Le sanglier et le Mont-d'Or. 2013.073

J'aurais pu intituler cet article : Traces de sanglier,
entretenant alors une confusion entre l'animal, et l'artisan sanglier !

Ce petit reportage photographique a été réalisé dans la forêt de La Joux aux environs de Champagnole.
 
 
La forêt de la Joux est connue pour sa production de bois d'épicéa de qualité. Les arbres atteignent ici de très grandes dimensions.








Nous sommes loin des allumettes abattues ici à Fontainebleau !



 120 ans d'âge !

Cette forêt semble être considérée comme la plus grande sapinière de France.


Un circuit de découverte permet d'en appréhender la richesse.
Vous le savez je ne suis pas un adepte des panneaux d'informations parsemant les paysages, je les considère pour ce qu'ils sont, une pollution visuelle de plus.

Je suis pour une découverte autonome avec éventuellement un dépliant vous donnant renseignements et points de repères pour découvrir le site.
On ne peut, à mon sens, imposer de force ces panneaux bien souvent, peu ou mal entretenus.
Le conservatoire des sites Bourguignons, entre autres, a adopté cette démarche pédagogique.
Dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, le travail des forestiers est gâché par une signalétique débilisante !

Les panneaux  s'adressent plus à des enfants en bas âge qu'à des adultes.
 
Un petit encart concernant cette nouvelle "politique" suffisamment explicite !

Jean-Claude Génot Écologiquement correct ou Protection contre nature.
Faut-il avoir peur de l'écotourisme ?
"Le tourisme de nature est-il "un tourisme alternatif qui se  satisfasse des beautés et des richesses de la nature" comme le déclare Jean François Noblet, ou est-ce que, selon François Terrasson, "avec l'écotourisme, nous allons répandre l'état d'esprit bousilleur dans des lieux auxquels l'homme n'avait pas encore accès" ces deux opinions résument à elles seules le débat soulevé par cette nouvelle forme d'utilisation de la nature.
Les protecteurs de la nature ont généralement  une mauvaise opinion du tourisme, avec des images de foule compacte, de déchets abandonnés, d'érosion, de pollutions diverses, et tout ce que l'industrie touristique mercantile sait faire de laid, de stupide et de dégradant à l'encontre des sites et des paysages. Le tourisme de masse détruit les sites qui le font vivre."
"Il faut désormais avoir recours à des copies des peintures de Lascaux ou à de faux alignements de Carnac pour continuer l'exploitation de ce patrimoine"
"ce mode de tourisme tue la poule aux œufs d'or, et partout où l'on veut préserver des sites sensibles il faut limiter le nombre de visiteurs, interdire dissuader pour réduire la pression humaine."


Valoriser les milieux naturels.
"La valorisation se traduit par des aménagements dits pédagogiques, ces panneaux qui attirent tellement l'attention des visiteurs que ces derniers n'ont plus le temps de contempler la nature" 


 

Il n'est pas rare de rencontrer au hasard des chemins des tas de grumes présentant de bien curieuses traces.





 
Les premières questions qui viennent à l'esprit sont :
Qui a fait cela ?
Pourquoi ?

La personne qui est responsable de cet écorçage se nomme "un sanglier", rien à voir avec notre animal, non !
Il s'agit de l'ouvrier chargé de confectionner des sangles.
La sangle entre dans la fabrication de petites boîtes destinées au fromage dénommé, Mont d'Or (attention il existe deux appellations, une suisse et une française !)



 
J'imagine aisément le désarroi d'une personne étrangère ne maîtrisant pas notre langue à qui nous expliquons la différence entre un sanglier et un ... sanglier. Pas évident !
Voici donc résolu cette énigme des troncs pelés rencontrés principalement dans la région du Jura.
Les sangliers (ils ne sont que trois à perpétuer ce métier !) s'élèvent et protestent contre une pratique des fromagers, consistant à importer des sangles de Pologne pour emballer leurs fromages. Je vous laisse juge !

 
Le sanglier opère avec des outils bien particuliers.


La méthode est décrite par wikipedia.


Sitôt les arbres abattus par les bûcherons, le sanglier entre en scène

 Enlever l’écorce de l’épicéa avec une « plumette », sorte de petite pelle métallique, de fabrication maison, montée sur un manche en bois d’environ 1,30 m.

Avec un autre outil de fabrication maison, la cuiller ou cuillère, le sanglier épluche le tronc et ne s’intéresse qu’à une fine couche de bois d’environ 1,5 à 5 mm d’épaisseur, coincée entre l’écorce et le tronc.

Cette fine couche appelée Liber est l’équivalent de l’aubier des feuillus. Son épaisseur varie en fonction de l’altitude, de la nature du sol et de l’exposition des arbres. Les sangles sont découpées sur toute la longueur du tronc qui peut atteindre trente mètres de long. La longueur de sangle découpée dans une journée peut atteindre plus d’un kilomètre.

 Les sangles sont retirées une à une et mises à sécher pendant plusieurs jours avant expédition chez le fromager.





 
Cette technique de "sanglage" des fromages semble bien ancienne, car j'ai relevé ce petit texte dans l'encyclopédie Diderot et d'Alembert mise à disposition du public en 1765.


SANGLER LE FROMAGE, (Fromagerie) c'est le serrer bien fort tout-autour avec une sangle de peau ou une légère écorce de sapin, pour en conserver la forme pendant qu'on lui donne le sel. Il ne se dit que des fromages de Gruieres & de Berne. (D.J.)

Le Mont d'Or reste un fromage consommé principalement en période hivernale !


Texte relevé sur un site commercial :

Plus l’hiver est rude et plus il se déguste de Mont d’Or ! Et voici des années que ça dure… Fromage de saison par nature, le Mont d’Or a fait de cette saisonnalité sa marque de fabrique. Les maîtres fromagers travaillent à son élaboration du 15 août au 15 mars. Le fruit de leur travail est proposé à la vente entre le 10 septembre et le 10 mai. 




 







 




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