Transport de Graines / Comment débuter en coprologie / 2016 083

 

Endozoochorie, le transport de graines par les animaux.


 
Les hasards de l'évolution produisent des phénomènes très intéressants, l'endozoochorie fait partie de ceux là.

Définition.

L'endozoochorie peut être définie comme : un transport de graines par le système digestif des animaux.
Certaines graines contenues dans les fruits consommés par les animaux ont une enveloppe extérieure résistante aux acides du système digestif.
Traversant sans dommage le système digestif de l'animal, elles sont rejetées, sans altération de leur capacité germinative, à des distances parfois très importantes du lieu où elles ont été consommées. Certains auteurs estiment également que le passage dans le système digestif des animaux pourrait accélérer la germination de certaines graines.

Le cas intéressant du cynorhodon. 

 

 
Le cynorhodon est le fruit ou plutôt le "faux" fruit du rosier sauvage.
Durant l'Antiquité, une croyance voulait qu'il guérisse de la rage, d'où son nom latin
Il existe de nombreuses variétés de ce rosier qui seraient à l'origine de nos roses actuelles.


Pharmacopée.



Le cynorhodon, peu connu de nos contemporains, est pourtant un fruit (faux fruit) plein de ressources, jugez plutôt :
Principes actifs : - Vitamine C, vitamines B, tanins, flavonoïdes.
Effets : - Action sur le système immunitaire grâce à la vitamine C, action anti-inflammatoire sous forme de poudre.
Indications : - lors d'hypovitaminose C (le cynorhodon est riche en vitamine C)
- contre les refroidissements (effet préventif dû à la vitamine C)
- en cas de douleurs rhumatismales et plus particulièrement contre l'arthrose (l'effet serait prouvé par des études cliniques)

- ou en cas de mal de dos.

Texte extrait de : http://www.pharmapro.ch/fr/N2698/phytotherapie/cynorhodon.html
 

Relation avec les animaux.

Certains auteurs, n'hésitent pas à affirmer que le Rosier sauvage Rosa canina a choisi l'apparence de ses fruits, afin d'exciter l'appétit des animaux. Cette relation permettrait aux plantes de voyager !
Il ne s'agit, en fait,  que d'un pur hasard de l'évolution. 

Période de fructification.

Les cynorhodons arrivent en général à maturité en automne et plus particulièrement à l'entrée de l'hiver. Présents une grande partie de la saison froide sur le rosier, ils tombent à terre pratiquement blets. Sur l'arbre ou à terre ils deviennent une source de nourriture providentielle lorsque sévit la disette.
 

Différents stades de maturation. 


Le Renard roux Vulpes vulpes et les cynorhodons. 


 
Le Renard roux est un opportuniste, il adapte son régime alimentaire  aux conditions extrêmes, naturelles ou anthropiques.
Le sol, parsemé de cynorhodons sous les rosiers sauvages, ne tarde pas à devenir un lieu de restauration très fréquenté.
Ce ne sont pas les crottes de notre ami qui démentiront mes propos ! 
 

 
Nota : La coprologie fait partie de mes passions. Cette discipline étudie les excréments des animaux afin d'appréhender les régimes alimentaires. Elle requiert une attention particulière et un respect de règles d'hygiène et de protection très strictes. Elle ne devrait jamais être proposée dans un cadre scolaire,  de centre de vacances, de centre de loisirs, ou de structures accueillant de jeunes personnes. 


Identifier les restes dans les excréments.

Pièce 1.

Lavée par la pluie et la neige, cette crotte de Renard roux, date de trois semaines environ. Les éléments entrant dans sa composition apparaissent nettement et peuvent être identifiés précisément. 
 
 
- Rouge : morceaux d'os, côtes, fémur, morceau de mâchoire supérieure d'un petit rongeur ;
- Bleu : de très nombreux poils, provenant probablement de micro-mammifères
- Vert : morceaux de plume principalement des calamus

Pièce 2.

Une crotte (de Renard roux) elle aussi assez "âgée", permet de distinguer les divers constituants.

Des vues rapprochées révèlent très nettement la présence de peaux de cynorhodons
 


 
Ci-dessous un cynorhodon frais et, juste à ses côtés, une peau de cynorhodon extraite de la laissée.
 

 

Les cynorhodons sont également consommés par les oiseaux.

Les oiseaux apprécient particulièrement les cynorhodons. Ils participent à la dissémination des akènes (fausses graines) dans un rayon beaucoup plus important que ne peuvent le faire les mammifères. Ci-dessous une fiente contenant les restes non digérés de cynorhodons.
 
 
 
La couleur est tout à fait identique à celle du cynorhodon avant ingestion, elle  ne semble pas oxydée par les acides.
Une fois écrasée la fiente révèle la présence des akènes "fausses graines" du cynorhodon,
Certaines akènes ont gardé le petit "plumet" de poils situé à leur extrémité.
 

