Coprologie - Étude des Crottes Animales - Régimes Alimentaire Renard roux - Décorticage - Étude des Fèces -

2025 19
 
Avertissement : Dans le cadre de mon article, que je veux rigoureux, j'ai eu recours à un générateur d'image basé sur l'intelligence artificielle AI pour illustrer mes propos. Je tiens à préciser que les photos utilisées sont clairement identifiées comme étant le résultat de cette technologie. 
 

Comment débuter en coprologie animale. 

 


La coprologie animale c'est quoi ?

La coprologie, l'étude des excréments, est une discipline scientifique qui se révèle être une source d'information inestimable pour les biologistes, les vétérinaires et les passionnés de nature. Elle offre une fenêtre non invasive sur l'état de santé, le régime alimentaire et le comportement d'un individu ou d'une population animale, sans nécessiter de capture ou de contact direct.

Cette méthode d'investigation est reconnue comme étant simple, peu coûteuse, et rapide et fiable.
Historiquement, l'analyse des excréments, qu'il s'agisse de la coproculture pour la recherche de bactéries ou de la coproscopie pour l'identification de parasites , est une pratique courante dans le domaine de la santé humaine et animale domestique. Chez l'être humain, la coproculture est souvent préconisée pour diagnostiquer des infections gastro-intestinales causées par des bactéries comme les Salmonelles, les Shigelles, ou les Campylobacters.

Chez les animaux, et plus particulièrement dans le contexte vétérinaire, la coproscopie permet de mettre en évidence des causes parasitaires lors de signes digestifs, de dépister des porteurs asymptomatiques au sein d'une collectivité, ou encore de suivre l'efficacité d'un traitement. 
Dans le contexte de la faune sauvage, qui nous intéresse et notamment pour le Renard roux Vulpes vulpes, la coprologie, différente comme nous venons de le voir de la coproscopie, prend une dimension écologique fondamentale.

Les fèces (nom utilisé pour désigner les crottes) du renard, souvent appelées également "laissées", ne sont pas de simples déchets ; elles constituent une véritable mine d'informations sur son mode de vie. Leur étude, la coprologie, permet d'analyser le régime alimentaire, et d'appréhender, entre autres, ses habitudes de marquage de territoire.

Mon article a pour but de guider un public averti à travers les étapes de cette démarche, de l'identification sur le terrain aux précautions sanitaires indispensables, en passant par l'interprétation des résultats d'analyse, transformant ainsi une simple observation en un acte de science.


Le Renard roux notre sujet d'étude.

 
renard-roux
Renarde en plein après-midi 


Le marquage de territoire chez le Renard roux. 

👉 Mâle et femelle marquent leur territoire
 

renard roux
Fèces déposée en hauteur un dépôt typique du renard roux

Le comportement de marquage et de localisation chez le Renard roux Vulpes vulpes mérite une attention particulière, tant il révèle des stratégies écologiques fascinantes. Contrairement aux excréments des herbivores ou des animaux domestiques, les fèces du Renard roux et l'urine (fréquemment oubliée) ne sont pas laissées au hasard ; elles servent de véritables marqueurs chimiques pour communiquer, principalement avec ses congénères. Certains auteurs suggèrent que ces marquages olfactifs pourraient s'adresser à d'autres espèces, cela reste à étudier et à démontrer scientifiquement. 

Ce marquage est intentionnel et stratégique. Bien que ce ne soit pas une règle absolue, les renards choisissent de préférence des emplacements bien en vue et surélevés, tels que des rochers, des souches d'arbres, des touffes d'herbes, des branches, des arbres abattus par des tempêtes, des taupinières, mais également, comme nous le verrons, des proies, des coulées, etc,  pour déposer leurs déjections. Cette technique maximise la diffusion des odeurs portées par le vent, délimitant ainsi les territoires aux autres renards. Par conséquent, l'étude de la localisation des dépôts de fèces permet non seulement de comprendre les limites territoriales, mais aussi d'identifier l'organisation spatiale de ces animaux.

