Vautours - Vautours fauve - Pyrénées - Élevage Moutons - Prédation - Attaque de Troupeaux -

 

Date de parution mai 2025.
 

Attaque de Vautours

  La vérité sur

 de possibles actes de prédation *.


* Prédation : au sens propre du mot, la prédation consiste à capturer une proie vivante la mettre à mort et la consommer.

 

Les vautours Vautours fauves Gyps fulvus  s'attaquent-ils vraiment au bétail laissé sans surveillance ?

 


Les médias, dans leur quête de sensationnalisme, ont souvent tendance à dépeindre les vautours comme de redoutables prédateurs. Ces oiseaux nécrophages, au lieu d'être perçus comme des agents écologiques essentiels, sont victimes d'une stigmatisation qui remonte à des siècles. Cette représentation négative est alimentée par des récits ancrés dans la culture populaire et des mythes associés à la mort et à la décadence. Pourtant, en tant que naturaliste de terrain, je peux attester de l'importance cruciale des vautours dans l'écosystème.
Leurs rôles sont multiples : ils contribuent à l'élimination des cadavres d'animaux, empêchant ainsi la propagation d'agents infectieux. En outre, ils participent à un équilibre naturel qui, sans eux, serait gravement perturbé. La perception des vautours a pourtant évolué. Autrefois célébrés et respectés dans de nombreuses cultures anciennes, notamment dans la mythologie égyptienne, ces oiseaux se retrouvent aujourd'hui dans le collimateur des éleveurs, souvent en raison de malentendus sur leur comportement.
Le changement de statut des vautours peut être partiellement attribué aux influences religieuses et aux croyances populaires qui ont façonné notre vision du monde naturel. Des animaux tels que l'ours, le loup, le corbeau, et tant d'autres, partagent un destin similaire, passant quelquefois de figures mythologiques respectées à celles de prédateurs sanguinaires.
Michel Pastoureau, dans son ouvrage « L'Ours : histoire d'un roi déchu », démontre bien comment les perceptions peuvent changer au fil des siècles, souvent influencées par des éléments extérieurs tels que la religion et la peur.
Il est intéressant de noter qu'au cours d'un séjour dans une ferme des Pyrénées, j'ai été le témoin d'une scène pour le moins surprenante que je vous propose de découvrir en fin d'article.


Place des vautours et autres rapaces dans la mythologie.


 L'apparition du phénomène religieux dans l'Anatolie néolithique : les données de Çatal Höyük [article]

 
- Mythologie Euphrate et du Tigre
Les plus anciennes représentations de vautours connues se trouvent dans l'actuelle Turquie. On retrouve ainsi des représentations sur un pilier, ainsi que des figurines en calcaire à Göbelki Tepe, datées d'environ - 9 000 ans. Plus à l'ouest, les fouilles à Çatal Höyük ont mis au jour des fresques datées d'environ - 6 000 ans. Les vautours ont du jouer un rôle dans l'univers symbolique des habitants néolithiques du bassin supérieur de l'Euphrate et du Tigre à cette époque
 
- Mythologie Mésopotamie
À Tell Brak (Syrie) ont été retrouvé un nombre significatif d'empreintes de sceaux qui datent de 4200 à 3600 av. J.-C. où sont représentés des vautours. Dans le contexte d'expansion des villes de Mésopotamie au cours du Chalcolithique tardif, l'hypothèse que le vautour puisse avoir été lié au traitement des ordures semble plausible. Les charognes et les déchets mangés et traités par les vautours ont peut-être poussé les habitants de l'époque à considérer ces rapaces comme une bénédiction.
 
- Mythologie égyptienne
Dans la mythologie égyptienne, plusieurs divinités peuvent prendre leurs traits. La plus importante est Nekhbet symbole de la Haute-Égypte, protectrice de pharaon et des naissances. Mout symbolise aussi les valeurs maternelles. Nout est aussi parfois représentée sous les traits d'un vautour. Enfin, le vautour percnoptère n'est pas rattaché à une déité en particulier, mais symbolise le pharaon et possède un hiéroglyphe à son image.
 
