Coprologie et Endozoochorie *
* transport de graines par les animaux.
Les hasards de l'évolution produisent des phénomènes très intéressants, l'endozoochorie fait partie de ceux là.
Définition.
L'endozoochorie désigne le mécanisme par lequel les graines sont transportées par des animaux à travers leur système digestif. Ce processus repose sur la capacité de certaines graines, souvent enveloppées dans des fruits, à résister aux acides gastriques et aux enzymes digestives. Ainsi, lorsque ces fruits sont ingérés, les graines peuvent traverser le tube digestif sans subir de dommages, conservant intacte leur capacité germinative.
À la suite de cette digestion, les graines sont excrétées dans des lieux éloignés de leur point d'origine. Ce phénomène non seulement favorise la dispersion des plantes, mais peut également accroître les chances de germination. En effet, certaines études suggèrent que le passage dans le système digestif des animaux pourrait stimuler et accélérer ce processus. L'endozoochorie constitue donc une interaction écologique cruciale, reliant les animaux à la régénération de la biodiversité végétale.
À la suite de cette digestion, les graines sont excrétées dans des lieux éloignés de leur point d'origine. Ce phénomène non seulement favorise la dispersion des plantes, mais peut également accroître les chances de germination. En effet, certaines études suggèrent que le passage dans le système digestif des animaux pourrait stimuler et accélérer ce processus. L'endozoochorie constitue donc une interaction écologique cruciale, reliant les animaux à la régénération de la biodiversité végétale.
Le cas intéressant du cynorhodon.
Le cynorhodon est le fruit ou plutôt le "faux" fruit du rosier sauvage.
Durant l'Antiquité, une croyance voulait que sa racine guérisse des morsures de chiens enragés d'où son nom latin Rosa canina
Il existe de nombreuses variétés de ce rosier qui seraient à l'origine de nos roses actuelles.
Il existe de nombreuses variétés de ce rosier qui seraient à l'origine de nos roses actuelles.
Pharmacopée.
Le cynorhodon, peu connu de nos contemporains, est pourtant un fruit (faux fruit) plein de ressources, jugez plutôt :
Principes actifs : - Vitamine C, vitamines B, tanins, flavonoïdes.
Effets : - Action sur le système immunitaire grâce à la vitamine C, action anti-inflammatoire sous forme de poudre.
Indications : - lors d'hypovitaminose C (le cynorhodon est riche en vitamine C)
- contre les refroidissements (effet préventif dû à la vitamine C)
- en cas de douleurs rhumatismales et plus particulièrement contre l'arthrose (l'effet serait prouvé par des études cliniques)
- ou en cas de mal de dos.
Texte extrait de : http://www.pharmapro.ch/fr/N2698/phytotherapie/cynorhodon.html
Principes actifs : - Vitamine C, vitamines B, tanins, flavonoïdes.
Effets : - Action sur le système immunitaire grâce à la vitamine C, action anti-inflammatoire sous forme de poudre.
Indications : - lors d'hypovitaminose C (le cynorhodon est riche en vitamine C)
- contre les refroidissements (effet préventif dû à la vitamine C)
- en cas de douleurs rhumatismales et plus particulièrement contre l'arthrose (l'effet serait prouvé par des études cliniques)
- ou en cas de mal de dos.
Texte extrait de : http://www.pharmapro.ch/fr/N2698/phytotherapie/cynorhodon.html
Relation avec les animaux.
Le Rosier sauvage, ou Rosa canina, illustre parfaitement l'interaction complexe entre les plantes et les animaux. Bien que certains auteurs suggèrent que l'apparence attrayante de ses fruits serait le résultat d'une stratégie délibérée pour attirer les animaux, cette idée s'inscrit davantage dans une perspective anthropocentrique. En réalité, cette caractéristique pourrait résulter d'un pur hasard évolutif. Les variations phénotypiques qui favorisent la consommation des fruits par les animaux augmentent la dispersion des graines, facilitant ainsi la reproduction de l'espèce.
Cette relation symbiotique entre la plante et les animaux est un exemple fascinant de coévolution.
Période de fructification.
Les cynorhodons arrivent en général à pleine maturité en automne (ils deviennent blet) et plus particulièrement à l'entrée de l'hiver. Présents une grande partie de la saison froide sur le rosier, ils tombent à terre pratiquement blets. Sur l'arbre ou à terre ils deviennent une source de nourriture providentielle lorsque sévit la disette.
Différents stades de maturation.
Transport de graines de cynorhodons par le Renard roux
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Le Renard roux vit dans un monde d'odeurs. |
Le Renard roux, opportuniste par excellence, illustre parfaitement l'adaptabilité des espèces face à des conditions alimentaires variées. En milieu naturel ou en zone urbanisée, il modifie son régime pour tirer profit des ressources disponibles. Par exemple, le long des haies, le sol tapissé de cynorhodons, issus des rosiers sauvages, devient un véritable buffet pour cet opportuniste. Ces baies, riches en nutriments et particulièrement en vitamine C, sont particulièrement appréciées durant l’automne, offrant une source d'énergie précieuse avant l'hiver. Les indices laissés par le renard, comme ses crottes, attestent de cet opportunisme alimentaire. le Renard roux démontre une fois de plus une remarquable capacité à s’adapter aux fluctuations saisonnières de son environnement.