La taille du territoire d'un Renard roux est étroitement liée à la disponibilité des ressources alimentaires. Dans des environnements riches en nourriture, les territoires sont souvent plus petits, tandis que dans des zones où les ressources sont rares, ils peuvent s'étendre considérablement. C'est intéressant de noter qu'en milieu urbain, comme dans certaines villes anglaises, les renards profitent de l'aide humaine pour se nourrir, entraînant ipso-facto des territoires réduits [LIEN].


Le marquage de proies volumineuses chez le Renard roux.


Patte de chevreuil victime d'une collision partiellement consommée et marquée par renard

Un aspect moins souvent mentionné par les naturalistes est le marquage de proies volumineuses. Lorsqu'un Renard découvre une source de nourriture trop importante pour être consommée en une seule fois, il la marque à l'aide d'urine ou de fèces. Ce marquage olfactif signifie une prise de possession et cherche à dissuader d'éventuels concurrents (Renards roux). La nourriture peut parfois être enterrée ou recouverte de débris végétaux puis marquée, là aussi, à l'aide d'urine ou de fèces. La source de nourriture sera régulièrement visitée jusqu'à sa complète consommation.


Le surmarquage chez le Renard roux.


crotte
Surmarquage Renard roux sur Renard roux (probablement le même individu) de Trois dépôts peu éloignés dans le temps

Le surmarquage est un comportement tout à fait intéressant mais très peu évoqué, lui aussi, par les naturalistes. Le dépôt de fèces ou d'urine sur celles d'autres espèces reste énigmatique. Ce comportement est observé chez le Loup gris (voir les films de Jean-Michel Bertrand) son interprétation chez le Renard roux n'est pas documentée, et laisse la place à des questionnements sur les dynamiques interspécifiques.
Le surmarquage concerne également le dépôt répété de fèces ou d'urine d'un même individu au même endroit sur ses dépôts antérieurs.


Ce comportement de marquage souligne l'intelligence et l'adaptabilité de ces animaux face à leur environnement, enrichissant notre compréhension des interactions écologiques.
 

Surmarquage Renard roux sur crottin cheval
  
 deux surmarquages Renard roux sur laissée de Martre des pins


Le marquage des coulées chez le Renard roux.



Je rencontre ce type de marquage très fréquemment en fin d'été, il semble correspondre à cette période durant laquelle les jeunes renardeaux sont encore présents sur les territoires des parents. Seule une étude rigoureuse pourrait confirmer mon hypothèse.

Un exemple de marquage renouvelé d'une coulée.

 
Pas moins de 5 marquages pour signaler (?) cette coulée traversant un chemin

 
La coulée empruntée par le Renard roux marquée à 5 reprises

Le nombre de dépôts est très certainement plus important car la circulation des véhicules sur ce chemin, même s'ils ne sont pas nombreux, contribue à les faire disparaître rapidement. 


Rôle des parents dans l'apprentissage.

 
À l'école des Renards roux

Beaucoup de jeunes mammifères restent attachés à leurs parents durant une période plus ou moins longue. La biche, par exemple, garde à ses côtés non seulement son faon de l'année mais également son jeune de l'année précédente,  l'éducation dure donc un peu plus d'une année entière pour chaque sujet. Les renardeaux restent auprès d'un adulte durant une période moins longue, mais suffisante pour acquérir des comportements destinés à assurer leur survie. Le marquage entre sans aucun doute dans cette éducation, ce qui explique le nombre relativement élevé de fèces rencontrées sur les territoires en fin d'été et au début d'automne (le nombre d'individus adultes et jeunes étant plus important). La période du rut en novembre/décembre met une fin, parfois définitive, aux contacts familiaux sur un même territoire.


Le monde des odeurs chez le Renard roux.


Chaque odeur et sa source peuvent être matérialisées par une couleur 

Le Renard roux vit dans un monde d'odeurs qui échappent totalement aux humains. Peut-être avions-nous cette capacité (1) lorsque nous chassions le mammouth, en tout cas aujourd'hui nous sommes devenus "des infirmes olfactifs", comme le souligne Annick Leguérer. Cette incapacité est très certainement due, pour une grande partie, à un manque d'éducation. 
1 Rien ne prouve à la vue de nos fosses nasales que nous ayons eu des capacités de détection des odeurs équivalentes à celle d'un renard, d'un cerf , ou d'un autre mammifère.