- Mythologie gréco-romaine
Dans la mythologie gréco-romaine, les vautours (tout comme les aigles) apparaissent comme des messagers de Zeus. Ils sont parfois l'instrument de sa colère, lorsqu'ils dévorent le foie Prométhée ou de Tityos pour les punir. Ou changent carrément les jeunes Neophron et Aegypius en vautour pour avoir profané son temple. A l'inverse ils apparaissent comme de bons auspices pour Romulus et Remus, Remus le premier aperçoit six vautours, mais Romulus finit par en observer douze, il s'ensuit une dispute pour savoir qui de celui qui en a vu le premier ou en a vu le plus à remporté la faveur des dieux.
 
- Mythologie hindoue
Dans la mythologie hindoue, des vautours apparaissent dans le Râmâyana. Ce récit raconte la vie du prince Rāma et son combat contre le roi démon Rāvana. Alors que ce dernier parvient à enlever la femme de Rāma, Sîtâ, le vieux vautour Jâtayu tente de s'interposer. Après des négociations infructueuses, il se lance dans un combat qu'il sait perdu d'avance et en ressort mortellement blessé. Il meurt après que son frère Sampâti ait eu le temps d'aller prévenir Rama, a qui il peut révéler la destination du roi démon, ce qui permet ensuite à Rāma de sauver son épouse. La plus grande statue d'oiseau au monde commémore cet évènement au Jatayu Earth's Center dans le Parc naturel à Chadayamangalam en Inde.
 
- Mythologie chinoise
Dans la mythologie chinoise, on trouve la légende du Pays des oiseaux de l’empereur Shaohao, alors présenté comme un vautour divin fonde un royaume d’oiseaux au-delà de la mer orientale, chaque espèce ayant une fonction dans la société, le vautour en étant leur roi.

- Mythologie aztèque
Dans l'astrologie aztèque, le vautour est le seizième signe du zodiaque. Il est réputé être de bonne fortune.  Au vu des sculptures présentes à El Tajin, certains ont avancé qu'il existait à El Tajin un culte de vautour lié à des sacrifices humains. Il existe également des indications selon lesquelles cette association entre les vautours et le sacrifice rituel aurait pu être plus répandue parmi les cultures anciennes des régions mésoaméricaines et andines centrales.
 
- Mythologie Inca
Dans la culture Inca les vautours sont l’intermédiaire entre le monde des vivants et le divin. On trouve ainsi un temple du condor au Machu Picchu, ou un géoglyphe de 134 m de long de Condor à Nazca. Les condors et les vautours sont des oiseaux hautement symboliques et constituent un thème fréquent dans l’art Moche. Située à Cotabambas, cette sculpture représente la fête du yawar.
 
- Mythologie  Amérique du Sud.
En Amérique du Sud le Condor des Andes remplace la figure de l’aigle impérial européen. L'image du condor se retrouve sur les différentes armoiries des pays andins comme sur celles de la Bolivie où le condor, oiseau national de la Bolivie et situé au-dessus des armes, symbolise l'horizon sans limite du pays ; sur celles du Chili où il représente la force ; sur celles de la Colombie où il est à la fois emblème national et synonyme de liberté ; sur celles de l'Équateur où il représente le pouvoir, la grandeur et la valeur du peuple équatorien ; et enfin sur les anciennes armoiries du Pérou (1821-1825) où, associé au lama, ils symbolisaient ensemble le règne animal.
 
- Mythologie Pérou.
Au Pérou il existe la Fête du Yawar, dans la semaine qui suit la fête nationale du 28 juillet. Cette fête met en scène un combat symbolique entre un condor, symbole des Indiens andins et oiseau-roi de la cordillère des Andes, contre un taureau qui symbolise quant à lui l'espagnol et le conquistador. Dans une arène, un condor est attaché au dos d'un taureau. Le grand oiseau tente de se libérer en assénant au taureau de violents coups de bec. La plupart du temps le taureau sera vaincu et la victoire du condor qu'on libère, donnera l'occasion de poursuivre les festivités. Si le condor est gravement blessé et meurt comme cela peut arriver, la croyance locale veut que le malheur va s'abattre sur le village.