 
 Ces "poils" proviennent des extrémités des akènes. Ci dessous un cynorhodon blet cueilli sur le rosier
 

 
Une akène et son plumet
 
 
Ce dessin extrait du site http://www.snv.jussieu.fr montre très bien les akènes et leurs "poils" qui sont en fait les restes des étamines.
 
 

 

La fin de l'été et le début de l'automne offrent une grande diversité de fruits aux animaux.

Aubépine monogine Crataegus monogyna .

 
Les fruits (cenelles) de l'Aubépine monogyne Crataegus monogyna.
Ici deux cenelles d'Aubépine monogyne Crataegus monogyna, une feuille et une graine (une seule graine par drupe, sans poils à l'extrémité) 
 

 
 Pour ne plus confondre l'Aubépine (à droite) et le rosier sauvage (à gauche)
 
 
Fiente contenant des graines d'Aubépine monogyne Crataegus monogyna.  
 

 

Gui Viscum album.

Le gui est une plante considérée comme parasite. Sa dissémination dépend pour une grande part des oiseaux.

 
Seules quelques espèces d'oiseaux comme la Fauvette à tête noire (ci-dessus) et la Grive draine (ci-dessous) consomment les fruits.
 
 
Fiente typique contenant des restes de gui.
 

 
Fiente particulièrement collante ! (reproduction du gui)
 


 
 Le gui sur l'arbre et les fruits.
 

 
 Un éclairage en contre jour permet de voir la graine contenue dans la fausse baie (fruit) Graine que nous retrouvons non altérée dans la fiente de l'oiseau.
 
 
Wikipedia dit : Le gui est pollinisé par les insectes. La dispersion des graines est essentiellement assurée par certains Turdinae, notamment la grive draine, qui raffolent des fruits du Gui et rejettent les graines non digérées dans leurs fientes, parfois à plusieurs kilomètres compte tenu du temps de la digestion. Les fauvettes à tête noire qui décortiquent les baies sur place assurent une dissémination beaucoup plus localisée. Elles sont incapables d'avaler le fruit et se contentent d'en extraire la pulpe. Les graines sont ainsi abandonnées sur des branches et trouvent les conditions idéales pour germer. Les mésanges et les sittelles, se nourrissent des graines collées sur les rameaux par les fauvettes, grâce à leur bec court et massif capable de les casser. 8 ou 9 graines sur 10 sont ainsi repérées et mangées par ces passereaux, en hiver.

Lierre grimpant Hereda helix.

Bien en évidence au milieu du chemin cette fiente, de teinte violine, attire le regard.
 

Cette belle couleur provient de la pulpe du Lierre grimpant.
 
 
 Les graines, contenues dans la fiente, ressemblent à s'y méprendre à des pupes
 


 
 
Après avoir décortiqué une baie de lierre le doute n'est plus permis.



 
Le Renard roux consomme lui aussi les fruits du Lierre grimpant.
 


 

Merisier ou Cerisier des oiseaux Prunus avium.




le merisier peut être considéré comme l'ancêtre de nos cerisiers.
Les fruits acides sont généralement plus petits que ceux des cerisiers cultivés.
Inutile de préciser que les merises sont activement recherchées par un grand nombre d'animaux.
Les noyaux se retrouvent dans les crottes, fientes ou laissées de nombreux consommateurs.


Renard roux. 










Blaireau





Viorne lantanne Viburnum lantana.




 
Consommateur Renard roux 
 


Ronce commune Rubus fruticosus.

Consommateur (oiseau ?) non identifié 
 



 
J'ai conduit il y a quelques années une expérience afin de tester les capacités germinatives des graines contenues dans les excréments découverts sur le terrain. En restant prudent sur les résultats (le sol contient toujours un stock de graines non germées) il est intéressant de constater que les conditions germinatives de la plupart des graines contenues dans les crottes, fèces, fientes ne sont pas altérées. 


Résumé.

Involontairement les animaux participent activement grâce à leurs déjections  à la dissémination des graines. Grâce à l'endozoochorie les végétaux voient leur "rayon d'action" augmenter considérablement. L'endozoochorie favorise la dissémination des graines à des distances bien plus importantes que ne le ferait par exemple, le vent, 
Il serait tentant, comme le font certains auteurs, de dire que les plantes sont ingénieuses et profitent de toutes les occasions offertes pour étendre leur aire de répartition. Il ne s'agit, comme je l'affirme plus haut, que d'un heureux concours de circonstances. L'évolution n'est en somme que le résultat des bricolages de la nature et rien d'autre !
endozoochorie, pizoochorie ou ectozoochorie, myrmécochorie, hydrochorie,  anémochorie, antropochorie, hémérochorie, barochorie,autochorie, dyszoochorie, zoochorie, favorisent la dissémination des graines
La coprologie quant à elle (étude des déjections) a fait d'énormes progrès. Cette science fait partie actuellement des disciplines misent en œuvre lors des programmes de fouilles archéologiques. Elle permet d'appréhender les régimes alimentaires des premiers hommes et de la faune avec qui ils vivaient.
Elle permet de voyager dans le temps, et prend le nom de paléocoprologie.




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