Pour conclure ce chapitre.


Dépôt fèces 


Dépôt urine (Photo Olivier Guder)

Fèces et urine jouent un très grand rôle dans les relations sociales du Renard roux comme d'ailleurs chez beaucoup d'autres carnivores. C'est pour cette raison que fèces et urine sont toujours déposées sur des lieux apparemment stratégiques et soigneusement choisis, semble-t-il.


Le marquage urinaire.

 
Les marquages urinaires sont peu étudiés car visuellement difficiles à observer, seule un odorat humain éduqué et entraîné arrive à déceler sa présence sur le terrain. Une fois identifié, vous ne l'oublierez jamais, la neige permet de mettre en évidence les marquages urinaires réalisés par le renard roux.
 
👴 Bon à savoir : ne portez jamais d 'excréments ou de matière imbibée d'urine   à hauteur de votre nez pour essayer de détecter une quelconque odeur. il y a un fort risque d'ingestion d'aérosols contaminés.
  
La neige met en évidence les quelques gouttes d'urine déposées par notre compère

 Différenciation des marquages urinaires.
 
Marquage urinaire d'un mâle à gauche et d'une femelle à droite.

 
 
Pour en savoir plus sur le parfum des fèces et de l'urine chez le renard c'est ici :
 

 
Résumé des différents marquages : 
 
-  Limites de territoires
-  Proies volumineuses et/ou source de nourriture 
-  Coulées et passages 
-  Surmarquage sur des laissées ou crottes d'autres espèces 
-  Surmarquage de ses propres fèces de marquage  ✅ 
  
✅ indique le taux de fréquence rencontré sur le terrain par l'auteur.

👴 Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter mes nombreux articles [LIEN]
 

Le rôle des phéromones.


Les phéromones c'est quoi ?


Les phéromones sont détectées par l'organe voméronasal . Les odeurs  par l'épithélium olfactif. Odeurs et phéromones sont invisibles.  

Les phéromones, substances chimiques fascinantes, jouent un rôle crucial dans la communication intraspécifique des animaux et de certains végétaux. Agissant comme de véritables messagers, elles influencent la physiologie et les comportements des individus, qu'il s'agisse d'accouplement, d'agression ou d'agrégation. Ces composés volatils, souvent détectés par l’organe voméronasal chez les mammifères ou via les antennes des insectes, peuvent être perçus sur de grandes distances, parfois jusqu'à plusieurs kilomètres. Contrairement aux hormones, produites par les glandes endocrines pour agir à l’intérieur du corps, les phéromones, sécrétées par des glandes exocrines, tissent un réseau de communication essentiel, notamment dans les sociétés d'insectes comme les fourmis et les abeilles, garantissant ainsi la cohésion du groupe.
 
👴 Bon à savoir :  l'épithélium olfactif est l'organe permettant de sentir les substances chimiques volatiles présentes dans l'air : les odeurs
L'organe voméronasal des mammifères permet de détecter les phéromones. Les êtres humains sont en théorie dépourvus de cet organe. 


Les différentes phéromones

 
En particulier chez les insectes, on peut distinguer environ sept types de phéromones en fonction de leurs effets sur le comportement : des phéromones de territoire, de trace, d'alarme, sexuelles, d'espacement ou d'agrégation [1].
 
Phéromones de territoire
Déposées dans l’environnement, elles délimitent un territoire. Chez les canidés, ces hormones sont contenues dans les urines que les individus déposent sur des repères, ceux-ci servant en quelque sorte de « bornes » pour marquer leur « territoire ».
 
Phéromones de trace
Elles sont très courantes chez les insectes sociaux : les fourmis, par exemple, balisent leurs pistes par des hormones de trace. 
 
Phéromones d’alarme
Ce sont des substances volatiles libérées par un individu en cas de blessure ou d'attaque par un prédateur et qui déclenchent la fuite (pucerons) ou l'agression (abeille) chez les autres individus de la même espèce.
 
Phéromones sexuelles
Chez les animaux par exemple, les phéromones sexuelles indiquent la disponibilité des femelles pour être fécondées.
 