Les rites funéraires actuels en lien avec les vautours

 
L'inhumation ou funérailles célestes  pratiquée actuellement.
 
 Au Tibet : Les cadavres (humains) sont découpés par le rogyapa, puis mélangés à de la farine d'orge, du thé et du lait de yak, avant d'être donnés aux vautours 🔺 [photos] [photos
Les familles ne disposant que de peu de moyens financiers ne font pas appel au rogyapa mais offrent simplement le corps de leur défunt aux vautours sur un point élevé.
 
 En Inde : les cadavres sont exposés sur des tours du silence et abandonnés aux vautours et autres oiseaux nécrophages.
 

Le rôle des vautours.



Les vautours, bien que souvent perçus comme des prédateurs redoutables, adoptent une stratégie alimentaire principalement nécrophage.
Selon les spécialistes de l'ornithologie, ces rapaces ne s'attaquent généralement pas à des animaux sains.
Dans des circonstances exceptionnelles, comme lors de vêlages difficiles où les jeunes animaux peuvent être affaiblis, il a été observé des comportements atypiques qui pourraient amener ces oiseaux à exploiter une proie vulnérable.
Toutefois, cette observation ne remet pas en cause la nature spécifique de l'alimentation des vautours.
L'anatomie de ces oiseaux est un facteur déterminant dans leur comportement alimentaire. Contrairement aux aigles et autres prédateurs qui possèdent des serres acérées adaptées à la capture et à la mise à mort de proies vivantes, les vautours disposent de pattes morphologiquement proches de celles des gallinacés, ce qui limite leurs capacités à saisir ou à tuer des animaux en bonne santé. Cette adaptation morphologique renforce leur rôle écologique d’équarrisseurs de carcasses, contribuant ainsi à la "bonne santé" de la nature en évitant la putréfaction des cadavres pouvant entraîner une pollution des sols et/ou des eaux par ruissellement ou infiltration.
En somme, les vautours remplissent une fonction essentielle dans les écosystèmes, favorisant un équilibre naturel. Leur spécialisation en tant que nécrophages souligne l'importance de leur conservation, car leur disparition pourrait avoir des conséquences néfastes sur la santé des écosystèmes dans lesquels ils évoluent. 
Les vautours équarrisseurs en France [article lien]

La disparition et la réintroduction des vautours. 




Disparition des vautours.


 

Le Vautour fauve  Gyps fulvus et le Vautour moine Aegypius monachus sont deux espèces emblématiques de la faune aviaire française qui ont subi un déclin dramatique au XXe siècle.
Ce déclin est principalement attribué à des facteurs anthropogéniques tels que l'usage de poisons dans l’agriculture, les tirs illégaux ainsi que la mise en œuvre de mesures sanitaires imposant l’équarrissage obligatoire des cadavres de bétail. Ces pratiques nocives ont conduit à l'extinction du Vautour fauve dans les Alpes et les Alpilles au XIXe siècle, avec une disparition définitive du Massif Central en 1946, ne laissant qu'une petite colonie dans les Pyrénées dans les années 1960.
De manière similaire, le Vautour moine a connu une dynamique de déclin parallèle, sa dernière observation en France remontant à 1906 dans les Pyrénées. Cette espèce, qui s’était reproduite dans des zones allant de Provence aux Pyrénées en passant par le sud du Massif Central, a longtemps été victime des mêmes persécutions que le Vautour fauve. Toutefois, les mesures de conservation spécifiques pour le Vautour moine ont été mises en place plus tardivement, rendant dès lors leur efficacité variable.
Un artiste qui fusille les modèles [article lien]

Réintroduction des vautours.



