecter les écosystèmes naturels et plus particulièrement ceux qui font l’objet d’une protection
Renseigner sur les conditions de prises de vues.
Association régie par la loi du 1/7/1901, créée en 1954 par Jean-Marie Bauffle alors directeur du service photo-cinéma du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (M.N.H.N.), elle a pour but de favoriser le développement de l’art photographique et cinématographique appliqués aux sciences naturelles. Elle comporte environ 60 membres, franciliens pour la majorité d’entre eux, et a la particularité d’accueillir des photographes naturalistes et des naturalistes photographes de tous horizons. Notre volonté est de montrer l’histoire naturelle par le témoignage en image des évènements anciens et des scènes vivantes actuelles, par les regards, les émotions et les coups de foudre de photographes naturalistes conquis par les atours de la planète.
Notre charte
Rencontre du photographe naturaliste et du naturaliste photographe, le photographe d’histoire naturelle de la SPHN observe la nature et témoigne par l’image. Il adopte la déontologie suivante :
Il respecte le droit de la nature
Il respecte l’intégrité de la nature
Il rapporte avec discernement ses observations aux autorités et associations compétentes
Il respecte le droit civil lié à son activité
Le photographe de la SPHN adopte l’attitude du naturaliste respectueux du milieu :
Il apprend à connaître et respecte le biotope où il opère
Humble et discret, il limite autant que possible l’impact de sa présence et de ses accompagnateurs
Témoin, il limite le recours à l’artifice et en mesure les conséquences
Il adapte sa technique à la nature et non pas la nature à sa technique.
Le photographe naturaliste de la SPHN use de ses compétences pour :
Transmettre les règles du comportement dans la nature
Informer les auteurs de conduites maladroites
Respecter les écosystèmes naturels et plus particulièrement ceux qui font l’objet d’une protection
Renseigner sur les conditions de prises de vues.
Association régie par la loi du 1/7/1901, créée en 1954 par Jean-Marie Bauffle alors directeur du service photo-cinéma du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (M.N.H.N.), elle a pour but de favoriser le développement de l’art photographique et cinématographique appliqués aux sciences naturelles. Elle comporte environ 60 membres, franciliens pour la majorité d’entre eux, et a la particularité d’accueillir des photographes naturalistes et des naturalistes photographes de tous horizons. Notre volonté est de montrer l’histoire naturelle par le témoignage en image des évènements anciens et des scènes vivantes actuelles, par les regards, les émotions et les coups de foudre de photographes naturalistes conquis par les atours de la planète.
Voilà plus de quarante années que je pratique le chasse photographique et la photographie naturaliste, j'ai observé durant cette courte période un changement radical de notre perception de la nature.
La photographie s'est "démocratisée" le numérique nous a permis de "faire" des photographies plus facilement, avec beaucoup moins de contraintes qu’auparavant. Le matériel performant est à la portée de tout le monde, le numérique et les réseaux dits "sociaux" nous permettent de faire des expositions pratiquement sans frais et de toucher un très large public. Le regard porté sur la nature a changé, la nature devient rare, elle devient précieuse et parfois coûteuse.
Face à la disparition de la nature et aux agressions diverses des milieux naturels les photographes amateurs sont condamnés à rechercher des endroits où ils sont certains de pouvoir observer des animaux et au besoin de payer (comme le font déjà beaucoup de professionnels) pour assouvir leur passion.
Les photographies rendent compte, finalement, d'un monde idéalisé qui disparaît chaque jour un peu plus.
Une petite vidéo explique la situation de la nature en Suisse, mais elle peut être appliquée à l'état général de la nature chez nous en France.
Quelques photographes partagent ce point de vue.
(1) 🔺Dans cet article je passe sous silence et ne tiens aucun compte des conseils avisés, concernant les précautions à prendre durant la période du brame, donnés par ceux qui précipitent sa disparition ou sa dénaturation : gestionnaires forestiers, nemrods, et aménageurs en tout genre.
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