Phéromones d'espacement 
Reconnues chez les insectes, elles sont différentes des phéromones de territoire. Pour H. Fabre, « les femelles qui pondent leurs œufs dans ces fruits déposent ces substances mystérieuses au voisinage de leur ponte pour la signaler aux autres femelles de la même espèce : afin tout bêtement qu'elles aillent pondre ailleurs. »
 
Phéromones d'agrégation
Produites par l'un ou l'autre sexe, elles attirent les individus des deux sexes. Ce sont par exemple des hormones terpéniques produites par les scolytes Ips qui sont eux-mêmes attirés par des molécules (phytohormones) émises par les arbres stressés par une sécheresse.
 
La phéromone mammaire
Chez le lapin européen, Oryctolagus cuniculus, la femelle allaitante libère dans son lait, parmi de très nombreux composés volatils, une petite molécule hautement réactogène sur le comportement du nouveau-né,
 
Source Wikipedia. 


Contenu des fèces de Renard roux.


Le contenu de ce dépôt de Renard roux semble convenir à notre Silphe noir

L'une des caractéristiques les plus déterminantes de cette espèce est son statut de "véritable opportuniste" et de "généraliste". Son régime alimentaire n'est pas strict, mais il s'ajuste en fonction des ressources disponibles, ce qui explique sa présence réussie dans des environnements aussi variés, des forêts profondes aux banlieues urbaines.
Sa capacité à chasser les rongeurs, notamment les campagnols et les souris, est si efficace qu'il pourrait être considéré comme un auxiliaire précieux des services de dératisation.
Le contenu des fèces du Renard roux Vulpes vulpes est une véritable mine d'informations pour tout naturaliste avisé. En observant attentivement ces déjections, il est possible de déchiffrer des éléments révélateurs sur les proies consommées. Par exemple, la présence de poils, d'os fragmentés, d'ongles ou encore de plumes témoigne des derniers repas du renard, que ce soit par chasse ou collectes opportunistes. Il est essentiel de noter que la distinction entre proies fraîchement capturées et charognes est délicate, rendant l'analyse coprologique d'autant plus intéressante.

En tant qu'omnivore opportuniste, le Renard roux se plaît à explorer une vaste gamme de milieux, des forêts denses aux zones urbaines. Cette adaptabilité se retrouve également dans son régime alimentaire varié : il consomme non seulement des animaux, dont des vers de terre, mais aussi des fruits, des légumes, et occasionnellement des champignons. Les restes de ces aliments peuvent souvent être identifiés dans ses fèces, bien que certaines sources comme les vers de terre, les champignons, ou les escargots laissent peu de traces visibles.

Les fèces du renard fournissent également des informations cruciales sur son état de santé, son sexe et même sa disponibilité sexuelle, des aspects davantage accessibles à travers des études en laboratoire. Pour le naturaliste, la collecte et l’analyse des déjections du Renard roux constituent un moyen précieux d'appréhender non seulement son régime alimentaire, mais également son mode de vie et son adaptation à l'environnement.
Pour résumer, le Renard roux est à la fois : carnivore, frugivore, végétarien, détritivore, charognard, fongivore, graminivore, insectivore, ornithivore, piscivore, ranivore, vermivore, un omnivore accompli.
Le naturaliste va donc s'attacher à extraire des fèces tous les éléments capables de mettre en évidence le régime alimentaire de l'individu ayant effectué ce dépôt, en prenant un certain nombre de précautions essentielles que je vous invite à découvrir.


Précautions et mesures sanitaires.



La manipulation des excréments d'animaux sauvages, notamment ceux du Renard roux, impose un cadre rigoureux de précautions sanitaires afin de prévenir la transmission de diverses maladies. Les excréments d'animaux peuvent être porteurs d'agents pathogènes, y compris des parasites, des bactéries et des virus, qui peuvent affecter la santé humaine à travers des contacts directs ou indirects.

Recommandations générales et équipement de protection

La première règle à observer est de ne jamais sous-estimer le risque associé à la manipulation des excréments d'animaux sauvages. Pour toute opération, même brève, il est essentiel de porter des gants jetables. Cet équipement de protection individuelle (EPI) sert de barrière entre la peau et de potentiels agents pathogènes. Il peut être également intéressant d'utiliser des gants en nitrile, offrant une meilleure résistance que les gants en latex, mais nécessitent une désinfection après usage, ce qui se révèle peu pratique.