Face à cette situation préoccupante, des mesures de protection ont été instaurées au fil des décennies. L’établissement de réserves naturelles et de sites de nourrissage, la mise en place de statuts juridiques de protection en 1962, ainsi que des programmes de réintroduction, ont permis un renouveau de l'espèce. Les efforts concertés pour restaurer son habitat naturel et garantir un approvisionnement alimentaire sûr ont favorisé sa prospérité dans plusieurs régions. 
Réintroduction du vautour fauve dans les Grands Causses et renforcement de population du vautour percnoptère [article lien]
 

Les vautours et l'élevage des animaux de rente.



Depuis 1993, l'interaction entre le Vautour fauve (Gyps fulvus) et les élevages domestiques a suscité des préoccupations croissantes parmi les éleveurs en France. Ce phénomène est particulièrement notable entre 2005 et 2009, période durant laquelle la fermeture des charniers industriels espagnols, autrefois source de cadavres pour ces oiseaux, a conduit à une augmentation des plaintes. Depuis lors, le nombre de déclarations s'est stabilisé autour de 60 à 70 par an.
Pour évaluer l'impact du Vautour fauve sur la mortalité du bétail, des campagnes d'expertises vétérinaires ont été mises en place, notamment dans les Pyrénées et les Grands Causses. Sur 170 cas examinés, 65 (37 %) ont révélé une intervention ante mortem du vautour. Notamment, dans 84 % de ces situations, l'animal était déjà en détresse ou condamné, souffrant de blessures, de complications post-partum ou de maladies. Ces circonstances ont conduit à un opportunisme alimentaire de la part des vautours, qui se sont nourris de proies vulnérables.
Il est important de souligner que ce comportement, bien que rare, ne doit pas être interprété comme une stratégie de prédation. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette situation : la compétition intraspécifique, le stress alimentaire, ou encore les évolutions dans les pratiques d'élevage, telles que l'utilisation de races moins rustiques et la diminution de la surveillance des troupeaux.
Actuellement, on peut estimer qu'environ vingt cas d'interactions ante mortem se produisent chaque année en France. Bien qu'il soit crucial de prendre en considération l'impact de ces incidents sur les exploitations concernées, l'espèce ne peut pas être considérée comme un facteur significatif de détérioration économique. Néanmoins, la couverture médiatique de ces problèmes, souvent erronée, peut nuire à la relation entre éleveurs et vautours, soulignant ainsi la nécessité d'une communication scientifique rigoureuse. 
Plan national d'actions Vautour fauve et Activités d'élevage 2016-2025 [article lien]
 

La recherche de nourriture chez les vautours.



La recherche de nourriture chez le Vautour fauve Gyps fulvus est un processus fascinant et complexe, illustrant l'intelligence collective et l'adaptabilité de ces rapaces. Ces oiseaux socialement organisés se déplacent en groupes lâches sur de longues distances, utilisant principalement leur vue exceptionnelle, tandis que l'odorat ne joue aucun rôle dans la détection des carcasses.
Au cours de cette quête alimentaire, un groupe de vautours s'envole, formant une direction commune avant de se disperser progressivement. Chaque individu reste attentif aux mouvements de ses congénères ainsi qu'à ceux d'autres espèces opportunistes, telles que les corvidés. Lorsqu'un vautour découvre un cadavre, il signale cette précieuse trouvaille par une descente rapide, incitant ses compagnons à le rejoindre. Si le site semble sûr, la colonie se regroupe rapidement autour de la carcasse pour débuter la curée.
La recherche de nourriture est fortement influencée par les conditions météorologiques. Le Vautour fauve peut patienter longtemps pour optimiser ses efforts de vol, tirant profit des courants thermiques grâce à son adaptation au vol à voile, lui permettant ainsi de parcourir plusieurs centaines de kilomètres en une journée.

La curée

 
la curée, un moment qui peut durer de quelques minutes à plusieurs heures. À l’issue de cette phase, il ne reste souvent que des restes, tels que le squelette et la peau.
Le Vautour fauve a besoin d'une ration quotidienne estimée à 500 grammes, mais sa capacité à ingérer plus d'un kilogramme en une seule fois lui permet de constituer des réserves dans son jabot et sa graisse. Ce mode de vie lui permet de jeûner pendant plusieurs jours si nécessaire.  
 

