( 2023 11 ) Marquage de territoire - Crottes - Laissées - Fèces - Renard roux - Bottes de paille -

Cet article revu, corrigé et augmenté paru une première fois le 31 décembre 2013 a été lu 3236 fois.

Pourquoi le Renard roux dépose-t-il ses crottes sur les chemins qu'il emprunte ?

 

Les Glandes odoriférantes.

La plupart des mammifères possèdent des glandes odoriférantes produisant des sécrétions contenant des phéromones et d'autres composés. Ces sécrétions fournissent des informations sur le statut de l'animal, son humeur et sur ses dispositions sexuelles. L'odeur peut être perçue ou pas de façon inconsciente. L'Homme ne perçoit ces odeurs qu'en de très rares circonstances. Le brame, par exemple, reste une période privilégiée pour faire connaissance avec les sécrétions olfactives du cerf en rut facilement détectable. Les sécrétions olfactives du Renard roux sont présentes tout au long de l'année avec un pic au moment du rut. 

 

Rôle des glandes odoriférantes chez le renard :

Renarde en train de déposer une crotte à un emplacement précis.

Le Renard roux utilise ses glandes odoriférantes pour marquer :

- son territoire ;
- ses congénères, et plus particulièrement ses jeunes appelés, renardeaux* ;
- des proies, trop volumineuses pour être emportées, consommées sur place ;
- ses coulées, et ses passages particuliers ;
- son terrier, plus particulièrement lors de l'élevage des jeunes.*

Elles jouent donc un rôle essentiel pour l'identification et la reconnaissance des individus. 
* évitons d'utiliser le terme de bébés pour parler des jeunes animaux. La langue française est si bien faite qu'il existe un nom désignant les jeunes pour, pratiquement, chaque espèce !

Rôle de l'urine.

Photo aimablement mise à ma disposition par Olivier GUDER.

L'urine très parfumée du Renard roux, particulièrement à l'époque des amours, sert comme les laissées (crottes) également au marquage du territoire, des proies, des coulées, du ou des terriers. Impossible à repérer sur le terrain sauf par temps de neige, comme ci-dessous.

 

 

Quelques gouttes suffisent pour que le marquage soit effectif

 

Reconnaître cette odeur ne pose aucune difficulté, une fois identifiée impossible de l'oublier. Faites appel à un spécialiste qui saura vous initier.

NB : il est impossible à l'heure actuelle de définir avec précision si l'odeur de l'urine dépend d'un processus chimique ou de glandes. 

Localisation des glandes odoriférantes.

Deux glandes anales (01) situées de part et d'autre de l'anus servent à "parfumer" les laissées appelées également fèces ;
Une glande située sur la queue (02)  appelée, glande supra-caudale ou glande à violette en raison de l'odeur émise, servant probablement au marquage durant le rut. Son rôle est encore mal connu.
Nous notons également la présence de glandes odoriférantes (04) entre les pelotes (ou orteils) des pattes.
Nb : certains auteurs mentionnent la présence de glandes aux pattes antérieures tandis que d'autres les signalent aux quatre pattes !
Cet inventaire ne saurait être complet sans évoquer la présence de glandes à la commissure des lèvres (03) .

Les marquages ou dépôts de crottes laissées ou fèces.

Inutile de rappeler, si vous êtes un fidèle lecteur, que les fèces et l'urine des carnivores, ne sont pas déposées au hasard. Elles sont disposées, au contraire des herbivores par exemple, bien en vue et à bon vent.
Cette utilisation des déjections, dans un but de marquage, est une spécificité de la famille des canidés.

Au cours de mes pérégrinations je trouve parfois des marquages de renards bien singuliers, comme celui-ci.

 

Il s'agit de trois dépôts faits au même endroit, par un (ou plusieurs ?) renard.
Rien d'exceptionnel me direz-vous, mais avez vous remarqué les petites choses rondes ou oblongues en dessous des laissées du renard ?
Il s'agit de fumées de cerf ou de biche ! Voyez [ici] mon excellent article à ce sujet.
Que signifie donc ce curieux marquage, les cervidés sont des herbivores et ils  n'entrent pas en compétition avec les carnivores pour défendre territoire ou proies !
Ces dépôts sont bien trop "ciblés" pour être dû au simple hasard. Il s'agit bien de dépôts intentionnels.
Pourquoi ce (ces) renard a-t-il déposé à trois reprises ses laissées sur ces fumées de cervidés ?
Encore une fois, cette question amène plus d'interrogations que d'éléments de réponse.
Sur la vue ci-dessous, j'ai déplacé légèrement les différents éléments pour rendre la photo plus compréhensible.

Voici un autre marquage que nous pouvons qualifier de  "sur-marquage" très intéressant lui aussi.

Il s'agit cette fois de deux dépôts de Renard roux sur un dépôt de Martre. Dans ce cas nous sommes en présence de deux animaux au régime alimentaire très proches.
La compétition, pour les proies et les zones de chasse, peut paraître fondée.

 La laissée torsadée est typique des mustélidés

Ces dépôts ont été faits sur un tronc enjambant un bras mort d'une petite rivière.
Ils ne sont pas là, comme dans le cas précédent, par hasard, il s'agit bien de dépôts intentionnels.
La disposition des laissées ne me permet pas de fixer la chronologie des dépôts.

D’après leur disposition je penche, mais il ne s'agit que d'une hypothèse, pour l'ordre suivant : martre, renard, renard.

Des lieux de marquages originaux.

Le Renard roux ne manque pas d'imagination pour trouver des endroits où ses crottes peuvent diffuser leur odeur dans un rayon maximum.

Bottes de paille ou de foin.

Les bottes servent de perchoir :

Il est assez fréquent de découvrir pendant la fenaison ou pendant les moissons quelques indices de présence abandonnés sur les bottes de paille ou de foin.

Les rapaces y abandonnent des pelotes de réjection. Rien d'exceptionnel dans ce cas.

Pelote rejetée là par un rapace.

Pelote une fois décortiquée

Dernièrement et à plusieurs reprises j'ai pu observer des laissées de Renard roux déposées bien en évidence sur ces bottes ! Un cas beaucoup moins fréquent.

 

Laissée déposée intentionnellement par un renard.

 

Si je comprends bien le Renard roux monte là exprès pour y faire sa crotte ? 

Comment diable saute-t-il aussi haut ?

C'est par le plus grand des hasard que j'ai pu assister à la manœuvre, en deux temps trois mouvements le voici en haut de la botte !

 

 

Il ne saute pas, comme je le pensais, mais s'agrippe aux filets maintenant la botte.

Et pour redescendre, même manœuvre.

 

 

 Dans un autre champ fauché, même technique pour cet autre renard.

 

 

 J'ai écrit beaucoup de notes sur le Renard roux, vous pouvez les consulter en allant sur cette page de liens.

Liens vers Renard roux.

 

 

 

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