Dans des environnements poussiéreux, tels que les terriers ou une zone de latrines (cas du Blaireau européen), le port d'un masque respiratoire de type N95 et de lunettes de protection s'avère nécessaire. Ces mesures visent à minimiser le risque d'inhalation de particules contaminées par des agents infectieux. Les particules en suspension dans l'air peuvent représenter un vecteur de transmission significatif, notamment dans les zones où l'accumulation de matières fécales est élevée.

Hygiène des mains.

L'hygiène des mains constitue l'une des mesures de prévention les plus simples et efficaces après la manipulation d'excréments d'animaux. Il est crucial de se laver les mains à l'eau chaude et au savon ainsi que de se brosser sous les ongles immédiatement après tout contact, même indirect, (même après le port de gants), avec des excréments ou du sol potentiellement contaminé. Cette pratique permet d'éliminer les agents pathogènes susceptibles d'induire des infections.

Dans des situations où l'accès à de l'eau courante n'est pas possible, il est conseillé d'utiliser des lingettes désinfectantes ou un gel hydroalcoolique (sur le terrain). Cependant, il convient de souligner que ces substituts ne remplacent pas un lavage complet des mains et doivent idéalement être suivis d'un lavage traditionnel dès que l'occasion se présente.

Conclusion

Le respect de ces précautions sanitaires et protocoles de sécurité est primordial pour toute personne amenée à manipuler des excréments d'animaux sauvages. L'adoption systématique de mesures de protection adéquates, combinée à une hygiène rigoureuse des mains, permettra de réduire considérablement les risques sanitaires associés à cette activité.

🔺 Il parait évident de ne jamais proposer ce genre d'activités à des enfants (centre vacances ou de loisirs) ou des personnes présentant des déficiences ou des troubles du comportement.  
 

Le risque sanitaire est bien réel.



Le risque sanitaire le plus sérieusement associé au contact avec les excréments de renard est l'échinococcose alvéolaire. Cette maladie rare mais très grave est causée par un petit ver parasite appelé ténia du renard.
L'être humain est un "hôte accidentel" qui peut être contaminé en ingérant ces œufs.
La transmission se fait par plusieurs voies :
-  contact direct avec des animaux porteurs d'œufs sur leur pelage, notamment les chiens et les chats qui ont été en contact avec des rongeurs ou des fèces de renard. (ne laissez pas vos chats et chiens divaguer dans la nature)
-  consommation d'aliments crus contaminés, tels que les fruits des bois (baies), les champignons, ou les légumes et salades de cultures de plein air.
-  contact avec de l'eau potable contaminée par des œufs.
 
Au-delà de l'échinococcose, les fèces de renard peuvent véhiculer d'autres agents pathogènes. Les maladies transmissibles incluent la rage (officiellement éradiquée en France métropolitaine, mais présente dans d'autres régions d'Europe), la leishmaniose et la gale. Comme pour d'autres espèces, les excréments peuvent également contenir des bactéries comme la Yersinia ou des parasites comme Giardia lamblia


Collecte des fèces de renard.



Les échantillons sont collectés sur le terrain avec les mêmes précautions que lors de leur analyse.
 
👴 Bon à savoir : le pisteur doit donc avoir sur lui des gants étanches, des petits sacs genre sacs de congélation pour placer les fèces récoltées ou des sacs à déjections canines, du papier, un crayon et des petits sacs poubelle destinés aux gants pollués durant la collecte.
La récolte se fait de la même façon que pour la collecte des déjections canines avec les sacs appropriés.
Le lieu de collecte est localisé à l'aide d'un GPS, les échantillons sont numérotés et étiquetés avec date et type de milieu où ils ont été prélevés, les conditions météorologiques peuvent être également indiquées.
Bien entendu, des photographies géolocalisées insitu sont réalisées avant le prélèvement, pour mémoriser l'aspect des fèces.
Une description de l'endroit peut être ajoutée, en indiquant par exemple s'il s'agit de l'orée d'un bois, du départ d'une coulée, des bords d'une culture, d'un chemin, d'une route, etc. 
 

Analyse et décorticage des fèces du Renard roux.