Voici en images ce qui reste d'une brebis après le passage des Vautours fauves.

 
Avant :
 

Après :
 

 
 
  



 


Des observations surprenantes.


Le contact entre la brebis et le vautour ne semble pas particulièrement apaisé me semble-t-il

 

Observations de vautours fauves en présence de troupeaux domestiques


L’observation des Vautours fauves Gyps fulvus dans leur habitat naturel, notamment en milieu pastoral, soulève des questions fascinantes concernant leur comportement et leur interaction avec les animaux domestiques.
Les événements rapportés, se déroulant dans une ferme pyrénéenne où je séjournais, mettent en lumière une scène atypique, où deux Vautours fauves se sont approchés, anormalement, d’un troupeau de brebis.
Traditionnellement, les vautours sont considérés comme des charognards, se nourrissant principalement de carcasses d'animaux morts. Leur rôle dans l’écosystème est crucial, car ils contribuent à l'équarrissage naturel des cadavres et à la bonne santé des pâtures . Lorsqu’un vautour s'approche d'un animal vivant, cela peut être interprété comme un comportement anormal, voire agressif. Dans ce cas précis, l'interaction entre le vautour et la brebis présente plusieurs éléments notables.
En observant les photographies, nous voyons que la posture du vautour, avec le bec dirigé vers la brebis, peut sembler menaçante. Toutefois, il est nécessaire de noter que les vautours utilisent souvent des signaux corporels pour évaluer la réaction de leurs proies potentielles.
Le fait que la brebis réagisse en avançant, crâne en avant, vers le vautour, malgré sa position dominatrice, peut indiquer un manque de peur ou une curiosité vis-à-vis de cet oiseau imposant.
Il est également pertinent de souligner que les comportements d’alimentation des vautours peuvent varier selon les régions et les circonstances. Il n'est pas inhabituel que ces oiseaux établissent un contact visuel avec des proies vivantes, surtout si une opportunité alimentaire se présente, comme un animal affaibli.
Cependant, la scène que j'ai observée, semble davantage être une interaction exploratoire qu’une tentative d’attaque.
En conclusion, bien que l'attitude agressive du vautour puisse sembler surprenante et contraire à son comportement typique de charognard, elle pourrait représenter une adaptation contextuelle face à une occasion imprévue.
Je suis assez fier de cette observation très rare qui  enrichit notre compréhension des interactions entre espèces et souligne l'importance de continuer à étudier ces comportements pour mieux appréhender les dynamiques écologiques en milieu rural. 
 
 

Le reportage photographique.

 
Plusieurs incidents regrettables m'obligent une nouvelle fois à rappeler que :  La publication ou la diffusion d'une photographie sans autorisation constitue une violation des droits d'auteur, englobant à la fois le droit moral et les droits patrimoniaux. Il est crucial, pour toute personne souhaitant utiliser une image qu'elle n'a pas créée, de solliciter l'autorisation explicite du photographe. De plus, la mention du nom de l'auteur à proximité de l'image est non seulement une exigence légale, mais également un respect des droits moraux de l'artiste. En négligeant ces obligations, le diffuseur s'expose à des demandes de dédommagement ou à des poursuites judiciaires.
 


Le reportage  est consultable en utilisant ce lien
 


👍 Lecture conseillée :