Ce ne sont pas les fèces (crottes) de notre ami qui démentiront mes propos !
Nota : La coprologie est une de mes passions. Cette discipline étudie les excréments des animaux afin d'appréhender leurs régimes alimentaires. Elle requiert une attention particulière et un respect des règles d'hygiène et de protection très strictes.
Elle ne doit jamais être proposée dans un cadre scolaire, de centre de vacances, de centre de loisirs, ou de structures accueillant de jeunes personnes.
Un autre article consacré lui aussi à la coprologie.
Identifier les restes d'aliments dans les excréments.
Fèces 1.
Lavée par la pluie et la neige, cette fèces de Renard roux, date de trois semaines environ. Les éléments entrant dans sa composition apparaissent nettement et peuvent être identifiés précisément.
Rouge : morceaux d'os, côtes, fémur, morceau de mâchoire supérieure d'un petit rongeur ;
Bleu : de très nombreux poils, provenant probablement de micro-mammifères
Vert : morceaux de plume principalement des calamusFèces 2
Une fèces de Renard roux, elle aussi, assez "âgée", permet de distinguer les divers constituants.
Des vues rapprochées révèlent très nettement la présence de peaux de cynorhodons.
Ci-dessous un cynorhodon frais et, juste à ses côtés, une peau de cynorhodon extraite de la fèces ou laissée de renard roux.
Les oiseaux contribuent efficacement à la dissémination des graines.
Les oiseaux apprécient particulièrement les cynorhodons. Ils participent à la dissémination des akènes (fausses graines) dans un rayon beaucoup plus important que pourraient le faire les mammifères.
Ci-dessous une fiente contenant les restes non digérés de cynorhodons.
La couleur est tout à fait identique à celle du cynorhodon avant ingestion, elle ne semble pas oxydée par les acides.
Une fois écrasée la fiente révèle la présence des akènes "fausses graines" du cynorhodon,
Certaines akènes ont gardé un petit plumet situé à leur extrémité. Ces "poils" proviennent des extrémités des akènes, ce sont les vestiges des étamines. (Voir schéma) .
Une fois écrasée la fiente révèle la présence des akènes "fausses graines" du cynorhodon,
Certaines akènes ont gardé un petit plumet situé à leur extrémité. Ces "poils" proviennent des extrémités des akènes, ce sont les vestiges des étamines. (Voir schéma) .
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Une akène et son plumet |
Ce dessin extrait du site http://www.snv.jussieu.fr montre très bien les akènes et leurs "poils" qui sont en fait les restes des étamines.
Transport des graines d'Aubépine par les oiseaux
Les fruits appelés cenelles de l'Aubépine monogyne Crataegus monogyna.
Ici deux cenelles d'Aubépine monogyne Crataegus monogyna, une feuille et une graine (une seule graine par drupe, sans poils à l'extrémité)
Ici deux cenelles d'Aubépine monogyne Crataegus monogyna, une feuille et une graine (une seule graine par drupe, sans poils à l'extrémité)
Pour ne plus confondre l'Aubépine (à droite) et le rosier sauvage (à gauche)
Fiente contenant des graines d'Aubépine monogyne Crataegus monogyna.
Transport des graines de Gui Viscum album.
Considérée comme plante parasite la dissémination du gui dépend étroitement des oiseaux.
Seules quelques espèces d'oiseaux comme la Fauvette à tête noire (ci-dessus) et la Grive draine (ci-dessous) consomment les fruits.
Fiente typique contenant des restes de gui.
Fiente particulièrement collante ! [LIEN]
Le gui sur l'arbre et les fruits.
Un éclairage en contre jour permet de voir la graine contenue dans la fausse baie (fruit) Graine que nous retrouvons non altérée dans la fiente de l'oiseau.
Wikipedia dit : Le gui est pollinisé par les insectes. La dispersion des graines est essentiellement assurée par certains Turdinae, notamment la grive draine, qui raffolent des fruits du Gui et rejettent les graines non digérées dans leurs fientes, parfois à plusieurs kilomètres compte tenu du temps de la digestion. Les fauvettes à tête noire qui décortiquent les baies sur place assurent une dissémination beaucoup plus localisée. Elles sont incapables d'avaler le fruit et se contentent d'en extraire la pulpe. Les graines sont ainsi abandonnées sur des branches et trouvent les conditions idéales pour germer. Les mésanges et les sittelles, se nourrissent des graines collées sur les rameaux par les fauvettes, grâce à leur bec court et massif capable de les casser. 8 ou 9 graines sur 10 sont ainsi repérées et mangées par ces passereaux, en hiver.
Transport des graines de Lierre grimpant Hereda helix.
Les graines, contenues dans la fiente, ressemblent à s'y méprendre à des pupes !
Transport de graines de Lierre grimpant par le Renard roux.
Le Renard roux consomme lui aussi les fruits du Lierre grimpant.
le Merisier Prunus avium est considéré comme l'ancêtre de nos cerisiers.