 
Avant toute chose, il est judicieux de noter la couleur, la forme et la texture des fèces puis de  passer au décorticage proprement dit.

Deux méthodes : voies sèches, voies humides.
 
Voies sèches tri difficile et moins précis effectué à l'aide d'un bâtonnet.

Voies humides.

Laisser tremper la fèces dans un récipient rempli d'eau 24 heures, additionnée de quelques gouttes d'eau de javel 
1.
Tamiser avec un grillage fin tout en rinçant à l'eau claire les éléments afin d'éliminer les matières fécales. Le tri réalisé à l'aide d'une grande pince à dissection peut être effectué immédiatement ou lorsque les fragments ont été égouttés et séchés.
1 attention. Un surplus d'eau de javel ramollit les os ou les rend poreux.

Étape suivante : trier.
 
La procédure suivante consiste à séparer, trier, regrouper les éléments trouvés.
Le plus difficile est bien entendu d'identifier et nommer chaque élément trouvé. Quelques connaissances en ostéologie animale, en botanique, en ornithologie peuvent être utiles pour mener à bien l'identification ainsi qu'une bonne mémoire visuelle.


Que peut-on trouver dans les fèces de Renard roux (liste non exhaustive)

 

Restes d'un rongeur non identifié

 
1 poils et plumes :
Ils sont souvent les plus faciles à reconnaître. Ils indiquent que le renard a consommé des mammifères (rongeurs, lapins et autres charognes) ou des oiseaux. On peut parfois identifier la proie à l'aide de la couleur ou de la texture des poils.
 
2 os :
La présence de petits os, de crânes minuscules confirme la consommation de petits animaux.
 
3 ongles : 
Les ongles ne sont pas attaqués par les sucs gastriques et se retrouvent dans les fèces. Parfois minuscules ils sont difficiles à identifier.
 
4 dents :
Il existe des guides permettant d'identifier les dents des micromammifères. [ LIEN ]  
 
5 végétaux : 
Cherchez des restes de graines, de noyaux ou de fragments de fruits. La présence de cerises, de baies ou d'autres fruits indique un régime alimentaire riche en végétaux. Une banque de graines peut vous aidez à identifier vos trouvailles [ LIEN ]
 
6 chitines :
La présence de squelettes d'insectes (chitine) indigestes confirme la consommation d'insectes.
 
7 fibres végétales.
Souvent ingérées avec les proies.
 
8 déchets d'origine humaine.
Morceaux de sacs plastique et autres ? 
 
👴 Bon à savoir : Le Renard roux est un chasseur mais bien souvent un charognard (se nourrissant de cadavres). Trouver des restes de mammifères ou d'oiseaux durant un décorticage de fèces de Renard roux ne signifie pas que le Renard roux a chassé et mis à mort l'animal dont on trouve les restes.
 

Interprétation des données.

 
Analyse qualitative : elle consiste à lister toutes les catégories de proies identifiées dans les échantillons, offrant un aperçu de la diversité du régime alimentaire.
Analyse quantitative : elle est plus précise et permet de quantifier l'importance de chaque type d'aliment. Plusieurs méthodes sont possibles : Pourcentage de fréquence d'occurrence On compte le nombre de crottes dans lesquelles un type d'aliment donné (par exemple, rongeurs) est présent, puis on exprime ce nombre en pourcentage par rapport au nombre total de crottes analysées.
Pourcentage en volume ou en biomasse :  on estime le volume ou la masse de chaque catégorie d'aliment dans chaque crotte, ce qui donne une idée plus juste de l'importance nutritionnelle de chaque proie.

Avantages de la coprologie.

 
Non invasive : elle ne perturbe pas l'animal.
Révèle les variations : en collectant des échantillons sur de longues périodes et dans différents types d'habitats, il est possible d'observer comment le régime alimentaire du renard varie en fonction des saisons, de la disponibilité des proies, et de l'environnement (rural ou urbain).
Complémentaire : la coprologie est souvent utilisée en complément d'autres méthodes (comme l'analyse des contenus stomacaux des renards morts), car elle offre un aperçu plus représentatif des habitudes alimentaires sur une période et un territoire donnés.