Les Rapaces Diurnes et Nocturnes d'Europe Paul Géroudet


Pour terminer je vous propose un texte datant de 1851

l'Annotateur Cantalien  La Chasse aux Vautours. jeudi 12 mai 1851
 
Nous empruntons à un charmant volume sur les Eaux Bonnes, un curieux récit d’une chasse aux vautours dans les Pyrénées : « En monsieur, cette semaine, nous aborda sur le chemin. On avait parlé dans le village d’une chasse au vautour. Ce n’est pas précisément au milieu de la plaine St-Denis qu’on tire ce gibier-là; pour des parisiens, cela devait être d’un certain attrait, et vous jugez si nous étions désireux d’assister à ce spectacle. Le chasseur de vautours l’avait appris, c’était lui-même qui nous accostait. Il s’estimait heureux d’être agréable à mademoiselle Bonheur dont il appréciait le talent, et gardait l’arrière-pensée que la chose ne resterait pas sans profil pour l’art. Il y a quelque orgueil, en effet, à songer qu’on est pour un peu dans une belle œuvre, et cette petite gloire, notre monsieur avouait sans fausse honte qu’il l’ambitionnait. « L’invitation fut donc faite pour le premier jour où les nuages permettraient de découvrir les sommets élevés. C’est la condition indispensable de la chasse au vautour. On attire ces oiseaux de proie avec un mouton fraîchement éventré , et, pour que les émanations de la viande puissent aller au loin réveiller leur appétit, il importe que le temps soit clair; dans le brouillard, les arômes se concentrent, les nuages les empêchent de se propager comme il convient. « Ce jour arrivé, et les chevaux préparés, on se mit en devoir de gravir la montagne. Deux guides, envoyés à l'avance, nous avaient précédés au sommet choisi, ils avaient déjà disposé le mouton sur un petit monticule qui formait comme une sorte de piédestal. Notre caravane ne laissait pas que d’être nombreuse, les dames s’y trouvaient en majorité, on nous recommanda le silence; et nous allâmes nous poster derrière des anfractuosités de rochers à plus d’une portée de fusil ordinaire de l’endroit où le mouton gisait, le ventre ouvert. Les guides dispersèrent ses entrailles au vent, puis se retirèrent également. — Alors nous attendîmes. « Bientôt de petites corneilles au col gris, attirées par le fumet de la bête morte, s’abattirent à quelques pas de la brebis. Inquiètes et défiantes, elles voletaient à l'entour, s’approchaient et se reculaient, sautillant à la façon des pies. Elles semblaient aussi consulter et se demander s’il n’y avait pas là quelque piège. Néanmoins pareil festin était bien tentant. On nous avait avertis, et nous quittâmes un instant les corneilles pour jeter les yeux dans les profondeurs du ciel. Vingt minutes ne s’étaient pas écoulées que du bout de l'horizon , à droite et à gauche, vers le nord, des points noirs nous apparurent. En moins de rien, ils grandirent et présentèrent des formes distinctes. C’étaient les vautours. Nous en comptâmes cinq, puis sept, puis dix. La chasse réussissait, elle promettait d’être admirable. Mais combien ne doit pas être subtil l’odorat de ces oiseaux, pour qu’à des distances aussi considérables des arômes, que nos sens ne percevaient point à quelques pas, pussent leur parvenir !  Ils étaient à trente ou quarante pieds au-dessus de la brebis planant et tournoyant dans le même cercle , leur col pelé tendu , le bec ouvert et les serres crispées, tout prêts à la curée. Ainsi vus en grand nombre, les vautours sont des animaux qui impriment la terreur; il y a du désordre dans leurs plumes ; on croit comprendre qu’ils arrivent du carnage, rien de hideux comme la tête chauve de ces bandits de l’air, audacieux profanateurs de la mort; on se demande quelle lutte est possible avec de pareils géants. Si j’avais eu un fusil, je ne sais si j’aurais osé lâcher contre eux la détente. Nous entendions craquer les membrures nerveuses de ces ailes qui se livrent à la tempête, et bruire la corne de leur bec qu’ils aiguisaient sans doute.  Cependant les petites corneilles , que la gourmandise poussait fort, étaient épiées de là haut. Sans le savoir elles devaient servir de bouc émissaire.  