Les fruits acides sont généralement plus petits que ceux des cerisiers cultivés.
Inutile de préciser que les merises sont activement recherchées par un grand nombre d'animaux.
Les noyaux se retrouvent dans les crottes, fientes ou laissées de nombreux autres consommateurs.
Les fruits acides sont généralement plus petits que ceux des cerisiers cultivés.
Inutile de préciser que les merises sont activement recherchées par un grand nombre d'animaux.
Les noyaux se retrouvent dans les crottes, fientes ou laissées de nombreux autres consommateurs.
Transport de graines de Viorne lantanne par le Renard roux
Transport des graines de la Ronce commune Rubus fruticosus.
Je n'ai pas réussi à identifier le consommateur, probablement un oiseau.
Banque de données
Laissées Fèces Crottes Épreintes Caca d'animaux sauvages. .
Consultez l'album des crottes
Capacité germinative des graines récoltées dans les crottes et les fientes.
Il y a quelques années, j'ai entrepris une expérience visant à évaluer les capacités germinatives des graines trouvées dans les excréments récoltés sur le terrain. Cette investigation a pour principal objectif d'explorer le potentiel de régénération naturelle des plantes, en mettant l'accent sur les graines présentes dans les fèces des animaux.
À titre préliminaire, il est essentiel de préciser que le sol abrite généralement un stock de graines dormant, non germées, qui peuvent influencer les résultats obtenus. Cela dit, les observations faites au cours de cette étude révèlent une tendance intéressante : la plupart des graines contenues dans les excréments ne subissent pas de modifications significatives de leur capacité à germer.
Les conditions favorables à la germination semblent demeurer intactes, ce qui pourrait indiquer que le passage par le système digestif des animaux n'altère pas les propriétés intrinsèques des graines. Ces résultats soulignent donc le rôle potentiel des excréments comme vecteur de dispersion et de multiplication des espèces végétales, contribuant ainsi à la diversité et à l'équilibre des écosystèmes naturels. Ils ouvrent également la voie à de futures recherches sur les interactions entre faune et flore.
À titre préliminaire, il est essentiel de préciser que le sol abrite généralement un stock de graines dormant, non germées, qui peuvent influencer les résultats obtenus. Cela dit, les observations faites au cours de cette étude révèlent une tendance intéressante : la plupart des graines contenues dans les excréments ne subissent pas de modifications significatives de leur capacité à germer.
Les conditions favorables à la germination semblent demeurer intactes, ce qui pourrait indiquer que le passage par le système digestif des animaux n'altère pas les propriétés intrinsèques des graines. Ces résultats soulignent donc le rôle potentiel des excréments comme vecteur de dispersion et de multiplication des espèces végétales, contribuant ainsi à la diversité et à l'équilibre des écosystèmes naturels. Ils ouvrent également la voie à de futures recherches sur les interactions entre faune et flore.
En résumé.
L’endozoochorie, phénomène fascinant de dissémination des graines par le biais des déjections animales, joue un rôle crucial dans l'expansion des végétaux.
À travers ce processus, les graines ingérées par certains animaux sont transportées sur de grandes distances, favorisant ainsi leur établissement dans de nouveaux environnements. Cette méthode de dispersion se révèle souvent plus efficace que d'autres mécanismes tels que l'anémochorie (dissémination par le vent) ou l'hydrochorie (dissémination par l'eau). Les espèces végétales qui tirent parti de cette stratégie évolutive voient leur "rayon d'action" considérablement élargi, témoignant d'un succès adaptatif indéniable.
Si certains auteurs tendent à attribuer une ingénieuse planification à ces stratégies de dissémination, il convient de rappeler que ces interactions relèvent avant tout d’un heureux concours de circonstances. L'évolution, dans sa complexité, résulte de multiples ajustements et bricolages naturels, sans intentionnalité manifeste.
Par ailleurs, la coprologie, en tant qu'étude systématique des déjections, a émergé comme une discipline essentielle dans le cadre des fouilles archéologiques. Elle offre des perspectives uniques sur les régimes alimentaires des sociétés passées et leurs interactions avec la faune, permettant ainsi de voyager dans le temps et d’affiner notre compréhension des écosystèmes anciens. La paléocoprologie, en particulier, enrichit ce domaine d'étude en révélant des informations précieuses sur les relations entre homme et nature.
Si certains auteurs tendent à attribuer une ingénieuse planification à ces stratégies de dissémination, il convient de rappeler que ces interactions relèvent avant tout d’un heureux concours de circonstances. L'évolution, dans sa complexité, résulte de multiples ajustements et bricolages naturels, sans intentionnalité manifeste.
Par ailleurs, la coprologie, en tant qu'étude systématique des déjections, a émergé comme une discipline essentielle dans le cadre des fouilles archéologiques. Elle offre des perspectives uniques sur les régimes alimentaires des sociétés passées et leurs interactions avec la faune, permettant ainsi de voyager dans le temps et d’affiner notre compréhension des écosystèmes anciens. La paléocoprologie, en particulier, enrichit ce domaine d'étude en révélant des informations précieuses sur les relations entre homme et nature.
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