En conclusion, la coprologie est un outil essentiel pour les naturalistes qui souhaitent comprendre et documenter le régime alimentaire opportuniste et généraliste du Renard roux. Elle permet, sans avoir à les capturer ou les observer, de mieux comprendre la vie secrète du Renard roux et de mettre en évidence sa capacité à s'adapter aux ressources disponibles dans son environnement, qu'il s'agisse de micromammifères, d'insectes, de fruits ou de déchets. 


La mise en pratique par l'image.

 
Je vous propose de découvrir le contenu de ces fèces de Renard roux collectées il y a une dizaine de jours (20 août 2025) la date a son importance.
 
Difficile d'imaginer, en voyant ce dépôt de Renard roux, ce qu'il contient. Voici la liste de ce qui a été mis en évidence (beaucoup de petits débris n'ont pas pu être identifiés). Certains aliments ou proies peuvent passer inaperçus, comme par exemple les escargots, les limaces, les vers de terre, les viandes de charognes, etc. 
 
Contenu non exhaustif.
 
Raisins : peaux et pépins
Prunelles : noyaux et peaux
Taupe d'Europe Talpa europaea [2] Poils, ongles, mandibule, morceau de crâne, os de bassin, côtes, tendons, vertèbres.
Divers fragments d'os non identifiables.
 
Fèces de Renard roux telle qu'elle se présentait lors de la collecte

 
[2] : certains auteurs réfutent le fait, pourtant établi, que le Renard roux consomme bel et bien des Taupes d'Europe Talpa europaea. Ces mêmes auteurs affirment (?) également que les taupes sont capturées par les adultes puis apportées au terrier pour que les renardeaux s'amusent ou jouent avec. (?) 

 

 

 Le dossier photo de l'analyse est disponible ci-dessous.

 

Différents aspects et compositions des fèces du renard roux.


Au menu il y avait des Mures et des fruits de Cornouiller mâle.

Les fèces du Renard roux Vulpes vulpes constitue un indicateur écologique précieux, reflétant à la fois son régime alimentaire et les variations saisonnières de son environnement. En effet, ces excréments présentent des caractéristiques morphologiques et texturales distinctes selon les saisons. Au printemps et en été, les fèces sont généralement plus riches en matière végétale, compte tenu de la disponibilité accrue de fruits et de plantes. En revanche, durant l’automne et l’hiver, elles tendent à contenir davantage de restes d’animaux. Les rongeurs peuvent alors représenter une part significative du régime alimentaire ainsi que les oiseaux, résultant d'une adaptation aux ressources alimentaires limitées.

L'analyse systématique des fèces peut ainsi nous aider à mieux comprendre le comportement alimentaire du Renard roux et son impact sur l'écosystème local. Pour explorer ces variantes et approfondir vos connaissances sur ce sujet, vous pouvez consulter l'album dédié qui documente de façon non exhaustive, bien entendu, ces diverses observations.
 



 

  En guise de résumé et de conclusion.

 
Le pouvoir de communication des fèces réside dans les signaux chimiques qu'elles contiennent.
Odeurs : la forte odeur musquée des fèces de renard est une signature olfactive qui persiste dans l'environnement. Ces odeurs sont produites par des glandes anales et des fluides corporels qui sont déposés sur les fèces. Elles transmettent des informations sur l'identité de l'individu, son sexe et son état de santé.
Phéromones : les phéromones sont des substances chimiques spécifiques qui déclenchent une réaction ou un comportement particulier chez un autre individu de la même espèce. Dans le contexte du marquage territorial, les phéromones dans l'urine et les fèces peuvent indiquer les dispositions sexuelles d'un renard, en particulier pendant la période de reproduction. Un mâle peut ainsi signaler sa disponibilité à une femelle, et inversement.
En somme, le décorticage des fèces du Renard roux fournit des données sur son alimentation et sa santé, mais l'analyse de leur emplacement et de leur composition chimique (qui n'est pas à la portée du naturaliste lambda) peut mettre en évidence un système de communication olfactive sophistiqué. Les odeurs et les phéromones agissent comme un langage non verbal, permettant aux renards de gérer leurs territoires, d'éviter les conflits et de trouver des partenaires, le tout sans confrontation directe.


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