La plus hardie n’eut pas plutôt sauté sur la laine du mouton, se redressant, se rengorgeant coquettement, la tête de ci, de là , et donné le premier coup de bec dans la chair rouge, que les vautours crurent comprendre qu’il n’y avait là-dessous aucun maléfice. L’un d’eux s’abattit, et d’un coup d’aile envoya rouler au loin la misérable corneille si osée que de venir s’asseoir à des festins de vautours. Tous les autres tombèrent ensuite lourdement , et le mouton disparut sous l’ombre de ces deux voraces. La surface que présentait la bête n’était pas grande, cependant chacun eut place pour sa serre. Ce fut alors une confusion de plumes mouvantes d’où sortaient, tout grouillants, rouges de sang, et des lambeaux de chair au bec, des cous décharnés qui s’y renfonçaient aussitôt à grands efforts d’épaules. On n’avait garde de mordre son voisin, c’eût été un coup de bec perdu ; on se bousculait avec les ailes ouvertes, mais nul ne lâchait prise. Ah ! les vautours dînent d’un furieux appétit ! Nous regardions, épouvantés, cette effroyable gloutonnerie. Les petites corneilles, désappointées, demeuraient immobiles, juchées sur leurs pattes à une distance respectable. Évidemment elles n’avaient qu’une pensée,  éclairée, il est vrai, d’une bien faible lueur d’espoir :  Nous en restera-t-il ? non, ils ne nous en laisseront pas ! » semblaient dire ces pauvres petits becs.  Déjà notre chasseur apprêtait son fusil,  il jugeait que le repas tirait vers sa fin, et ne voulait pas, en différant trop longtemps, compromettre un si beau coup. Son fusil, d’une longue portée, était chargé tout exprès avec de petites boîtes d’artillerie ; il était sûr de son arme et ne pouvait manquer, dans la masse où il visait, d’abattre quatre ou cinq vautours au moins ! Il faisait ses largesses par avance, il en promettait un à mademoiselle Bonheur, à qui il disait encore : Regardez bien le mouvement des épaules, emmanchement du cou, car je vais tirer.... Quand survint un dernier convive sur lequel on ne comptait pas. Il suspendit un instant l’attention , et ce fut un grand malheur. Il était beau cependant, et d'un aspect formidable. Ce devait être le Nestor des vautours. Le souffle du vent, sans doute, avait mis plus longtemps à lui porter l’odorante invitation. Il arrivait de loin l’aile lassée, et paraissait irrité qu’on ne l’eût point attendu. Il était grand et décharné comme un vieillard ; on eût dit qu’il sortait du cabinet d’un naturaliste visité par les mites, tant sa plume se montrait rare et délabrée. Son envergure dépassait de beaucoup celle de nos premiers banqueteurs à la besogne, elle pouvait mesurer quinze ou dix-huit pieds, et lorsqu’il passa sur nos têtes, nous sentîmes le vent de son aile. Nous regardâmes, et le chasseur attendit que le grondeur retardataire se fût fait place en s’abattant, sans plus de cérémonie, au grand milieu de la curée. Je l’ai dit, ce fût là le malheur. Un des gardes avait un fusil de chasse ordinaire : il eu  la malencontreuse idée d’accomplir une prouesse ; il lâcha l’un après l’autre ses deux coups qui ne pouvaient porter, et qui n’eurent d’autre résultat que de faire envoler à grand bruit et pour toujours les onze vautours,   Il fallut retourner comme nous étions venus. Néanmoins nous allâmes donner un coup d’œil au mouton déchiqueté. C’était une chose fort curieuse. Les vautours avec le tranchant de leur bec, avaient si bien disséqué certaines parties de la carcasse, que des os de poulet sucés par une petite maîtresse n’offrent pas une surface plus nette et plus blanche. ‘ « Tel fut le résultat de cette chasse aux vautours.
 
 
👉 NDLR : Vous voudrez bien noter l'intensité dramatique du texte !
L'auteur de ce texte fait preuve d'une totale méconnaissance des capacités olfactives des vautours, ils sont bien entendus incapables de détecter les cadavres d'animaux à l'aide de leur faible odorat.
Qui est Mademoiselle Bonheur citée dans le texte ? S'agit-il de Rosa Bonheur ?
 
 
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